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Naufrage du ferry en Corée : arrestation du capitaine, gouvernement attaqué par les parents

Naufrage du ferry en Corée : arrestation du capitaine, gouvernement attaqué par les parents

Les autorités sud-coréennes ont arrêté samedi matin (heure locale) le capitaine du ferry, qui a fait naufrage en milieu de semaine au large de la Corée du Sud, avec des centaines de lycéens à bord, annoncé l'agence de presse Yonhap.

Lee Joon-Seok, âgé de 52 ans, fait face à cinq accusations, dont celles de négligence et de violation du droit de la mer, a précisé l'agence sud-coréenne. Vingt-huit personnes ont trouvé la mort et 268 sont toujours portées disparues à la suite de ce naufrage qui a eu lieu il y a trois jours, à proximité de l'île de Jindo.

Les parents, effondrés et en colère, ont accusé d'incompétence l'équipage, les secours et les autorités.

"L'équipe d'enquête commune de la police et des procureurs a requis des mandats pour arrêter trois membres de l'équipage, dont le capitaine", avait dit auparavant à l'AFP un responsable des gardes-côtes à Makpo, dans le sud du pays.

Les procureurs ont déclaré vendredi que les premiers éléments de l'enquête avaient montré que le capitaine Lee Joon-Seok avait laissé la barre à son troisième officier avant l'accident.

Le capitaine et la plupart des 28 membres de l'équipage du Sewol ont réussi à quitter le navire avant qu'il ne sombre, et ont été vivement critiqués pour l'avoir abandonné alors que la majorité des passagers étaient prise au piège dans le ferry.

Plus de 48 heures après le drame, et malgré la violence des courants, deux plongeurs ont réussi à ouvrir une porte et à entrer dans la partie cargo du navire totalement immergé.

"Il n'y a quasiment aucune visibilité. Vous ne pouvez pas voir votre main devant votre visage", a dit l'un des deux hommes une fois revenu à terre.

Vingt-huit corps ont été retrouvés, selon le dernier bilan des gardes-côtes. Se trouvaient à bord du Sewol 475 personnes, dont 352 lycéens. Au total 268 manquaient à l'appel et aucun rescapé n'a été retrouvé depuis mercredi.

Un des survivants, l'adjoint au principal de l'établissement scolaire des lycéens, situé au sud de Séoul, a été retrouvé mort vendredi matin, sur l'île de Jindo. Un suicide, selon l'agence de presse Yonhap, qui a précise que la police avait trouvé une lettre annonçant ce suicide dans le portefeuille du responsable du lycée.

"Survivre seul est trop difficile... J'endosse toute la responsabilité", indique la lettre.

Selon les médias locaux, il a été retrouvé pendu à l'aide d'une ceinture accrochée à une branche d'arbre.

Les secouristes espèrent trouver des passagers qui se seraient réfugiés dans des poches d'air, hypothèse de moins en moins probable au fil des jours. Deux plongeurs ont injecté de l'oxygène dans le bateau, ont indiqué les gardes-côtes.

Trois grues géantes flottantes arrivées sur les lieux ne commenceront le renflouement de l'épave qu'une fois tout espoir perdu de retrouver des survivants, a indiqué le chef régional des gardes-côtes, Kim Soo-Hyun.

Les causes de l'accident demeurent inconnues. De nombreux passagers disent avoir entendu un grand bruit suivi d'un arrêt soudain du ferry. Cela pourrait signifier que le navire a heurté le fond ou percuté un obstacle immergé.

Des experts évoquent aussi la possibilité que la cargaison du navire, quelque 150 véhicules, se soit déplacée, le déséquilibrant irrémédiablement.

Selon le ministère de la mer, le bateau a brusquement changé de cap juste avant d'envoyer un signal de détresse.

Selon l'opérateur du Sewol, Chonghaejin Marine Co., le capitaine avait de nombreuses années d'expérience et assurait depuis huit ans la liaison entre Incheon et l'île de Jeju.

Les parents, submergés par l'angoisse et le chagrin, critiquent vivement les autorités, accusées d'indifférence et de tromperie. "Le gouvernement a menti, hier", a déclaré vendredi un homme, qui dit parler au nom de tous les parents, dans une intervention retransmise en direct à la télévision sud-coréenne.

Il affirme n'avoir vu sur le site du drame que quelques embarcations et plongeurs, loin des 500 plongeurs, 169 bateaux et 29 aéronefs que les autorités affirment avoir envoyé sur les lieux.

Dans le gymnase de Jindo, des centaines de proches des disparus regrettent amèrement que les passagers aient reçu la consigne de ne pas quitter leur siège ou leur cabine après que le ferry s'est immobilisé, à la suite d'un choc.

Trente à quarante minutes plus tard, le bateau a commencé à piquer du nez et il était trop tard pour beaucoup d'occupants, incapables de ramper le long des corridors fortement inclinés, où l'eau pénétrait à flots.

L'ampleur de la catastrophe a stupéfait la Corée du Sud, pays riche et moderne pensant n'avoir plus à revivre ce type de tragédies.

"Nous avons les meilleurs chantiers navals du monde au XXIe siècle. Mais notre esprit date du XIXe siècle", assène le grand quotidien Dong-A Ilbo.

"Quel est l'intérêt d'avoir l'internet le plus rapide du monde, les smartphones les plus cool, les meilleurs chantiers navals lorsqu'on n'est pas capable de sauver nos enfants?", renchérit un internaute sur le portail Naver.com.

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