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L'opposant russe Navalny risque dix ans de prison à un nouveau procès

L'opposant russe Navalny risque dix ans de prison à un nouveau procès

Alexeï Navalny, opposant numéro un au Kremlin, comparaît jeudi pour de nouvelles accusations d'escroquerie qui pourraient lui valoir 10 ans de camp, au moment où commence également le procès de Russes qui avaient manifesté contre Vladimir Poutine en 2012.

L'opposant, déjà sous le coup d'une peine de 5 ans de prison avec sursis infligée en 2013 pour des accusations qu'il affirme montées de toutes pièces, est assigné à résidence avec interdiction de communiquer, et a encore été condamné mardi à une forte amende pour diffamation envers un député.

Dans un premier jugement à son encontre jeudi, un tribunal moscovite l'a reconnu coupable d'"atteinte à la réputation" du vice-président de la Douma (chambre basse du Parlement russe) Sergueï Neverov, en publiant des documents sur des biens immobiliers selon lui non déclarés. Il a été condamné à démentir publiquement ces informations.

La justice multiplie les enquêtes et les procès dans un contexte de plus en plus difficile pour l'opposition en Russie.

Dans l'autre procès de jeudi, à l'issue potentiellement beaucoup plus grave, M. Navalny, 37 ans, est accusé avec son frère Oleg, qui était cadre à la poste russe, d'avoir détourné 27 millions de roubles (546.000 euros) au détriment de la firme française de cosmétiques Yves Rocher.

Les deux frères sont aussi accusés d'avoir soustrait plus de quatre millions de roubles (81.000 euros) à une autre entreprise russe, MBK, et d'avoir blanchi 21 millions de roubles (425.000 euros), des chefs d'accusation qui pourraient leur valoir au total jusqu'à dix ans de prison.

La justice devra aussi jeudi se prononcer sur la prolongation de l'assignation à résidence d'Alexeï Navalny, qui, après deux mois, était censée prendre fin le 28 avril.

Cette interdiction de quitter son domicile, d'utiliser le téléphone et surtout internet, a visé selon ses partisans à réduire au silence ce virulent blogueur anti-Kremlin, avocat de formation, qui s'est fait connaitre en dénonçant sur internet des affaires de corruption.

Le tribunal pourrait décider de placer M. Navalny en détention préventive, a averti son avocat Vadim Kobziev, contacté par l'AFP.

Selon des documents publiés par les proches d'Alexeï Navalny sur son blog, une expertise a établi que les agissements des accusés n'avaient pas causé de préjudice à la firme française.

Dans une lettre ouverte aux dirigeants d'Yves Rocher, l'écrivain russe Boris Akounine, qui milite dans l'opposition au Kremlin, a appelé la firme française à se retirer de la procédure, l'avertissant que la marque allait devenir "un symbole de honte".

"Je ne sais pas pourquoi vous avez d'abord accepté de prendre part à ce jeu peu glorieux; sans doute qu'un refus aurait été une source de graves problèmes pour vos diverses activités en Russie", a écrit M. Akounine, dénonçant un "procès fabriqué".

"Yves Rocher Vostok a traité cette affaire comme l'aurait fait toute entreprise indépendante susceptible d'avoir été victime (...) et n'entend pas faire d'autres commentaires à ce stade", a commenté un porte-parole d'Yves Rocher en Russie, dans un mail envoyé à l'AFP.

Le procès de l'opposant coïncide avec celui de quatre manifestants accusés de "violences envers les forces de l'ordre" lors d'une manifestation le 6 mai 2012, à la veille de l'investiture de Vladimir Poutine.

Fin février, huit manifestants accusés de violences lors de la même manifestation avaient écopé de peines allant jusqu'à quatre ans de camp.

Une trentaine de personnes au total ont été inculpées dans l'"affaire Bolotnaïa", du nom de la place au centre de la capitale russe où se tenaient les principales manifestations contre l'élection de Vladimir Poutine à un troisième mandat, vague de contestation dont Alexeï Navalny a été l'un des principaux leaders dès l'automne 2011.

"Le Kremlin peut faire ce qu'il lui plaît en surfant sur la vague patriotique" entraînée par la crise ukrainienne et le rattachement à la Russie de la péninsule de Crimée, a expliqué à l'AFP le blogueur et analyste Alexander Morozov.

M. Navalny avait déjà été condamné mardi à une amende de 500.000 roubles (6.000 euros) pour diffamation à l'égard d'un autre député russe qu'il avait qualifié de "toxicomane" sur Twitter.

L'opposant aux accents nationalistes, qui a reçu plus de 27% des voix aux municipales de septembre à Moscou contre le tout puissant maire sortant et ancien chef de cabinet de M. Poutine, Sergueï Sobianine, a vu se multiplier les poursuites et sa condamnation l'empêche d'ores et déjà de se présenter à la présidentielle de 2018.

Son avocat estime qu'il ne sortira pas libre de ce nouveau procès, qui est selon lui "coordonné au plus haut niveau".

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