Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Dans l'ancienne capitale des talibans, un scrutin bien plus réussi qu'en 2009

Dans l'ancienne capitale des talibans, un scrutin bien plus réussi qu'en 2009

A Kandahar, les attaques et la tension de l'élection de 2009 n'étaient samedi qu'un mauvais souvenir: dans la grande ville du sud afghan et ancienne capitale du régime taliban, les électeurs ont été plus nombreux et le vote calme.

Comme en 2009, les rebelles talibans avaient multiplié les menaces pour détourner les Afghans de cette présidentielle, la troisième depuis leur chute en 2001, et à leurs yeux une nouvelle "farce" orchestrée par leurs ennemis occidentaux.

Mais comme dans le reste du pays, le vote s'est déroulé sans incident majeur, et on a même vu des foules se presser aux bureaux de vote.

"Il y avait des inquiétudes concernant les insurgés mais tout le monde avait envie de sortir et de participer", explique Abdullah, un étudiant kandahari de 23 ans. "C'est bon de voir que tant de gens avaient envie de voter, par rapport à ce qu'on a vu dans le passé. Et pour moi, voter était une décision importante".

Seuls quelques hommes, et peu de femmes, avaient participé aux élections de 2009. Pour deux raisons selon nombre de sources locales: les talibans, qui avaient menacé de couper les doigts de quiconque serait retrouvé avec de l'encre (utilisé pour marquer le vote, ndlr), et le manque d'intérêt face à la réélection annoncée du président Karzaï.

Avec, au final, une participation désastreuse de 5% (contre 30% au niveau national), selon elles.

Kandahar reste aujourd'hui une ville à risques, car entourée de bastions rebelles. Mais la sécurité s'y est largement améliorée depuis deux ans, sous la poigne de fer du général Abdul Raziq, controversé chef de la police locale qui a quadrillé la ville avec ses forces.

"J'ai voté dans un climat pacifique, sans être menacée par les talibans et personne n'a cherché à faire pression sur moi pour me dire comment voter", a déclaré Shah Bibi, une femme de 20 ans, en sortant d'un bureau de vote.

"Je suis heureuse, j'ai pu voter pour mon candidat préféré".

De fait, la longueur des files d'attente, et le nombre de femmes, souvent couvertes de burqas, ont créé la surprise.

"J'ai voté pour M. Karzaï la dernière fois. Ils nous avait promis de l'électricité et des emplois, mais il n'a pas tenu ses promesses", a dit Jawed Ahmad, 27 ans. "Cette fois j'ai voté pour Ashraf Ghani parce que lui aussi a dit qu'il nous donnerait ceci".

Comme dans tout le pays, des électeurs ont exprimé leur crainte de manquer de bulletins et d'attendre trop longtemps.

"Les responsables et les gens se sont plaints du manque de bulletins", a dit Dawa Khan Meenapal, porte-parole du gouvernement provincial. "Certains endroits étaient à court de bulletins avant même le déjeuner".

En 2009, l'ONU comme la Commission indépendante afghane des droits de l'Homme avaient décrit Kandahar comme noyée dans la corruption et les violences (enlèvements, menaces, bourrages des urnes) lors de l'élection présidentielle.

Aucune violence ou attaque majeure n'a été observée samedi à Kandahar, et les chiffres locaux de la participation sont attendus dans les prochains jours. Et cela prendra encore plus de temps pour évaluer correctement les dessous du scrutin, notamment en matière de corruption et de fraudes.

str-bgs/pdw/emd-eg/bir

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.