Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Venezuela : sous la pression de ses alliés, Maduro accepte de "dialoguer"

Venezuela : sous la pression de ses alliés, Maduro accepte de "dialoguer"

Souvent annoncé, jamais entamé, le dialogue tant attendu entre gouvernement et opposition au Venezuela devrait être sur le point de se concrétiser jeudi, le président Nicolas Maduro assouplissant sa position sous la pression notamment de ses alliés de l'Unasur.

"Un des facteurs que a incité (le gouvernement) à entamer un dialogue à tout prix" est "probablement la pression internationale" due à "la mauvaise image croissante (des autorités) générée par la répression des manifestations", a estimé pour l'AFP le politologue John Magdaleno.

Mal élu en avril 2013 dans la foulée du décès de son mentor, le charismatique Hugo Chavez dont il n'est jamais parvenu depuis à endosser l'habit, Nicolas Maduro fait face depuis début février à des manifestations parfois violentes lancées par des étudiants et relayées par l'opposition concernant la très mauvaise situation économique ainsi que l'insécurité et la répression policière.

Les violences en marge des mobilisations ont fait officiellement 39 morts, la majorité par armes à feu, plus de 600 blessés et quasiment une centaine d'enquêtes ont été ouvertes contre des membres des forces de l'ordre soupçonnés d'atteintes au droit de l'homme.

Si "la pression internationale" ne fait aucun doute pour expliquer le changement d'attitude de M. Maduro, d'éventuelles "pressions internes au +chavisme+ (le mouvement politique hérité de Hugo Chavez, NDLR) ne sont pas à écarter, mais il est difficile d'avoir une lecture claire", selon John Magdaleno.

Promis depuis des semaines, ce "dialogue" n'a jusqu'alors jamais pris forme, l'opposition refusant notamment de participer à "une farce" et "un monologue", Nicolas Maduro ne cessant de son côté d'invectiver ses opposants, qualifiés de "fascistes" et de "putschistes".

Les deux parties ont finalement accepté de se rencontrer grâce aux efforts de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), organisme régional regroupant 12 pays latino-américains né en 2008, comprenant plusieurs alliés très proches du Venezuela chaviste, comme l'Equateur ou la Bolivie.

C'est d'ailleurs le chancelier équatorien Ricardo Patiño qui a annoncé mardi qu'une première "réunion préparatoire" aurait lieu le jour même entre des membres du gouvernement, dont le président Maduro, et une délégation de la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD).

Bien que la légitimité de l'Unasur a été mise en question par des membres de l'opposition radicale vénézuélienne, qui lui reproche une trop grande proximité avec Caracas, le chef de la diplomatie chilienne Heraldo Muñoz a estimé la semaine dernière que "ce sont les amis extérieurs qui peuvent contribuer" à apaiser la situation dans "un pays frère" soumis à une polarisation politique exacerbée entre partisans et opposants du "chavisme".

Mercredi soir, le ministre brésilien des Affaires étrangères Luiz Alberto Figueiredo s'est d'ailleurs félicité que "l'action discrète" de son pays auprès de Caracas eut "porté ses fruits" et que les deux parties aient demandé la présence d'un facilitateur brésilien au dialogue.

A l'issue de la réunion de mardi les deux parties sont enfin tombées d'accord pour désigner comme observateurs trois ministres des Affaires étrangères (Brésil , Colombie et Equateur) de l'Unasur ainsi que le secrétaire d'Etat du Vatican, Pietro Parolin.

Dans la foulée, Nicolas Maduro a affirmé que ce "dialogue de paix" commencerait "jeudi" au palais présidentiel de Miraflores, mais prévenu qu'il n'y aurait aucune "négociation" autour du modèle socialiste vénézuélien.

"Je l'annonce à notre peuple : j'irai demain défendre la vérité, parce que la vérité ne peut ni faire peur ni offenser", a annoncé de son côté mercredi Henrique Capriles, gouverneur de l'Etat de Miranda (nord) et deux fois candidat à la présidentielle sous l'étiquette de la MUD.

Si le président a mis de l'eau dans son vin en accédant à des exigences de la partie adverse (désignation d'un observateur neutre, publicité des débats, etc.), l'opposition, qui refusait il y a encore quelques jours d'y participer, a elle-même assoupli ses positions.

Elle ne pose plus par exemple comme préalable aux discussions la libération des personnes arrêtées durant ces deux mois de protestations, dont trois opposants politiques - deux maires et le dirigeant radical du parti Volonté Populaire (droite), Leopoldo Lopez -, accusés notamment d'attiser les violences.

Pour l'analyste John Magdaleno, l'opposition modérée s'est finalement résolue à dialoguer dans l'espoir "de faire entrer dans le débat public quelques thèmes" qui lui sont chers.

Rencontre symbolique sans précédent sous le mandat de Nicolas Maduro, l'issue de ce "dialogue" laisse toutefois "sceptique" cet expert pour qui tout dépendra de l'agenda des discussions, sur lequel les parties peinent encore à s'accorder.

bur-hdz/ag/ob

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.