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Au Venezuela, gouvernement et opposition dialoguent dos à dos

Au Venezuela, gouvernement et opposition dialoguent dos à dos

Gouvernement et opposition au Venezuela ont franchi un pas significatif en se rencontrant pour la première fois après plus de deux mois de protestations antigouvernementales, mais la réconciliation semble loin d'être acquise tant les parties campent sur leurs positions.

Après plusieurs tentatives infructueuses à l'initiative du président socialiste Nicolas Maduro, une délégation de ministres de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) est parvenue à réunir jeudi soir autour de la même table un gouvernement en proie à une délicate situation économique et une partie de l'opposition qui accompagne une vague de manifestations au cours desquelles 41 personnes ont déjà été tuées.

Signe d'une volonté de faire avancer les choses, les principales figures de l'exécutif et de l'opposition, dont son chef de file Henrique Capriles, avaient fait le déplacement aux côtés des ministres des Affaires étrangères du Brésil, de Colombie et de l'Equateur et du nonce apostolique au Venezuela.

Mais cette première réunion de six heures, fruit d'interminables tractations, a rapidement donné lieu aux habituelles récriminations et invectives réciproques, illustrant l'opposition idéologique très marquée entre les tenants du "chavisme", qui prônent la continuité de modèle socialiste de Hugo Chavez (1999-2013), et ses contempteurs.

Dès le début de la rencontre, radio-télévisée à la demande de l'opposition, M. Maduro, héritier politique de Hugo Chavez, a rejeté catégoriquement les principales revendications de ses opposants: l'amnistie pour les personnes emprisonnées depuis le début des violences, et le désarmement des "collectifs", des groupes de civils armés proches du gouvernement.

"Il y a un temps pour la justice et un temps pour le pardon. Pour l'instant, c'est le temps de la justice", a-t-il déclaré à propos d'une éventuelle amnistie, avant de qualifier les collectifs de "simples groupes de travail social". Avant même le dialogue de jeudi, M. Maduro avait prévenu qu'il n'y aurait "ni négociation ni accord".

Dans un propos liminaire, le président vénézuélien, qui a une nouvelle fois accusé les opposants d'ourdir un coup d'Etat contre son gouvernement, a exigé "une condamnation de la violence comme mode d'action politique, comme stratégie pour changer les gouvernements", et a prôné une "coexistence pacifique" entre deux modèles opposés.

"Nous ne voulons ni un coup d'Etat ni une révolution sociale", a répondu M. Capriles, battu de justesse par M. Maduro à l'élection présidentielle d'avril 2013.

"Le pays se trouve dans une situation extrêmement critique (...) Nous voulons que ce problème soit résolu (...) et nous rejetons la répression", a-t-il poursuivi.

Visant d'abord l'insécurité galopante dans ce pays, la vague de protestation anti-gouvernementale a progressivement élargi ses revendications au coût de la vie, aux pénuries et à la répression policière.

Selon le dernier bilan du ministère public publié vendredi, les violences autour des mobilisations ont fait 41 morts, la majorité par armes à feu, plus de 650 blessés, et 120 enquêtes ont été ouvertes contre des membres des forces de l'ordre soupçonnés d'atteintes aux droits de l'homme.

A la fin de cette première prise de contact musclée, M. Maduro a proposé que l'opposition participe à des commissions de discussion et a convoqué une nouvelle rencontre pour mardi, mais ses modalités n'ont pas été précisées.

Peu après, de nombreux observateurs ont regretté que le gouvernement n'ait pas profité de cette opportunité pour faire un geste en direction de ses opposants.

Le président "laisse passer une belle occasion de céder de façon stratégique à l'opposition pour augmenter l'espoir (de la population) en ce dialogue", a estimé le politologue Luis Vicente Leon, directeur de l'institut Datanalisis.

Ainsi, le député d'opposition Julio Borges estime que "maintenant plus que jamais, les manifestations pacifiques et constitutionnelles sont nécessaires (...) pour parvenir à un changement radical et démocratique".

Un point de vue certainement partagé par l'aile la plus radicale de l'opposition, le parti de droite Voluntad Popular, absent des discussions. Dont deux maires et le dirigeant du parti, Leopoldo Lopez, accusés notamment d'attiser les violences, sont détenus depuis plusieurs semaines.

Dans un communiqué publié vendredi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est joint aux déclarations du pape François - dont un message a été lu lors de la réunion de jeudi soir - en "appelant tous les acteurs à nouer un dialogue visant à trouver un terrain d'entente pour répondre aux défis auxquels fait face le Venezuela".

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