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France: Areva au coeur d'une enquête de justice sur le rachat du canadien Uramin

France: Areva au coeur d'une enquête de justice sur le rachat du canadien Uramin

Une enquête de justice préliminaire a été ouverte jeudi en France sur les conditions du rachat en 2007 de la société minière canadienne Uramin par le géant français du nucléaire Areva, alors dirigé par Anne Lauvergeon.

Uramin, qui ambitionnait d'exploiter des gisements dans plusieurs pays africains (Namibie, Afrique du Sud et Centrafrique), avait été achetée à prix d'or --2,5 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros)-- et la transaction avait viré au désastre financier pour le groupe français.

L'enquête fait suite à un signalement de la Cour des comptes, juridiction administrative chargée de contrôler la régularité des comptes publics, auprès du parquet national financier, a indiqué à l'AFP une source judiciaire, confirmant une information du journal Le Monde.

Circonscrite à la seule période 2007-2011, elle vise des faits de "présentation ou publication de comptes inexacts ou infidèles", "diffusion d'informations fausses ou trompeuses", "faux et usage de faux", selon le quotidien.

Selon le quotidien, la Cour des comptes devrait rendre en mai un rapport définitif sur le groupe nucléaire français durant la période 2006-2012.

Un prérapport a déjà été rédigé, auquel Anne Lauvergeon a répondu "point par point" la semaine dernière, avant son audition par les magistrats de la rue Cambon, selon un communiqué de l'ex-dirigeante.

"Ma cliente est tout à fait sereine et je ne vois absolument pas quelle infraction pénale pourrait lui être reprochée", a indiqué à l'AFP son avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi.

Areva n'a de son côté pas souhaité faire de commentaire, tandis que la Cour des comptes n'avait pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.

Après le départ de Mme Lauvergeon, évincée avec l'aval de la présidence française à la mi-2011 et remplacée par Luc Oursel, Areva avait divisé par cinq la valeur comptable d'Uramin.

L'ex-dirigeante était toutefois sortie blanchie d'une enquête menée par Areva sur cette acquisition.

En mars 2012, un rapport parlementaire avait largement repris les conclusions du comité d'enquête interne d'Areva sur cette acquisition, qui avait estimé qu'elle n'avait pas donné lieu à des manoeuvres frauduleuses mais avait été entachée par des "dysfonctionnements" en matière de gouvernance.

Ce rapport soulignait toutefois des "carences" tant du côté d'Areva que de l'Agence des participations de l'Etat (APE), l'organisme qui défend les intérêts de l'Etat au sein de ce groupe public à 87%, dans leurs échanges lors de l'acquisition d'Uramin par le groupe nucléaire public.

Dans un communiqué transmis à l'AFP, Mme Lauvergeon a indiqué que l'acquisition d'Uramin était considérée comme "stratégique à l'époque", soulignant qu'"elle a été soumise et validée par toutes les instances de décision du groupe, et les règles de gouvernance ont été respectées".

Pour Mme Lauvergeon, les dépréciations des actifs miniers d'Areva découlent "pour l'essentiel" de l'effondrement des cours de l'uranium consécutif à la catastrophe de Fukushima au Japon.

Interrogée sur la radio Europe 1, elle a reconnu avoir surpayé Uramin. "C'est vrai, Uramin, on l'a achetée au mauvais moment. On l'a achetée quand? En juin 2007, c'est-à-dire avant la crise des subprimes et avant le commencement de la baisse des matières premières", a-t-elle commenté.

"On l'a payé donc cher, c'est-à-dire dans le prix de l'époque", a-t-elle ajouté, en défendant son bilan à la tête d'Areva de 2001 jusqu'à son départ.

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