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Cellules STAP: une affaire de rivalité entre chercheurs nippons?

Cellules STAP: une affaire de rivalité entre chercheurs nippons?

Accusée d'avoir trafiqué les données présentant ses recherches sur les cellules dites STAP, la chercheuse japonaise Haruko Obokata n'est pas la seule à avoir signé l'article scientifique incrimé: elle a été aidée par un aîné présenté comme rival du créateur des cellules iPS, le prix Nobel Yamanaka.

"Mme Obokata n'était pas seule pour cet article, le travail de rédaction a été effectué avec le professeur Yoshiki Sasai, parce qu'elle n'avait pas encore l'expérience suffisante", a souligné lors d'une récente conférence de presse le président du comité d'enquête du Riken, Shunsuke Ishii.

Le même a toutefois assuré ensuite que "c'est Mme Obokata la coupable des irrégularités relevées", à savoir des retouches d'images et l'utilisation de clichés déjà apparus dans sa thèse de doctorat soutenue en 2011.

Il n'en reste pas moins que M. Sasai est considéré comme co-responsable par le Riken. L'intéressé lui-même l'aurait reconnu et accepté que, dans ces conditions, soit étudiée la possibilité d'un retrait des articles parus dans la revue britannique Nature.

Malgré cela, certains médias nippons s'interrogent sur le rôle exact de M. Sasai, un biologiste renommé du Riken.

M. Sasai était aux côtés de Mme Obokata lors de la première conférence de presse de présentation des cellules STAP le 28 janvier, la veille de la publication dans Nature. Il avait même pris la parole à plusieurs reprises.

Or, le professeur Sasai est présenté comme un concurrent de Shinya Yamanaka, le créateur des cellules dites pluripotentes induites (iPS), une découverte majeure pour la médecine régénérative qui lui a valu en 2012 le prix Nobel de médecine.

Et sur les images d'archives de cette conférence de presse tenue avant que la polémique n'éclate, on constate que M. Sasai a plusieurs fois mis en avant les avantages des cellules STAP comparées aux iPS.

MM. Sasai et Yamanaka sont nés la même année, en 1962, sont tous les deux professeurs d'Université, et reconnus comme d'éminentes personnalités dans le domaine des recherches cellulaires.

"Il y a évidemment une compétition entre chercheurs et ces deux hommes peuvent naturellement être considérés comme des rivaux, mais cela n'a pas forcément de rapport direct avec l'affaire des cellules STAP", a commenté à la télévision un journaliste spécialisé de Nikkei BP, Mitsuru Miyata.

"Quoi qu'il en soit, je suis comme tout le monde très surpris que ce genre d'affaire survienne", a-t-il ajouté, Nature étant une publication réputée pour des contrôles sévères avant publication.

Le professeur Yamanaka a pour sa part jugé "dommage" cette mésaventure et souhaité "que les expériences soient reproduites pour vérifier l'existence de ces cellules STAP".

Par ailleurs, deux autres personnes ont pris part aux recherches: Teruhiko Wakayama, de l'Université de Yamanashi, et Charles Vacanti, de l'école de médecine de l'Université de Harvard.

M. Wakayama a effectué des expériences destinées à déterminer le caractère pluripotent des cellules STAP, c'est-à-dire leur indifférenciation et capacité à évoluer de plusieurs façons distinctes en fonction du milieu dans lequel elles sont cultivées.

Considéré comme un co-auteur des recherches, M. Wakayama était lui aussi présent à la conférence de presse du 28 janvier. Pourtant, c'est lui qui, après la parution dans Nature et le signalement de bizarreries dans les images présentées, a douté au point de demander le retrait de la publication.

"Je n'ai plus tout-à-fait la certitude que les cellules STAP existent", a-t-il déclaré peu après à la chaîne de télévision NHK.

M. Vacanti, lui, a continué de soutenir que le retrait de l'article n'était pas nécessaire, que les cellules STAP existaient, tout en reconnaissant des "erreurs mineures qui n'affectent ni le contenu, ni les données scientifiques ni les conclusions de l'article".

Le Riken vient de lancer de nouvelles recherches pour établir pour de bon si oui ou non les cellules STAP existent.

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