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Ukraine: Obama accuse la Russie de ne pas respecter l'accord de Genève

Ukraine: Obama accuse la Russie de ne pas respecter l'accord de Genève

Le président américain Barack Obama a accusé jeudi la Russie de ne pas respecter l'accord international de Genève sur l'Ukraine et l'a menacée de nouvelles sanctions, faisant monter encore d'un cran la tension au lendemain de la menace d'intervention de Moscou.

M. Obama s'exprimait pour la première fois, à Tokyo, depuis la conclusion surprise du compromis jeudi dernier, entre les Etats-Unis, l'Union européenne, la Russie et l'Ukraine.

Après quelques jours d'espoirs d'apaisement, Russes et Occidentaux s'accusent mutuellement de ne pas observer cet accord.

"Jusqu'à présent, nous ne les avons pas vus respecter ni l'esprit ni la lettre de l'accord de Genève", a déploré M. Obama en parlant des Russes, lors d'une conférence de presse.

"Nous continuons de voir des hommes armés malveillants prendre des bâtiments, harceler les gens qui ne sont pas d'accord avec eux, déstabiliser la région et nous n'avons pas vu la Russie intervenir pour les décourager", a-t-il souligné.

Il a ajouté que si la Russie continuait d'ignorer l'accord de Genève et n'agissait pas de façon "plus réfléchie", il y aurait "des conséquences et de nouvelles sanctions" américaines à son encontre, rappelant que les mesures répressives déjà en place avaient "un impact sur l'économie russe". Il n'a toutefois pas fixé de date butoir pour ces nouvelles sanctions.

La veille, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait averti que son pays était prêt à intervenir si ses intérêts étaient menacés dans l'est de l'Ukraine, des propos condamnés par l'Otan qui a fustigé la "rhétorique enflammée de Moscou".

"Si nos intérêts légitimes (...) étaient attaqués directement, comme par exemple ils l'avaient été en Ossétie du Sud (territoire séparatiste en Géorgie, NDLR), je ne vois pas d'autre manière que de répondre, dans le respect du droit international", a expliqué M. Lavrov.

"Une attaque contre les citoyens russes est une attaque contre la Russie", a-t-il ajouté.

En août 2008, l'armée russe était entrée en Géorgie en dénonçant des attaques géorgiennes contre le territoire séparatiste pro-russe d'Ossétie du Sud, où Moscou maintien des troupes jusqu'à présent après en avoir reconnu l'indépendance ainsi que celle de l'Abkhazie, une autre région géorgienne jouxtant son territoire.

Les autorités russes ne cessent de dire que les populations ukrainiennes d'origine russe sont menacées par les nationalistes qui soutiennent le pouvoir pro-occidental en place à Kiev depuis la destitution de Viktor Ianoukovitch.

L'avertissement russe suit l'annonce par les autorités ukrainiennes, juste après une visite du vice-président américain Joe Biden, qu'elles relançaient une "opération antiterroriste" visant à désarmer les insurgés dans l'Est du pays. M. Lavrov a accusé les Etats-Unis d'orchestrer ces opérations.

Washington a réagi en qualifiant de "ridicules" les affirmations du ministre russe. "Les actions du gouvernement ukrainien sont une réponse légitime des autorités en réaction à la saisie illégale et armée de bâtiments et de plusieurs villes dans l'est de l'Ukraine", a déclaré la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki.

M. Obama a toutefois répété qu'il n'y aurait "pas de solution militaire au problème en Ukraine".

L'opération antiterroriste, qui avait tourné à la déroute la semaine dernière, n'affiche pour l'instant qu'un succès modeste: la "libération" selon Kiev de Sviatoguirsk, une ville de 5.000 habitants où n'avait été observée aucune occupation séparatiste.

Le président par intérim Olexandre Tourtchinov a justifié la relance des opérations, interrompues pour Pâques, par la découverte samedi de deux corps portant des traces de torture près de la ville de Slaviansk.

L'un d'eux, portant les traces de multiples coups de couteau selon son épouse, a été identifié comme étant celui de Volodymyr Rybak, élu local du parti pro-occidental de Ioulia Timochenko, Batkivchtchina (Patrie).

Les services de sécurité (SBU) ont accusé un haut gradé du Renseignement militaire russe (GRU) d'avoir commandité le meurtre.

Contrôlée par des hommes en armes, certains cagoulés et portant des uniformes sans insigne, Slaviansk, ville de plus de 100.000 habitants, est devenue la place forte des séparatistes dans l'est de l'Ukraine.

Son "maire" autoproclamé Viatcheslav Ponomarev, qui a demandé à Vladimir Poutine d'envoyer des troupes russes pour protéger la population des nationalistes ukrainiens, y a décrété un couvre-feu depuis dimanche.

Un journaliste se trouvant sur place pour le site américain Vice News, Simon Ostrovsky, y est retenu depuis mardi par les séparatistes.

"Il se trouve dans une cellule de détention provisoire", a expliqué mercredi Viatcheslav Ponomarev. "C'est un journaliste provocateur", a-t-il ajouté.

A Washington, le département d'Etat s'est dit "très inquiet" de "l'enlèvement" du journaliste, qui a travaillé plusieurs années pour l'AFP en Azerbaïdjan.

Les Etats-Unis qui accusent Moscou d'être derrière les troubles dans l'Est, ont dévoilé des photos dont ils affirment qu'elles prouvent l'implication des forces russes.

"Des photos truquées par ordinateur", a répliqué M. Lavrov.

Le Kremlin a en revanche reconnu la semaine dernière avoir massé des troupes à la frontière ukrainienne en raison des tensions en Ukraine.

Washington a de son côté annoncé l'envoi de 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes, dont 150 hommes de la 173e brigade aéroportée sont arrivés dès mercredi à la base polonaise de Swidwin (nord-ouest).

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