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La Russie fait payer à l'Ukraine le prix fort pour son gaz

La Russie fait payer à l'Ukraine le prix fort pour son gaz

La Russie a accru mardi la pression sur l'Ukraine en augmentant de plus d'un tiers le prix du gaz qu'elle lui vend, au moment où les pays de l'Otan se concertent à Bruxelles sur leur stratégie.

Le patron du géant russe Gazprom, Alexeï Miller, a annoncé mettre fin au rabais accordé en décembre à Kiev en échange de son renoncement à un accord avec l'Union européenne, ce qui augmente le prix de plus d'un tiers, à 385,5 dollars les 1.000 mètres cubes.

Après la chute fin février du président Viktor Ianoukovitch et la mise en place d'un pouvoir pro-européen, Gazprom avait averti qu'il reviendrait dès le deuxième trimestre sur cette réduction et ferait payer l'Ukraine au prix fort.

La réduction avait été accordée en décembre dans le cadre d'un vaste plan d'aide financière de 15 milliards de dollars, qui est désormais caduque.

"C'est une déclaration tout à fait attendue", a réagi le patron du groupe gazier ukrainien Naftogaz Andriï Kobolev.

Kiev est toutefois sous la menace d'une hausse encore plus forte: les autorités russes ont en effet fait savoir qu'elles pourraient mettre fin à une autre ristourne de 100 dollars, accordée en avril 2010 dans le cadre d'un accord sur la prolongation du bail de la Flotte de la mer Noire dans sa base historique de Sébastopol, en Crimée.

Cela ferait passer le gaz russe à environ 480 dollars les 1.000 mètres cubes, l'un des tarifs les plus élevés appliqués aux pays européens, alors que l'Ukraine est en grande difficulté économique et compte désormais sur une aide occidentale et du Fonds monétaire international (FMI).

L'accord sur la Flotte de la mer Noire est actuellement en cours de dénonciation, Moscou arguant qu'il n'a plus lieu d'être, la Crimée ayant été rattachée en mars à la Russie.

A Kiev, le Parlement a ordonné le désarmement des groupes paramilitaires qui ont participé à la contestation pro-européenne et contrôlent toujours le centre de Kiev, au lendemain d'une fusillade provoquée par un membre du mouvement nationaliste Pravy Sektor à Kiev.

Côté occidental, les chefs de la diplomatie des 28 pays membres de l'Otan doivent se concerter dans l'après-midi à Bruxelles, pour examiner notamment un renforcement de la présence de l'Alliance atlantique en Europe de l'Est, un sommet précédé par une réunion en plus petit comité du "Triangle de Weimar" regroupant les ministres des Affaires étrangères allemand, français et polonais.

Le Parlement à Kiev a approuvé mardi la tenue cette année de manoeuvres conjointes avec l'Otan en territoire ukrainien, et en mer Noire, qui devraient susciter de vives réactions en Russie.

L'Alliance organise mardi à Vilnius un exercice sur la surveillance du ciel dans les pays baltes, trois ex-républiques soviétiques désormais membres de l'Otan et de l'UE et préoccupées par l'attitude de Moscou. Des avions suédois et américains y participeront.

Le Congrès américain doit de son côté valider mardi un plan d'aide à l'Ukraine doublé d'une série de sanctions contre la Russie en représailles au rattachement de la Crimée.

Le plan prévoit la garantie de prêts à hauteur d'un milliard de dollars, mais aussi 50 millions de dollars pour l'aide à la démocratie, et 100 millions de dollars sur trois ans pour la coopération en matière de sécurité.

Il comporte également de nouvelles sanctions renforcées contre des ressortissants russes et ukrainiens responsables de violations des droits de l'homme ou de corruption en Ukraine.

La Russie avait suscité lundi des espoirs de détente, malgré l'échec la veille de pourparlers russo-américains à Paris, en annonçant un retrait partiel de ses troupes massées près de la frontière ukrainienne.

Les États-Unis sont toutefois restés prudents, estimant que ces informations devaient être vérifiées avant d'être commentées.

La présence de ces soldats -- 20.000 selon Washington -- a fait craindre une invasion de la partie orientale de l'Ukraine, en grande partie russophone, et une répétition du scénario qui a conduit à la perte de la Crimée, au sud.

Russes et Occidentaux s'opposent sur la question du statut des régions ukrainiennes.

Le Kremlin insiste sur l'adoption en Ukraine du fédéralisme pour défendre les régions russophones de l'Est.

Cette demande a pour l'heure été rejetée par les autorités de Kiev et Washington.

En visite au Tadjikistan, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a affirmé mardi que la Russie ne présentait aucune menace pour son voisin ukrainien.

"La menace sur la structure de l'Etat en Ukraine vient de la profonde crise politique et économique, et non de la Russie", a-t-il déclaré.

"Nous ne voyons d'issue que dans un règlement politique en tenant compte des intérêts et droits de tout le peuple ukrainien", a-t-il ajouté.

bur-edy/lpt/ros

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