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Des troupes de l'OTAN en Ukraine

Des troupes de l'OTAN en Ukraine

Des troupes de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) fouleront vraisemblablement le sol de l'Ukraine d'ici quelques semaines à l'occasion de manoeuvres militaires conjointes, dont certaines se dérouleront en mer Noire, non loin de la Crimée.

Le Parlement ukrainien a approuvé mardi un projet de loi prévoyant que ses soldats participeront à sept exercices militaires distincts avec des contingents de l'alliance militaire sur son territoire.

Quelque 7000 soldats de 17 pays participeront à ces exercices, qui se dérouleront dans l'ouest de l'Ukraine et en mer Noire. Il s'agit des exercices:

  • Rapid Trident 2014 et Sea Breaze 2014, avec les forces américaines;
  • Public Order 2014, avec la participation de la police militaire polonaise;
  • Safe Sky 2014, avec l'aviation polonaise;
  • Light Avalanche 2014 et Carpates 2014, avec des forces multinationales;
  • Sud 2014, avec des unités d'infanterie de montagne roumaines et moldaves.

Le projet de loi, qui avait été déposé le 26 mars par le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov, a été approuvé à l'unanimité des 235 députés ukrainiens présents. « C'est une bonne occasion pour développer nos forces armées », a commenté le ministre de la Défense, Mikhaïlo Koval.

Réunis à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères des 28 pays membres de l'OTAN ont confirmé par voie de communiqué qu'ils ont convenu d' « intensifier » leur relation avec l'Ukraine, en mettant en oeuvre « des mesures immédiates et à plus long terme destinées à renforcer l'aptitude de l'Ukraine à assurer sa propre sécurité ».

Ils n'ont cependant donné aucun détail sur les exercices militaires conjoints annoncés plus tôt en matinée par l'Ukraine.

Un second communiqué publié par la commission conjointe OTAN-Ukraine précise que les deux parties vont « intensifier leur coopération et promouvoir des réformes de la défense par le biais de programmes de renforcement et de développement des capacités ».

« Les pays de l'OTAN renforceront également le Bureau de liaison de l'OTAN à Kiev en y envoyant des experts supplémentaires », peut-on aussi lire dans cette déclaration commune.

L'Ukraine ne fait pas partie de l'OTAN, mais a signé un accord de partenariat avec l'alliance militaire en 1997.

Le Parlement ukrainien a également voté pour le désarmement des groupes paramilitaires, dont certains contrôlent le centre de Kiev depuis les manifestations qui ont mené à la destitution du président prorusse Viktor Ianoukovitch, en février.

Une forte majorité des députés présents ont voté pour cette mesure, réclamée notamment par Moscou qui dit craindre pour la sécurité des populations russophones ukrainiennes.

L'OTAN suspend sa collaboration avec Moscou

Les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN, qui se réunissaient pour une première fois depuis l'annexion de la Crimée par la Russie, ont aussi annoncé qu'ils ont décidé de « suspendre toute coopération civile et militaire pratique entre l'OTAN et la Russie » jusqu'à nouvel ordre.

« Notre dialogue politique au sein du Conseil OTAN-Russie peut se poursuivre, selon les besoins, au niveau des ambasssadeurs et à un niveau plus élevé, pour nous permettre des échanges de vues, avant tout sur cette crise », précise le communiqué des ministres des Affaires étrangères.

L'OTAN réitère par ailleurs qu'elle condamne « l'intervention militaire illégale de la Russie en Ukraine » et « la violation par la Russie de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine », et qu'elle ne reconnaît pas « la tentative illégale et illégitime d'annexion de la Crimée ».

Les relations OTAN-Russie, indiquent les ministres des Affaires étrangères, seront réexaminées lors de la prochaine réunion de l'alliance, en juin, à Chicago.

La Commission OTAN-Ukraine a pour sa part appelé Moscou à procéder à une « désescalade » en Ukraine. Elle demande spécifiquement à la Russie de:

  • ramener le niveau de ses troupes en Crimée à ceux d'avant la crise et en les repliant sur leurs bases;
  • réduire ses activités militaires le long de la frontière ukrainienne;
  • revenir sur l'« annexion » illégale et illégitime de la Crimée;
  • s'abstenir de tout nouvel acte d'ingérence ou d'actions agressives en Ukraine;
  • respecter les droits de la population ukrainienne, et notamment ceux des Tatars de Crimée;
  • à se conformer à ses obligations internationales et à respecter le droit international.

L'OTAN a aussi annoncé qu'elle a adopté « un ensemble de mesures destinées à approfondir la coopération avec d'autres partenaires de l'OTAN en Europe orientale », en consultation avec eux, dans le cadre des programmes bilatéraux existants.

Pas de retrait des troupes russes, selon l'alliance transatlantique

Avant la rencontre des chefs de la diplomatie des pays membres, le secrétaire général de l'alliance militaire, Anders Fogh Rasmussen, a fait savoir que l'OTAN n'a constaté aucun retrait des troupes russes que Moscou a récemment massées à la frontière est de l'Ukraine.

« Malheureusement, je ne peux pas confirmer le fait que la Russie retire des troupes. Ce n'est pas ce que nous constatons », a déclaré M. Rasmussen avant une réunion des ministres des Affaires étrangères des 28 pays membres de l'OTAN, qui se tient à Bruxelles.

« Le déploiement militaire massif ne peut en aucune façon contribuer à faire baisser la tension [...]. J'appelle de nouveau la Russie à retirer ses troupes, à respecter ses obligations internationales et à ouvrir un dialogue constructif avec l'Ukraine », a-t-il ajouté.

Lundi, le ministère russe de la Défense a annoncé que le 15e bataillon d'infanterie motorisée du district militaire du centre avait terminé ses manoeuvres dans la zone de Kadamovski, près de la frontière de l'Ukraine, et qu'il allait retourner dans la région de Samara, plus à l'est, où il est basé.

Vladimir Poutine a aussi informé la chancelière allemande, Angela Merkel, « du retrait partiel des forces russes qu'il a ordonné à la frontalière orientale de l'Ukraine », a fait savoir le porte-parole de Mme Merkel lundi.

Un responsable du ministère ukrainien de la Défense, le général Oleksandr Rozmaznine, a également fait état lundi d'une diminution des effectifs militaires russes massés à la frontière de l'Ukraine, sans être en mesure de chiffrer cette baisse.

Le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, avait dit ne pas être en mesure de confirmer l'information. Le retrait des troupes russes, a-t-il dit, est une « étape nécessaire pour avoir une discussion sérieuse » en vue d'une « désescalade ».

Le secrétaire d'État américain John Kerry a déclaré dimanche à son homologue russe Sergueï Lavrov qu'une résolution de la crise en Ukraine passe par un retrait de ces forces russes, dont le nombre exact reste inconnu. Washington estime qu'il y en a 20 000.

La présence de troupes russes à l'est de l'Ukraine faisait craindre à Kiev une invasion de sa partie orientale, en grande partie russophone, et une répétition du scénario qui a mené à l'annexion de la Crimée par la Russie.

Le Congrès américain doit pour sa part se prononcer mardi sur un plan d'urgence pour l'Ukraine, qui est en grande difficulté financière. Le plan comprend une garantie de prêt de 1 milliard de dollars, 100 millions de dollars sur trois ans pour la coopération en matière de sécurité, et 50 millions pour l'aide à la démocratie.

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