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A Madrid, les députés prêts à rejeter l'indépendance catalane

A Madrid, les députés prêts à rejeter l'indépendance catalane

Les députés espagnols s'apprêtaient à rejeter massivement, mardi, le projet de référendum sur l'indépendance de la Catalogne, que les nationalistes au pouvoir dans cette région veulent organiser le 9 novembre, encouragés par une lame de fond dans l'opinion publique.

"Je ne conçois pas une Espagne sans la Catalogne ni une Catalogne hors de l'Espagne et de l'Europe", a lancé le chef du gouvernement de droite, Mariano Rajoy, farouchement opposé à un referendum.

Devant la Chambre des députés, il venait d'écouter les représentants des partis nationalistes et indépendantistes catalans, venus défendre leur projet.

"Nous sommes venus au nom d'un peuple, le peuple catalan, qui veut et a toujours voulu se gouverner lui-même", a lancé Jordi Turull, le représentant de la coalition nationaliste CiU du président catalan, Artur Mas.

"Soyez sûrs que le moment est venu que la Catalogne vote et décide de son avenir", a-t-il ajouté.

Invoquant le "caractère indivisible" de la nation espagnole, plus de 80% des députés s'apprêtaient à rejeter le transfert de compétences que réclame la Catalogne à l'Etat espagnol pour organiser ce référendum.

Malgré ce résultat attendu, les dirigeants indépendantistes et nationalistes catalans, à commencer par Artur Mas, sous très forte pression de la rue, ont averti qu'ils poursuivraient sur la voie de l'autodétermination.

"Le 9 novembre, nous voterons. Nous ne renoncerons pas à la consultation parce que c'est notre dignité qui est en jeu", affirmait samedi Carme Forcadell, présidente de l'Assemblée nationale catalane (ANC), un puissant lobby pro-indépendance à l'origine d'immenses rassemblements depuis deux ans le 11 septembre, Jour de la Catalogne.

L'ANC a annoncé ce jour-là un calendrier devant conduire à une proclamation d'indépendance, même unilatérale, au plus tard le 23 avril 2015, jour de la Sant Jordi (Saint Georges), le saint patron des Catalans.

"Il est évident que nous allons voter", a affirmé mardi le porte-parole du gouvernement catalan, Francesc Homs, ajoutant qu'en vertu du statut d'autonomie de la Catalogne, datant de 2006, la région "dispose des compétences lui permettant d'organiser une consultation".

Faux, répondent les conservateurs au pouvoir à Madrid. Ils ont juré que le référendum n'aurait pas lieu, s'appuyant sur la Constitution de 1978 pour affirmer que la compétence d'organiser une telle consultation revient exclusivement à l'Etat espagnol.

Dans l'hémicycle, Mariano Rajoy a maintenu mardi sa ligne de fermeté. "Je veux les assurer une fois de plus de ma disposition au dialogue, mais sur les questions sur lesquelles la Constitution permet de dialoguer", a-t-il lancé.

"Il n'est pas vrai que la Catalogne souffre d'une pression insupportable. Il n'est pas vrai que sa langue est asphyxiée, il n'est pas vrai non plus qu'elle n'est pas aidée dans les difficultés", a-t-il ajouté.

Les députés de son parti, le Parti populaire, alliés à l'opposition socialiste et à plusieurs petits partis, s'apprêtaient donc à voter mardi soir pour tenter de faire barrage au référendum.

Le chef du Parti socialiste, Alfredo Perez Rubalcaba, s'est lui prononcé pour une réforme de la Constitution. "Aux tensions de notre Etat décentralisé, nous voulons répondre avec une réforme constitutionnelle qui nous permette d'avancer vers un Etat fédéral", a-t-il dit.

Le 9 novembre, les Catalans seront invités à répondre à cette double question : "voulez-vous que la Catalogne soit un Etat?", et si oui, "voulez-vous que cet Etat soit indépendant?"

Cette consultation, si elle a lieu, marquera le point d'orgue d'une forte poussée nationaliste dans cette région de 7,5 millions d'habitants, fière de sa langue et de sa culture, où les rancoeurs à l'égard de Madrid se sont nourries de la crise économique.

Frontalière de la France et ouverte sur la Méditerranée, région industrielle prospère durement frappée par la crise - sa dette publique était fin 2013 la plus élevée d'Espagne en montant brut (57,146 milliards d'euros) - la Catalogne reproche notamment à Madrid de ne pas redistribuer équitablement les richesses.

Dans ce contexte, l'expression du sentiment nationaliste a gagné en ampleur, à l'occasion par exemple du Jour de la Catalogne, date symbolique de la prise de Barcelone en 1714 par les troupes du roi d'Espagne Philippe V, dont la région célèbre cette année le tricentenaire.

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