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Rose, gris ou noir: 3 scénarios possibles après la présidentielle afghane

Rose, gris ou noir: 3 scénarios possibles après la présidentielle afghane

L'élection présidentielle qui se tenait samedi en Afghanistan ouvrira une nouvelle ère après 13 ans de pouvoir de Hamid Karzaï et à quelques mois du départ prévu de l'Otan qui le soutient face aux rebelles talibans.

Voici plusieurs scénarios possibles pour l'après-élection, dans un pays toujours en proie au doute, à l'anxiété et à l'instabilité.

Après la faible participation et les nombreuses fraudes et violences de la précédente présidentielle en 2009, rares sont ceux qui s'attendent à un scrutin parfait, même si l'ONU continue d'espérer un vote "crédible, rassembleur et transparent".

L'élection de samedi sera considérée comme un grand succès si les rebelles talibans ne parviennent pas à la faire dérailler, comme ils le prévoient, si la participation est supérieure aux quelque 30% de 2009 et si le résultat n'est pas trop faussé par les fraudes.

Le nouveau président pourrait alors promouvoir la paix et la réconciliation et aider le pays à commencer à émerger comme une nation indépendante après le retrait de ses parrains de l'Otan.

Il pourrait alors relancer le partenariat avec les États-Unis, qui restent de loin le premier bailleur de fonds et soutien militaire de Kaboul.

Ce déblocage pourrait permettre aux deux pays de signer rapidement le traité bilatéral de sécurité (BSA), souhaité par Washington mais que M. Karzaï a refusé de parapher et qui doit permettre aux Américains de laisser un petit nombre de troupes dans le pays après la fin 2014. Et apaiser les craintes d'une flambée de violences et d'un tarissement de l'aide internationale.

Un verdict électoral largement approuvé par les Afghans pourrait également permettre aux pays étrangers qui ont envoyé des soldats en Afghanistan de montrer que les sacrifices et l'aide versée en parallèle n'étaient pas vains.

Le vote de samedi pourrait donner le départ d'une longue période de tractations, débats et disputes jusqu'à l'intronisation du nouveau chef de l'État, peut-être en août ou plus tard.

Les résultats préliminaires de ce premier tour sont attendus vers le 24 avril. Si, comme cela est anticipé, aucun candidat ne franchit la barre des 50% des votes, un deuxième tour, prévu le 28 mai, opposera les deux premiers.

Il entraînera une nouvelle phase de dépouillement et de probables controverses jusqu'à la fin juin, lorsque commencera le mois de jeûne du ramadan. Des délais qui ne sont pas de nature à apaiser les passions.

"Il semble qu'un processus électoral très chaotique soit la seule chose que l'on puisse prévoir avec confiance" dans la situation actuelle, estimait récemment le Réseau des analystes sur l'Afghanistan, basé à Kaboul, dans un rapport.

Cette incertitude pourrait miner encore plus la fragile économie du pays, faute d'une nouvelle administration pour adopter des textes importants tels que la loi minière, attendue depuis longtemps par les investisseurs.

Une option serait de voir les négociations entre les deux premiers déboucher sur un gouvernement de coalition présidé par le premier, annulant de facto le deuxième tour. Pourrait-elle satisfaire toute le monde? Cela restera à voir.

Avoir un vainqueur incontestable suppose que ses rivaux concèdent leur défaite. Mais rien ne le garantit, surtout avec le souvenir des fraudes passées.

Si un candidat mécontent appelle ses partisans à prendre la rue pour dénoncer une élection "volée", l'Afghanistan pourrait voir sa stabilité menacée comme jamais depuis la chute des talibans à la fin 2001.

Le camp d'Abdullah Abdullah a prévenu qu'il n'avalerait pas une fois de plus "l'amère couleuvre" de cette année-là, lorsqu'il avait dénoncé des bourrages d'urnes massifs en faveur du président sortant Karzaï et lui avait laissé la victoire en se retirant du second tour.

La campagne a, à ce jour, été largement préservée des dangereux discours ethnico-centrés, mais toute flambée de violences politiques pourrait exacerber les traditionnels fossés ethniques entre Pachtounes, Tadjiks, Ouzbeks, Hazaras...

Les tensions seront de plus à leur comble en fin d'année au moment du retrait de l'Otan, au risque de faire resurgir le spectre des pires années de l'Afghanistan moderne, celles de la sanglante guerre civile de 1992-1996.

L'absence de chef de l'État pourrait alors menacer l'aide internationale et les relations avec les États-Unis, et éteindre tout espoir de négociations avec les talibans pour mettre fin à plus de 30 ans de guerres.

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