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Bienvenue dans la "république verticale" de Donetsk

Bienvenue dans la "république verticale" de Donetsk

Ils évoquent un "référendum pour l'indépendance", pavoisent les murs aux couleurs de leur "république populaire", mais à Donetsk les activistes pro-russes sont concentrés dans les 11 étages du bâtiment de l'administration régionale qu'ils occupent depuis le 6 avril.

Ailleurs, la vie suit son cours normal pour le million d'habitants de la capitale industrielle de l'est de l'Ukraine, qui vaquent à leurs occupations sous un chaud soleil de printemps.

Les accès à ce long bâtiment administratif planté sur une esplanade et transformé en camp retranché sont gardés par une escouade hétéroclite de jeunes gens nerveux portant cagoules et matraques improvisées, de costauds aux cheveux courts, de vétérans en treillis boudinés dans de fins gilets pare-éclats.

Une enceinte a été construite autour de l'entrée avec des sacs de ciment, des pavés, des morceaux de carrosseries de voitures et des rangées de pneus enfilés sur des piquets, par endroits surmontés de barbelés. Une affiche clame "Fuck you EU and USA" ("UE et USA, allez vous faire voir"), une autre assimile le trident, emblème national de l'Ukraine, à une croix gammée.

"Il y a un vrai danger" affirme l'un des chefs, qui sous sa cagoule noire n'accepte de révéler que son prénom, Alexandr. "Les fascistes de Kiev peuvent attaquer à tout moment. Nous sommes là 24 heures sur 24, pour protéger. Nous sommes pacifistes, mais s'ils viennent avec des armes, nous saurons quoi faire..."

Il refuse de révéler ce qui se passe sous la grande tente kaki derrière lui: "secret militaire..."

Une chicane de pneus et de sacs de sable a été installée dans l'entrée de l'immeuble, pour permettre la fouille des sacs et le contrôle des badges. Une infirmerie de fortune a été installée dans un coin, près d'un portrait du Che Guevara et d'une affiche "No pasaran !"

L'électricité fonctionne mais les ascenseurs ont été condamnés "pour raisons de sécurité", explique à l'AFP Vitali Ivanov, l'un des porte-paroles des rebelles, installé dans un grand bureau au 7ème. Des gardes, parfois à peine sortis de l'adolescence, sont postés sur les paliers et contrôlent les accès. Entre les 2ème et 3ème étages des portes métalliques ont été soudées à la hâte, fixées aux murs par des fers à béton.

Par endroits les meubles, ordinateurs et photocopieuses ont été sortis des bureaux et entassés dans les couloirs pour libérer de la place et installer des dortoirs. Des cantines improvisées, avec tables remplies de victuailles et préposés aux sandwichs, ont été installées dans certaines pièces. Les rares poubelles débordent, des sacs de détritus sont amoncelés dans des vestibules.

Au dernier étage, le chef de la "république populaire de Donetsk", Denis Pouchiline, confirme à des journalistes son intention d'organiser le 11 mai un référendum d'autodétermination dans la province. Dans la salle, le drapeau noir, rouge et bleu frappé de l'aigle russe à deux têtes de la "république de Donetsk" a été scotché au mur.

Dans le hall d'entrée, sur l'esplanade devant l'immeuble, de grands écrans de télévision reliés à des haut-parleurs diffusent la chaîne d'information russe Rossia 24 et des chants patriotiques.

Samedi après-midi: des familles viennent voir les lieux, se prennent en photo devant la barricade, achètent en glissant un billet dans une urne un morceau de ruban tricolore orange et noir de l'ordre de Saint-Georges, symbole patriotique russe.

Viktor, un retraité de 66 ans aux nombreuses dents en or, vient d'épingler le sien à son revers. "Leur révolution de Maïdan", dit-il, "je sais que la moitié de ceux qui y ont participé n'étaient même pas Ukrainiens. Ils étaient payés par la CIA !"

Il repart en direction du boulevard voisin, où passent au ralenti deux limousines blanches décorées de rubans blancs transportant de jeunes mariés.

mm/ahe/ml

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