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L'Opéra comique de Paris, berceau de "Carmen" et "Lakmé", fête ses 300 ans

L'Opéra comique de Paris, berceau de "Carmen" et "Lakmé", fête ses 300 ans

L'Opéra comique de Paris célèbre ses 300 ans la saison prochaine mais n'a jamais été aussi alerte: sous la férule de Jérôme Deschamps, la maison bénéficie depuis 2005 d'un "lifting" du bâtiment comme de la programmation, renouant avec son prestigieux passé.

Bizet y a créé "Carmen", aujourd'hui l'opéra le plus joué au monde, Offenbach ses "Contes d'Hoffmann" et Léo Delibes sa "Lakmé". Un genre bien particulier y a triomphé, "l'opéra comique", qui n'est pas forcément comique mais désigne une oeuvre alternant morceaux chantés et théâtre parlé. Il fallait bien s'imposer face aux deux grandes maisons de l'époque, avec chacune son monopole: la Comédie-Française pour le texte, et l'Opéra pour le chant.

Le XIXe siècle l'encense et ses créations enchantent l'Europe (Manon, Pélléas et Mélisande, l'Heure espagnole...) mais le XXe accompagne son déclin. La grande dépression l'oblige en 1939 à devenir une succursale de l'Opéra de Paris, et elle ne retrouve son autonomie qu'en 1971. Dans les années 2000, Jérôme Savary remplit la salle Favart, mais les grands spectacles qui y sont donnés n'ont plus grand chose à voir avec l'histoire du lieu.

"J'ai essayé de rendre à cette maison son identité, de la remettre dans son jus en quelque sorte", explique Jérôme Deschamps.

Sa succession est ouverte, avec une liste restreinte où figurent deux chefs d'orchestre de poids, Marc Minkowski et Laurence Equilbey, et Oliver Mantei, actuel second de Jérôme Deschamps. Ce dernier ne cache pas sa préférence pour "un intendant qui connait parfaitement la maison et saura aussi surveiller les travaux" qui vont s'y dérouler à partir de juillet 2015 pour 18 mois.

"On a retapé la salle, on a remis à la fosse à sa dimension, refait le grand foyer et installé un ascenseur pour les personnes à mobilité réduite", énumère Jérôme Deschamps. "Surtout, on a relancé l'identité artistique de la maison". Le pari n'est pas évident: lorsqu'il remonte "Ciboulette", délicieuse opérette de Reynaldo Hahn de 1923, il s'entend dire que "c'est périmé, ça ne marchera jamais". Le succès est au rendez-vous et le public, invité à chanter, sort de la salle en fredonnant "le refrain du muguet".

Ciboulette sera reprise en avril/mai. La saison s'ouvrira le 13 novembre sur une soirée du tricentenaire qui fait honneur aux plus grands succès de la maison, de Favart, Grétry, Harold à Ravel en passant par Bizet, Offenbach, Massenet ... La fine fleur du chant français sera là, avec Sabine Devieilhe, Julie Fuchs, Patricia Petibon, Frédéric Antoun, et Anna Caterina Antonacci, dont la magnifique "Carmen" de 2008/9 est restée dans les mémoires.

Puis ce sera "La Chauve-Souris" de Johann Strauss, dirigée par Marc Minkowski et mise en scène par Yvan Alexandre, "Les fêtes vénitiennes" de Campra par le duo William Christie/Robert Carsen, "Le pré aux clercs", immense succès de Hérold créé à l'Opéra comique en 1832 et "Les mousquetaires au couvent", une opérette ébouriffante où l'on voit de fringants mousquetaires courtiser des novices!

Pour maintenir son niveau de création avec un budget artistique diminué de 30% en 5 ans, l'Opéra comique multiplie les co-productions. On verra donc en février "Au monde", la création de Philippe Boesmans et Joël Pommerat produite avec La Monnaie de Bruxelles, et "Les Contes de la lune vague après la pluie", d'après le célèbre film de Mizoguchi de 1953, un opéra de chambre co-produit avec l'Opéra de Rouen.

mpf/fa/ia

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