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Les déplacés appellent à l'aide au Darfour

Les déplacés appellent à l'aide au Darfour

Dans des abris de fortune, des milliers de déplacés tentent de s'abriter du soleil dans un camp au milieu désert du Darfour, après avoir fui les pires violences depuis dix ans dans cette région de l'ouest du Soudan.

Ces déplacés, dont nombre de femmes et d'enfants, attendent désespérément de la nourriture et des tentes pour survivre.

"Nous sommes arrivés il y a trois semaines du nord de Mellit, mais nous n'avons pas encore reçu d'aide", se désole Mohammedin Ishaq, 60 ans, l'un des plus anciens parmi les plus de 8.000 personnes ayant récemment rejoint, selon l'ONU, l'immense camp de Zam Zam, au sud-ouest d'El-Facher, la capitale du Darfour-Nord.

Mellit est situé à environ 75 km au nord de Zam Zam, le plus grand camp de déplacés du Darfour.

Cette région est le théâtre depuis 2003 d'affrontements entre l'armée alliée à des tribus, et des rebelles qui réclament la fin de la "marginalisation économique" du Darfour et un partage du pouvoir avec le gouvernement de Khartoum.

Depuis un an ce conflit, qui a fait des centaines de milliers de morts et plus de deux millions de déplacés selon l'ONU, se double d'une hausse de l'activité criminelle et de combats sanglants entre tribus arabes se disputant terre, eau et droits miniers.

"Nous n'avons presque plus d'argent et nous ne savons pas quoi faire", se lamente M. Ishaq, en soulignant que la chaleur écrasante rend leurs conditions de vie encore plus difficiles.

D'autres déplacés arrivés récemment expliquent que leurs foyers ont été incendiés par des assaillants non identifiés.

"Je ne sais pas pourquoi ils ont mis le feu à ma maison", confie Al-Toma Mohammed, 30 ans, qui a dû fuir la zone de Bashim, dans le Darfour-Nord, avec ses trois enfants.

Selon l'ONU, le nombre de personnes chassées de leur foyer par les violences cette année au Darfour est estimé à plus de 200.000, qui s'ajoutent aux quelque deux millions de déplacés déjà réfugiés dans des camps.

Selon le chef de la mission ONU-Union africaine au Darfour (Minuad) Mohamed Ibn Chambas, les civils ont notamment dû fuir leurs foyers en raison d'attaques perpétrées par les Rapid Support Forces (RSF), une composante des forces armées soudanaises. Mais le régime de Khartoum a contesté ces accusations.

"Ce que l'on a vu est terrible, des troupes pillant et brûlant tout", raconte Omer Adam, qui a fui El-Taweisha (sud-est de la province) à 120 km de Zam Zam. Inquiet, ce jeune homme de 27 ans refuse d'identifier les assaillants.

"La plupart des gens ici sont des femmes et des enfants. Nous voulons que le gouvernement et les agences de l'ONU nous fournissent des abris et des pompes à eau immédiatement", ajoute-t-il.

Un convoi de travailleurs humanitaires a quitté El-Facher pour Zam Zam lundi afin d'essayer de définir les besoins des nouveaux arrivants, a indiqué l'ONU.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha), après des semaines de difficiles tractations avec les autorités pour accéder à la région, une nette amélioration a été constatée fin mars.

Des évaluations ont déjà été menées dans certaines régions et le Programme mondial alimentaire (PAM) a dit fournir de la nourriture dans les districts d'El-Taweisha et d'El-Lait, au Darfour-Nord, et à Khor Abeche, au Darfour-Sud.

Malgré les informations inquiétantes, le gouverneur du Darfour-Nord, Osmane Kbir, s'est voulu rassurant, affirmant à la télévision locale que la situation humanitaire dans l'est de l'Etat, à Mellit, et autour d'El-Facher était "stable à 100%".

En attendant, les nouveaux réfugiés de Zam Zam vivent dans des conditions plus que précaires, s'abritant sous des arbres, dans les vestiges de maisons abandonnées ou dans des tentes faites de morceaux de tissus et de bois.

Tandis que les fillettes furètent à la recherche de bois, les garçons doivent marcher deux à trois kilomètres pour venir chercher de l'eau dans le quartier le plus ancien de Zam Zam, qui compte des maisons plus solides, en briques de boue.

Leur avenir semble bien sombre dans ce camp, qui accueille au total plus de 100.000 personnes et où, selon un chef tribal, l'usage des drogues est répandu parmi les jeunes, qui grandissent sans aller à l'école.

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