Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

A Gallipoli, Australiens et Néo-Zélandais se souviennent de leurs morts de 1915

A Gallipoli, Australiens et Néo-Zélandais se souviennent de leurs morts de 1915

Entre Mykonos et Ibiza, c'était leur étape du souvenir. Comme chaque année, des milliers de jeunes Australiens et Néo-Zélandais ont envahi la presqu'île turque de Gallipoli pour y célébrer la mémoire de leurs grands-pères, tombés en 1915 face aux troupes de l'Empire ottoman.

Jonathan Clarson a débarqué sur la plage dite "d'Anzac" à la lumière du soleil couchant, au milieu d'un large groupe d'étudiants parti de l'autre bout du monde à la découverte de l'Europe.

En short et chaussures de marche, il a posé son barda au milieu du petit pré et de la centaine de pierres tombales qui bordent la mer comme ils auraient posé leur surf sur une plage de Sydney. En toute décontraction.

Mais pour lui, cette étape à Gallipoli est particulière. Tout sauf anodine.

"Je suis ici sur les traces de mon grand-père", a expliqué Jonathan Clarson. "Il a combattu ici et j'essaie de repérer son nom (sur les stèles), il doit être quelque part ici sur cette plage où je dois pouvoir le retrouver", poursuit cet Australien de 20 ans, "je veux rendre hommage à tous ces soldats fantastiques qui se sont battus et sont morts ici".

Le 25 avril 1915 à l'aube, 50.000 Australiens et 10.000 Néo-zélandais, membres d'un corps expéditionnaire franco-britannique, ont posé le pied sur cette langue de terre qui protège le détroit des Dardanelles avec pour mission de marcher sur Constantinople, la capitale de l'Empire ottoman allié de l'Allemagne.

Après neuf mois d'une bataille effroyable qui a fait, selon les historiens, 500.000 morts et blessés dans les deux camps, les soldats du Corps armé australien et néo-zélandais (Anzac) s'en retireront sans avoir pu avancer de plus de quelques kilomètres, laissant 11.000 des leurs derrière eux.

Aujourd'hui, 120.000 morts sont enterrés dans les 32 cimetières et 28 fosses communes dispersés sur toute l'étendue de la péninsule de Gallipoli.

Cette bataille lointaine est devenue une date primordiale de l'histoire de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.

"Nous n'avons pas de long passé, nous sommes un pays si jeune", a confié Lisa Olorenshaw. "Elle signifie énormément de choses pour nous", ajoute la jeune femme venue d'Auckland, pieds nus entre les stèles, "beaucoup de passion, beaucoup d'amour et beaucoup d'émotion".

Cette année encore, près de 4.500 personnes ont fait le voyage de l'hémisphère sud pour les commémorations. La plupart ont passé la nuit sur la plage ou au pied des estrades pour ne rien rater de la cérémonie dite "de l'aube", à l'heure du premier coup de fusil tiré en 1915.

Dans la foule, la présence massives des jeunes générations ravit les "anciens", comme Vic Dwyer, venu spécialement de Perth (Australie).

"Ceux qui se sont battus ici symbolisent la bravoure et la détermination de l'Australie", s'est ému ce soixantenaire. "Les hommes qui sont venus ici étaient grands, forts et jeunes", a-t-il ajouté, "la plupart avaient le même âge que tous ces jeunes autour de nous, c'est important qu'ils soient là".

Un sentiment partagé par leurs anciens ennemis turcs.

"Pour que nous puissions mieux nous comprendre et avoir une plus grande ouverture d'esprit, il est bon que tous ces touristes viennent ici", a estimé Eyüp Güven, qui assiste les visiteurs étrangers de passage à Gallipoli, "c'est bon pour le tourisme, comme pour nos relations ces pays-là".

Le père fondateur de la République turque en 1923, Mustafa Kemal Atatürk, colonel pendant la bataille, avait lui-même tiré un trait sur la bataille de 1915 et prêché la réconciliation dans un discours de 1934. "Vous pouvez reposer en paix, pour nous il n'y a pas de différence entre les Johnny et les Mehmet qui reposent côte à côte dans ce pays", avait-il lancé à l'adresse des soldats australiens et néo-zélandais.

Son message est allé droit au coeur de Sera Payne. "C'était fantastique et très émouvant", a confié après la cérémonie cette jeune Néo-Zélandaise, "c'est génial de voir tous ces pays se retrouver pour cette célébration".

pa/ba/gg

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.