La sortie vers la mer de la Bolivie via le Chili "est fermée à jamais", a assuré vendredi le ministre chilien des Affaires étrangères, Heraldo Muñoz, alors que son voisin a saisi le tribunal de La Haye pour obtenir un accès à l'océan.
"La Bolivie demande (à la Cour internationale de Justice CIJ) que le Chili soit contraint de négocier un accès maritime souverain, c'est à dire, une cession de territoire", a affirmé sur la chaîne CNN Chili M. Muñoz.
Interrogé pour savoir si l'accès à la mer réclamé par la Bolivie était refusé aujourd'hui ou à jamais, il a répondu qu'il était "fermé à jamais, ceci est la position du Chili".
"On ne devrait jamais dire jamais, mais la position du Chili aujourd'hui, et c'est ainsi depuis longtemps, est que la Bolivie n'a aucun droit" à une sortie vers la mer, a-t-il insisté.
Il a précisé que la demande bolivienne devant la CIJ ne concernait pas une demande de cession de territoire proprement dite mais une obligation de négocier.
Le président bolivien Evo Morales a remis le 15 avril à la CIJ la demande de son pays en vue d'obtenir un accès souverain à l'océan Pacifique, dont il a été privé à l'issue d'une guerre avec le Chili à la fin du XIXe siècle.
La Bolivie avait perdu 120.000 km2 de territoire et 400 km de côte à l'issue de la guerre du Pacifique (1879-1883) contre le Chili.
Après de nombreuses tentatives de négociations infructueuses avec Santiago, La Paz a finalement déposé en avril 2013 une plainte devant la CIJ pour tenter de récupérer cet accès.
Selon le calendrier établi par la CIJ, le Chili a jusqu'en février 2015 pour répondre, après quoi s'en suivra un deuxième tour d'argumentation par écrit et, en théorie, des audiences publiques à La Haye.
En 2006, le socialiste Evo Morales avait établi sous le premier mandat de la chilienne Michelle Bachelet (2006-2010, gauche) un agenda bilatéral de discussions incluant la demande historique de son pays d'accès à l'océan.
Les discussions avaient toutefois été gelées en 2010 sous la mandature du président conservateur Sebastian Piñera. M. Morales a évoqué la possibilité de relancer ces négociations, alors que les deux pays n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1978. Mme Bachelet préside à nouveau le Chili depuis cette année.
La Bolivie s'est sentie confortée dans sa demande par un arrêt de la CIJ rendu en mars et qui a accordé au Pérou une partie de territoire maritime contrôlée par le Chili depuis la Guerre du Pacifique.
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