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Paris et Kigali toujours incapables de commémorer le génocide rwandais 20 ans après

Paris et Kigali toujours incapables de commémorer le génocide rwandais 20 ans après

Vingt ans après le génocide rwandais dans lequel périrent quelque 800.000 personnes, essentiellement issues de la minorité tutsi, la France et le Rwanda, pourtant officiellement réconciliés depuis 2010, ne parviennent toujours pas à commémorer côte à côte le drame de 1994, semblant rejouer la même scène à dix ans d'intervalle.

Les autorités rwandaises continuent d'accuser la France, alliée en 1994 du régime du président Juvenal Habyarimana contre la rébellion majoritairement tutsi du Front patriotique rwandais (FPR) (1990-94), dirigée par Paul Kagame, d'avoir formé et armé les exécutants du génocide, mais aussi d'avoir participé aux massacres.

En outre, selon Kigali, l'Opération militaro-humanitaire française Turquoise lancée en juin 1994, sous l'égide de l'ONU et forte de 2.500 soldats, a été un moyen déguisé d'aider les responsables du génocide à fuir, ce que nie Paris qui estime qu'elle a permis de sauver de nombreuses vies.

M. Kagame, devenu l'homme fort du Rwanda, n'a eu de cesse de réclamer à la France des excuses pour ses actions passées. En 2010, le président Nicolas Sarkozy, en visite à Kigali, avait admis de "graves erreurs" d'appréciation, mais n'avait pas présenté d'excuses.

En 2004 déjà, le 10è anniversaire du génocide avait donné lieu à un incident entre Kigali et Paris.

A son arrivée au Rwanda, le secrétaire d'Etat français aux Affaires étrangères, Renaud Muselier, déclarait pourtant vouloir "partager la souffrance" du peuple rwandais.

"Individuellement et collectivement, nous avons tous des responsabilités. Il est important que la France soit là, soit présente", avait-il dit.

Mais le lendemain, en pleine commémoration, devant une quinzaine de délégations étrangères, dont la France, Paul Kagame s'en prend une nouvelle fois violemment aux Français qui "ont l'audace de rester là sans s'excuser" pour leur rôle controversé pendant le génocide.

Un communiqué du ministère français des Affaires étrangères qualifie aussitôt ces accusations de "graves et contraires à la vérité".

Renaud Muselier ne quitte le stade qu'à la fin de la cérémonie. Mais quelques heures plus tard, la délégation française décide d'écourter sa visite et quitte le Rwanda avant la fin des cérémonies.

"Dix ans plus tard, on n'a toujours pas entendu un seul mot de remords (de la part de la France). D'autres pays dont les rôles dans ce qui s'est passé ici sont bien moins importants ont demandé pardon", fait alors remarquer à l'AFP le chef de la diplomatie rwandaise, Charles Murigande. "Qu'il s'en aille alors", lance-t-il, à l'adresse de M. Muselier.

En 2014, l'histoire semble se répéter: alors que la garde des Sceaux Christiane Taubira a été choisie par le président François Hollande pour représenter la France à partir de lundi aux cérémonies du 20e anniversaire du massacre, Paul Kagame a accusé Paris dans une interview publiée dimanche d'avoir joué un "rôle direct dans la préparation du génocide" et d'avoir participé "à son exécution même".

L'Elysée a déploré des déclarations qui ne vont "pas dans le sens de l'apaisement". Et le Quai d'Orsay a annoncé dans la foulée que la France annulait sa participation aux commémorations.

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