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Des Irakiens d'Al-Anbar réfugiés au Kurdistan risquent de devoir rentrer chez eux

Des Irakiens d'Al-Anbar réfugiés au Kurdistan risquent de devoir rentrer chez eux

Des centaines de familles d'Al-Anbar, province de l'ouest de l'Irak théâtre d'affrontements entre armée et insurgés, ont trouvé refuge dans un site de villégiature du Kurdistan, mais l'arrivée de la saison touristique pourrait les obliger à rentrer chez eux.

Depuis janvier, ces milliers de personnes ont choisi de s'installer à Chaqlawa (nord), une ville située à 1.000 mètres d'altitude et offrant ainsi une fraîcheur très appréciée à l'arrivée des grandes chaleurs.

En hiver, nombre de chambres étaient libres et à des prix abordables, mais avec le début fin avril de la saison touristique, les tarifs montent en flèche alors que, dans le même temps, les déplacés voient leurs économies fondre.

Selon les autorités, parmi les 400.000 personnes ayant fui les combats à Al-Anbar, 10.000 familles ont trouvé refuge dans la province autonome du Kurdistan, qui jouit d'une relative sécurité dans un pays confronté à ses pires violences depuis cinq ans.

Ceux qui se sont installés dans le reste du pays sont logés dans des camps de réfugiés, des habitations qu'ils louent ou encore chez des parents.

Sur les 10.000 familles au Kurdistan, quelque 2.500 familles ont choisi Chaqlawa, à environ 350 km au nord de Ramadi, chef-lieu de la province d'Al-Anbar.

Des jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et des combattants de tribus anti-gouvernementales ont pris début janvier le contrôle de quartiers de Ramadi ainsi que de la totalité de Fallouja, à 100 et 60 km à l'ouest de Bagdad.

Depuis, l'armée a repris quasiment tout le contrôle de Ramadi, mais Fallouja reste sous la coupe des combattants anti-gouvernementaux.

Abou Mohammed, qui refuse de donner son nom pour des raisons de sécurité, a fui Fallouja avec sa femme et ses deux fils fin janvier, après avoir été brièvement enlevé par des insurgés.

Comme nombre d'autres qui se sont installés à Chaqlawa, il n'a même pas essayé d'aller à Erbil, la capitale du Kurdistan. Là-bas, les Irakiens arabes qui souhaitent s'installer ont besoin d'un parrain local.

Cette règle ne s'applique cependant pas dans la ville touristique de Chaqlawa.

Le gouvernement central n'a pas établi de camps de déplacés au Kurdistan, mais il a donné aux habitants d'Al-Anbar qui se sont faits enregistrer une allocation de 250 dollars (182 euros) par famille, ainsi que des couvertures et de la nourriture de base.

"J'ai de l'argent pour vivre", confie Abou Mohammed, mais "beaucoup n'en ont pas". Et "même pour les classes moyennes, l'argent de dure pas éternellement (...). Tout est cher".

Abou Mohammed paie 750 dollars par mois de loyer pour un petit appartement à Chaqlawa, un tarif relativement bas par rapport à ce que d'autres déplacés doivent débourser, sans compter les autres dépenses.

Et à l'approche de la saison estivale, ces loyers ont doublé, voire triplé.

Contrairement aux Kurdes réfugiés de Syrie voisine et accueillis dans des camps, les habitants d'Al-Anbar sont dispersés, ce qui complique l'organisation de l'aide, explique Alia al-Bazzaz, représentante à Erbil du ministre des Emigrés et des Personnes déplacées.

Et la majorité des déplacés ne parlant pas le Kurde, ils peinent à trouver un emploi pour reconstituer leurs économies, note-t-elle.

"Même s'ils avaient de l'argent au départ, ils l'ont dépensé en deux trois mois", dit-elle.

Désormais, à court d'argent et de solutions de repli, nombre de déplacés d'Al-Anbar craignent de devoir rentrer chez eux.

Les autorités de cette province ont tenté de convaincre qu'un certain calme était revenu et ont appelé les habitats à rentrer, mais les violences se poursuivent à Ramadi et Fallouja.

"Chaque jour, des familles rentrent à Fallouja", dit Abou Mohammed. "Mais, dans le même temps, il y a des familles qui arrivent toujours de là-bas".

Les habitants d'Al-Anbar résidant à Chaqlawa se plaignent que de nombreux appartements et chambres d'hôtels sont volontairement maintenus vides.

"Quand quelqu'un vient maintenant à Chaqlawa et trouve un logement libre, il n'est pas à louer. Ils attendent les touristes", déplore Abou Mohamed.

psr/al/vl/fcc

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