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Otages de Boko Haram: le renseignement au coeur du soutien international

Otages de Boko Haram: le renseignement au coeur du soutien international

Le soutien international offert au Nigeria pour tenter de retrouver les 223 adolescentes, notamment par Washington et Paris qui disposent de moyens militaires dans la région, se concentre sur un partage de renseignements et l'envoi de conseillers.

Trois semaines après avoir été kidnappées par Boko Haram, le sort de ces jeunes lycéennes a subitement ému le monde quand le chef du groupe islamiste, Abubakar Shekau, a annoncé qu'elles seraient "vendues" et "mariées" de force.

Dans un seul élan, le président américain Barack Obama a annoncé l'envoi d'une équipe d'experts, son homologue François Hollande que la France ferait "tout pour aider" à les retrouver en envoyant sur place une "équipe spécialisée", tout comme le Royaume-Uni qui va envoyer une équipe de conseillers.

Pékin a également offert à Abuja de communiquer "toute information utile acquise par ses satellites et services de renseignement", a fait savoir le président nigérian Goodluck Jonathan à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre chinois Li Keqiang.

Les capitales occidentales restent discrètes sur le type de soutien que recouvre l'envoi de ces conseillers. Washington va envoyer dans les prochains jours une équipe composée de "moins de 10 militaires" et de membres du département de la Justice et du FBI pour "évaluer (la situation) et conseiller" les autorités nigérianes, a annoncé le Pentagone.

Il s'agit d'experts en "communications, en logistique et en renseignements", selon le colonel Steven Warren, un porte-parole du Pentagone.

Le Pentagone, qui dispose comme les Français de drones d'observation Reaper basés à Niamey (Niger), se refuse à préciser si ceux-ci seront utilisés pour tenter de repérer les jeunes filles ou leurs ravisseurs. "Nous discutons avec le gouvernement nigérian de tout type de partage de renseignement sur lequel nous pouvons nous mettre d'accord", a confié le colonel Warren.

"Par le passé, les Nigérians ont été réticents à accepter notre assistance, particulièrement dans le domaine de la sécurité", met en garde John Campbell, ancien ambassadeur américain au Nigeria. Résultat, la coopération militaire avec le Nigeria est très limitée, reconnaît-on au Pentagone.

Les moyens technologiques américains d'imagerie et d'écoutes pourraient être mis à contribution, estime pour sa part Brian Jenkins, ancien Bérêt vert qui a joué un rôle de conseil dans des situations de prises d'otages, aujourd'hui expert à la Rand Corporation.

"Les Etats-Unis pourraient aussi conseiller le Nigeria s'il essayait de négocier avec les ravisseurs, tout comme la France et la Grande-Bretagne qui ont l'expérience des prises d'otages", explique-t-il à l'AFP.

Les Britanniques sont peu diserts sur leur soutien. Tout juste sait-on que les conseillers dépêchés au Nigeria agiront "dans le domaine de la coordination des opérations et le conseil aux autorités locales", selon un porte-parole de Downing Street.

Le président nigérian affirme de son côté avoir reçu de Londres "la promesse du déploiement de capacités d'imagerie satellitaire britanniques et d'autres technologies avancées de repérage".

Quant à la France, outre ses deux drones Reaper à Niamey, "elle dispose de forces spéciales au Mali et au Burkina Faso" ainsi que d'appareils de surveillance Atlantique-2 dotés de moyens d'écoutes électroniques, rappelle Pierre Servent, spécialiste des questions de défense.

Le soutien français est selon lui un "renvoi d'ascenseur" de Paris après le soutien d'Abuja dans la résolution en 2013 des prises d'otage de la famille Moulin-Fournier et du père Georges Vandenbeusch, enlevés au Cameroun par Boko Haram.

"En outre les forces français sont présentes dans les pays voisins comme le Tchad, le Niger, le Bénin", observe Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) pour qui "c'est une zone que nous connaissons bien et où nos services sont actifs".

Mais les capitales occidentales l'assurent: il n'est pas question à ce stade d'une intervention militaire sur le terrain pour secourir les lycéennes si jamais elles devaient être retrouvées.

"Il ne s'agit pas de sauver un capitaine et son équipage sur un navire dans l'océan Indien, les gens regardent trop de films", ironise Brian Jenkins. L'idée avancée par certains élus américains qu'il n'y aurait qu'à "envoyer quelques commandos pour ramener ces jeunes filles" est selon lui ridicule et "l'histoire montre que cela risque d'être un longue affaire".

bur-mra/jca

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