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Marc Bibeau au coeur du financement du PLQ, selon l'UPAC

Marc Bibeau au coeur du financement du PLQ, selon l'UPAC
Radio-Canada

L'entrepreneur en construction de Saint-Eustache Marc Bibeau a toujours oeuvré dans la plus grande discrétion pour aider au financement du PLQ, mais la publication récente des dénonciations au soutien des mandats de perquisition obtenus par l'UPAC dans son enquête sur le financement illégal du parti, met en lumière le rôle crucial joué par l'homme d'affaires.

Un texte de Isabelle Richer

Dans des documents rendus publics ce matin, à la demande d'un consortium de médias, dont la Société Radio-Canada, Marc Bibeau est présenté comme « le grand argentier du PLQ, un stratège ».

Plusieurs témoins indiquent que, à titre de responsable du financement du PLQ, Marc Bibeau s'occupait des dons faits par les grandes entreprises, ce qu'on appelle communément le financement sectoriel. Ce type de financement est illégal, puisque la Loi sur le financement des partis politiques interdit aux entreprises de contribuer à la caisse électorale d'un parti. Les entreprises contournaient les règles en réclamant des dons à leurs employés, qui étaient ensuite remboursés, soit par de faux comptes de dépenses, soit parfois même en argent comptant.

Selon ce qu'on peut lire dans le document de l'UPAC, les contributions politiques faites par ces entreprises étaient répertoriées dans le « comté 127 », un comté fictif qui recevait ce financement sectoriel. Toujours selon des témoignages recueillis par les enquêteurs, Marc Bibeau et Violette Trépanier étaient les deux personnes responsables de ce secteur.

En 2007, quand Lino Zambito, propriétaire d'Infrabec, a exprimé son intention d'organiser un cocktail de financement pour la ministre des Affaires municipales Nathalie Normandeau, promettant qu'il amasserait 100 000 $, il a d'abord rencontré le chef de cabinet de la ministre, Bruno Lortie, et la directrice du financement, Violette Trépanier.

À la suite de cette première rencontre, Lino Zambito a été invité à rencontrer Marc Bibeau dans les locaux de son entreprise Shockbéton, en compagnie de Violette Trépanier.

Lino Zambito a expliqué, dans une déclaration aux policiers, qu'il avait décroché le contrat pour la réfection de l'usine d'épuration des eaux de Boisbriand, alors que la municipalité de Boisbriand avait reçu une subvention de 11 millions de dollars de la ministre Normandeau et qu'il souhaitait gagner une certaine notoriété auprès des autres enrepreneurs et firmes de génie, tout en soignant ses relations avec le gouvernement et le PLQ. C'est ce qui l'a incité à offrir au parti d'organiser un événement de financement.

Un autre mandat de perquisition a révélé que, depuis 2000, la subvention avait toujours été refusée à la ville de Boisbriand, qui ne répondait pas aux critères pour l'obtenir, mais qu'une intervention politique avait enfin favorisé la municipalité qui avait multiplié ses participations aux événements de financement en compagnie des principaux dirigeants de la firme d'ingénierie Roche.

428 150 $ amassés par Marc Bibeau introuvables

Grâce aux perquisitions effectuées chez Roche en 2010 et aux révélations de Lino Zambito, les policiers ont pu obtenir un mandat de perquisition pour la permanence du PLQ, exécuté le 9 juillet 2013. Ils y ont saisi quantité de documents, dont un qui les a mis plus particulièrement sur la piste de Marc Bibeau. Voici ce qu'on peut lire dans le document : « L'item 70 est un document ayant pour titre "analyse du 127". Ce document indique les noms de 20 activités dans le comté 127 ayant cumulé un total de 700 615 $. Une ligne indique que M.B. en aurait amassé pour 428 150 $ pour une seule activité. »

Or les états financiers du PLQ, pendant toutes les années où la formation a été au pouvoir, ne font nulle part mention d'un tel montant.

Les policiers ont aussi analysé des courriels saisis à la permanence du PLQ, entre l'adjointe de Marc Bibeau et Violette Trépanier, qui renvoient "à des enveloppes à remettre à Marc Bibeau ou à recevoir de ce dernier chez Shockbéton ». Lorsque Marc Bibeau communique avec Mme Trépanier, il le fait à partir de son adresse courriel d'une de ses entreprises, Les centres d'achat Beauward.

Violette Trépanier et Marc Bibeau communiquaient aussi par téléphone. L'analyse du registre d'appels de Violette Trépanier montre qu'elle a communiqué à 500 reprises avec Marc Bibeau de 2006 à 2008. Entre 2012 et 2013, elle l'a appelé 300 fois. L'UPAC avait demandé et obtenu, en novembre 2013, les registres téléphoniques de quatre téléphones appartenant à Marc Bibeau, mais l'analyse n'était pas terminée lorsque le document a été rédigé.

Active auprès du PLQ depuis 1982, Violette Trépanier a été directrice du recrutement et du financement au parti de 2001 à 2012. Elle a ensuite été employée contractuelle jusqu'en mars 2013, puis remerciée de ses services à l'arrivée de Philippe Couillard, nouveau chef du PLQ.

Grâce à toutes ces informations, les enquêteurs ont obtenu un mandat de perquisition pour la compagnie Les centres d'achat Beauward, estimant que des éléments pourraient s'y trouver qui leur permettraient de mettre en lien Marc Bibeau et ses contacts, civils ou politiques, et qui serviraient à démontrer son implication dans des infractions de corruption de fonctionnaire, de fraude envers le gouvernement, de contribution d'un entrepreneur à une caisse électorale, d'abus de confiance et de complot.

L'enquête n'est toujours pas terminée et personne n'a encore été arrêté, ni accusé.

Réaction de Marc Bibeau

L'avocat de Marc Bibeau, Me Jean-Philippe Groleau, nous a envoyé la version de son client relativement aux informations contenues dans les documents de l'UPAC.

Marc Bibeau affirme qu'il était un solliciteur de dons bénévole, autorisé pour le PLQ. Il sollicitait des contributions auprès d'individus, et non d'entreprises, dans son réseau d'affaires de la région de Montréal, en conformité avec la loi électorale.

L'entrepreneur nie avoir été responsable d'une activité ayant permis de recueillir 428 150 $ et il avance une explication. Cette somme pourrait être le cumul d'un ensemble de dons personnels remis au parti au cours d'une période de plusieurs mois. Marc Bibeau ajoute qu'il n'a jamais été responsable du financement sectoriel pour le compte du PLQ.

Plus loin, toujours dans ce document envoyé par son avocat, Marc Bibeau affirme qu'il n'a jamais été impliqué dans le dossier de l'usine d'épuration des eaux de Boisbriand.

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