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A Lviv, Sébastopol battu sous les slogans patriotiques

A Lviv, Sébastopol battu sous les slogans patriotiques

En attendant de rejoindre le championnat de Russie, les footballeurs de Sébastopol s'enfoncent dans le ventre mou du championnat ukrainien: sèchement battus à Lviv (2-0) samedi, ils ont surtout pu entendre les slogans nationalistes de leurs supporteurs et les huées adressées à Vladimir Poutine.

Sébastopol, l'un des deux clubs de Crimée en première division du championnat d'Ukraine, disputait là son premier match depuis le référendum-plébiscite qui a officialisé le passage de la péninsule dans le giron russe.

L'équipe se déplaçait dans un véritable fief nationaliste, farouchement opposé à toute domination de Moscou.

Les visiteurs, dont les dirigeants se préparent à rejoindre le championnat russe la saison prochaine, ont vite compris à quelle sauce ils allaient être mangés. A leur entrée sur le terrain, les joueurs de Lviv étaient vêtus de T-shirt indiquant en ukrainien et en russe: "Pays uni".

Quant aux enfants qui escortent traditionnellement les joueurs avant le coup d'envoi jusqu'à la présentation des équipes, ils arboraient des drapeaux aux couleurs jaunes et bleus de l'Ukraine, qui se sont envolés, accrochés à des ballons.

Malgré un stade très parsemé, avec seulement 3.000 spectateurs, la rencontre a été animée. Seuls huit supporters de Sébastopol ont osé faire le déplacement.

Dès le début du match, les tribunes prennent des allures de Maïdan: les supporters du Carpates Lviv scandent les slogans de la révolution. "Gloire à l'Ukraine! Gloire aux héros" entend-on, en écho aux trois mois de contestation des manifestants pro-européens, qui ont abouti à la destitution du président Viktor Ianoukovitch.

Changement d'ambiance après 20 minutes de jeu et l'ouverture du score de Lviv (1-0). Sur un rythme latino, les supporters locaux ciblent désormais le président russe. Les paroles: "Poutine, pédé!".

"Ce qu'il fait à la Crimée, c'est le début de la fin pour la Russie", commente un supporteur de Lviv à son voisin. "Il est temps", réplique ce dernier.

Deuxième période: les supporteurs des deux camps se répondent les uns aux autres. "Sébastopol" crie-t-on côté Lviv. "C'est l'Ukraine!", réagissent les visiteurs.

Quelques minutes avant la fin du match, les supporters de Carpates rejoignent ceux de Sébastopol dans leur tribune. "La Crimée, c'est l'Ukraine!" scande le stade comme un seul homme, avant d'entonner l'hymne ukrainien, dans un "flash mob" préparé à l'avance.

Sur le terrain, Sébastopol se décompose et le Carpates assure sa victoire grâce à un second but cinq minutes avant le coup de sifflet final (2-0).

Lviv ravit à Sébastopol la 10e place du classement, sur les 15 équipes que compte la première division ukrainienne. Le club de Crimée est désormais 11e.

Lors de son précédent match, le 15 mars, à la veille du plébiscite pro-russe, Sébastopol avait fait pire avec une déroute 3 à 0 contre Dniepropetrovsk.

L'autre grand club de Crimée, Tavria, basé à Simféropol, chef lieu de la péninsule, se porte encore plus mal. Il s'est incliné jeudi 1 à 0 sur les terres du Metallurg Zaporijia et se retrouve en toute fin du classement.

"S'ils veulent jouer en deuxième ou troisième division en Russie, ou en championnat régional, tant pis pour eux", balaie Taras, un supporter de Lviv. "Mais s'ils veulent jouer en premier division ukrainienne, ils n'ont qu'à rester".

Dans les faits, raconte Igor, venu de Sébastopol, "90% des supporters en Crimée" sont acquis au passage côté russe. "Ceux qui sont venus à Lviv sont des héros, ils auront des problèmes en Crimée. Ils ont peur: nous vivons dans un Etat policier", poursuit-il, racontant avoir reçu une visite du président du club, accompagné des forces de l'ordre.

A ses côtés, Kostiantyn s'inquiète pour l'avenir de l'équipe. "Ils ne joueront pas dans le championnat de Russie, parce que le club sera menacé par les sanctions de l'UEFA. Le sport sans politique, c'est du passé".

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