Herb Gray, l'ancien vice-premier ministre libéral du Canada et l'un des députés ayant servi le plus longtemps à la Chambre des Communes, est mort à l'âge de 82 ans.
Il s'est éteint paisiblement lundi au campus civique de l'Hôpital d'Ottawa, selon un communiqué du Parti libéral du Canada. Il laisse dans le deuil sa femme Sharon Sholzberg, ses deux enfants Jonathan et Elizabeth, ainsi que huit petits-enfants.
« Aimé de tous, Herb a dédié sa vie à son parti et à son pays, dans les bons et les mauvais moments. Il laisse derrière lui un immense héritage peu égalé dans l'histoire du pays », a déclaré le chef du PLC, Justin Trudeau, par voie de communiqué.
Le premier ministre Stephen Harper a offert ses condoléances à toute la famille de M. Gray. « C'était un honorable parlementaire qui a bien servi son pays », a-t-il déclaré dans un microbillet affiché sur son compte Twitter.
La carrière de M. Gray sur la scène fédérale s'est étendue pendant près de quatre décennies. Membre de l'Opposition officielle au conservateur John Diefenbaker, il faisait encore partie de l'équipe libérale lorsque Jean Chrétien a été reporté au pouvoir à la tête d'un troisième gouvernement majoritaire en novembre 2000.
Ses électeurs disaient de lui qu'il était un politicien terre-à-terre qui se fichait de la ligne de parti lorsqu'il s'agissait de s'occuper de leurs intérêts.
Quand il était au pouvoir, il avait l'art d'embrouiller l'opposition parlementaire, répondant aux questions avec un verbiage monotone et poli.
L'avocat de Windsor avait été élu pour la première fois aux Communes en 1962, à l'âge de 31 ans. Il est demeuré indétrônable lors des 12 élections suivantes dans la circonscription d'Essex-Ouest et de Windsor-Ouest. En novembre 2000, il avait obtenu plus de 20 000 voix, soit plus du double des votes obtenus pas son plus proche rival.
Premier ministre d'origine juive
M. Gray est devenu le premier ministre d'origine juive de l'histoire canadienne lorsqu'il a été nommé ministre sans portefeuille par Pierre Trudeau en octobre 1969.
Il a ensuite occupé plusieurs postes ministériels. Il a été notamment ministre de la Consommation et des Corporations de 1972 à 1974, ministre de l'Industrie et du Commerce de 1980 à 1982 et président du Conseil du Trésor de 1982 à 1984.
M. Gray est devenu vice-premier ministre en 1997, remplaçant Sheila Copps, qui avait démissionné parce que les libéraux n'avaient pas éliminé la TPS comme ils s'étaient engagés à le faire lors de la campagne électorale de 1993.
L'homme était connu pour ses habits conservateurs et ses réponses prudentes. Il a été un des principaux défenseurs de M. Chrétien, notamment sur une rencontre controversée de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) et le Shawinigate.
Il s'est aussi occupé de la question des agressions commises contre des enfants autochtones dans des pensionnats.
Herb Gray était Compagnon de l'Ordre du Canada et a reçu de nombreux prix de la part d'universités, de gouvernements et d'organismes communautaires.
Figure populaire
Herb Gray était une figure populaire à la Chambre des communes. Il a figuré à de nombreuses reprises sur la liste des députés les plus sexés. Dans sa circonscription, on le surnommait « le parrain de la politique ». Un édifice a été nommé en son honneur par une coalition de groupes à but non lucratif à Windsor.
Le caucus libéral scandait souvent « Herb! Herb! Herb! » lorsqu'il a occupé les fonctions de chef intérimaire de l'Opposition en 1990.
Malgré cela, l'homme ne se prenait pas trop au sérieux, selon un de ses conseillers, Garry Fortune. Ce dernier raconte que M. Gray pouvait éclater de rire s'il voyait des humoristes l'imiter.
L'homme adorait le rock n'roll, aimant écouter Bruce Springsteen et Bob Seeger. On l'a même aperçu à un spectacle de Boy George.
Au cours des dernières années, il a éprouvé de nombreux problèmes de santé, souffrant de problèmes cardiaques et ayant dû lutter contre un cancer de l'sophage.