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Les négociations sur le Soudan du Sud reprennent à Addis Abeba

Les négociations sur le Soudan du Sud reprennent à Addis Abeba

Les pourparlers entre belligérants du conflit qui ravage le Soudan du Sud ont repris lundi à Addis, tandis que la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay, chargée d'enquêter sur les massacres accompagnant les combats est arrivée lundi à Juba.

"La deuxième phase des pourparlers de paix sud-soudanais, centrés sur le dialogue politique pour la réconciliation nationale (...) a repris à Addis Abeba" lundi a annoncé l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), organisation sous-régionale est-africaine qui assure la médiation.

Un porte-parole de l'Igad à Nairobi a confirmé à l'AFP que les délégations du gouvernement sud-soudanais du président Salva Kiir et celle de la rébellion menée par son ancien vice-président Riek Machar s'étaient rencontrées lundi, en présence des médiateurs.

Aucun détail n'a été obtenu sur la teneur des discussions.

Ce deuxième cycle de négociations, ouvert mi-février et qui n'a connu jusqu'ici aucune avancée, avait été suspendu une première fois début mars. Rouvert fin mars, il avait à nouveau été suspendu une dizaine de jours plus tard, après s'être réduit à des querelles entre délégations, dans des hôtels de luxe de la capitale éthiopienne, sur les modalités des discussions.

Le premier cycle de discussions à Addis Abeba avait péniblement accouché le 23 janvier d'un accord de cessez-le-feu qui n'a jamais été respecté. Combats et exactions, qui ont fait plusieurs milliers de morts et chassé plus d'un million de Sud-Soudanais de chez eux, se poursuivent.

Les observateurs doutent de la réalité de l'engagement des deux parties à trouver une issue politique au conflit dans la capitale éthiopienne.

Les belligérants veulent trouver une solution "de manière militaire et (...) par la négociation intra-soudanaise, mais pas à Addis. Ils veulent faire à leur manière" et refusent de se voir dicter quoi que ce soit de l'extérieur, a récemment expliqué un diplomate en poste à Juba.

Moins de trois ans après son indépendance, proclamée en juillet 2011, le Soudan du Sud - né sur les décombres d'un des plus longs conflits africains, qui a opposé entre 1983 et 2005 Khartoum à la rébellion sudiste désormais au pouvoir à Juba - a depuis mi-décembre à nouveau sombré dans la guerre.

Les combats entre troupes fidèles au président Kiir et celles loyales à Riek Machar, sur fond de rivalités au sein du régime, s'accompagnent de massacres entre Dinka et Nuer, les deux principales communautés du pays, dont sont issus respectivement les deux hommes et que divisent de vieux antagonismes plongeant pour partie leurs racines dans la guerre contre Khartoum.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a menacé le 24 avril de sanctions ciblées les responsables des deux camps, après l'attaque mi-avril à Bor (est) d'une base de l'ONU abritant des milliers de réfugiés dont une cinquantaine ont été tués, puis le massacre de plusieurs centaines de civils à Bentiu (nord), attribué par l'ONU aux forces pro-Machar ayant repris la localité.

Dans une intervention d'une rare virulence, le Conseil a dénoncé "le ciblage systématique des civils sur une base ethnique" et appelé les responsables des deux camps à "faire cesser les violences" contre les civils et faire rendre des comptes aux coupables.

Chargée par le Conseil de sécurité d'enquêter sur les récentes atrocités, attribuées aux deux camps, Mme Pillay, est arrivée lundi à Juba pour une visite de deux jours.

Accompagnée d'Adama Dieng, conseiller spécial sur la prévention du génocide auprès du secrétaire général de l'ONU, elle devait rencontrer le président Kiir et de hauts responsables dans la capitale sud-soudanaise, avant de se rendre mardi à l'intérieur du pays, notamment dans une zone tenue par les forces de M. Machar.

Lundi, Médecins sans Frontières (MSF) a dénoncé des "actes de violence indicibles" à Bentiu et une "tendance inquiétante à l'escalade de la violence et de la brutalité dans le pays". Selon MSF au moins 33 personnes ont été exécutées à l'hôpital de Bentiu par les forces rebelles. L'ONU avait de son côté évoqué le massacre de 200 personnes par ces mêmes rebelles dans une mosquée de la localité.

"La violence au Soudan du Sud a pris un tour particulièrement affreux, dépouillant les gens de leur plus élémentaire dignité", a déploré le chef de mission de MSF dans le pays, Raphael Gorgeu.

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