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The Soil, le nouveau son a cappella d'Afrique du Sud

The Soil, le nouveau son a cappella d'Afrique du Sud

Vous avez aimé les Ladysmith Black Mambazo, le mythique ensemble vocal zoulou vainqueur de quatre Grammy Awards? Vous allez adorer The Soil, le nouveau son a capella d'Afrique du Sud: urbain jusqu'à la moelle et en vedette au 15ème Jazz Fest du Cap (sud) vendredi.

A l'ombre de leurs illustres devanciers, sur scène depuis 1960, ce jeune trio a développé une étonnante maestria, terriblement décontractés dans le mélange des influences, hip hop, soul, afro-pop, jazz, et infiniment sérieux quand ils chantent, à voix nue au micro.

Pas d'instrument de musique, c'est la règle. Une nécessité aussi au début: ils ont tous grandi à Soweto, le plus célèbre township noir d'Afrique du Sud, sans piano, ni batterie, ni partition -aucun ne sait lire la musique- mais sous l'influence des légendes locales du jazz.

A l'écoute, l'illusion est parfaite: on oublie immédiatement qu'il n'y a pas d'instruments.

Luphindo, 27 ans, le beatboxer, assure la boîte à rythmes avec la bouche, mimant instinctivement le pincement d'une guitare basse à l'aide de ses mains.

Son frère Ntsika, 25 ans, qui soigne son profil d'intellectuel branché, portant de fausses lunettes ou d'autres accessoires non moins improbables, alterne au chant avec Buhle, gironde beauté de 26 ans et seule femme du groupe. Les trois se sont connus il y a dix ans au lycée.

Accueillis en fanfare à l'Apollo Theatre de New York et au festival d'Edinburgh en 2013, ils ont été repérés par un ancien du label de référence Gallo Music, Sipho Sithole, qui sillonne le pays à la tête de sa propre maison de disques, Native Rhythms Productions.

Luphindo, Buhle et Ntsika offraient le parfait tiercé gagnant: un son qui réveille (moderne mais enraciné dans la tradition), une identité au-delà des frontières (Soweto) et un aplomb naturel, à la scène comme à la ville, une impertinence, un look.

Les paroles, co-écrites à trois, "à la règle de la majorité!" s'exclame la chanteuse, sont contemporaines à souhait, pour l'essentiel en xhosa et en anglais, humoristiques ou graves, déclinant le vécu d'un pays dont la majorité des habitants a moins de 25 ans et beaucoup pas de travail. Ca parle d'amour, de famille, de voisinage.

"C'est 1% de fantaisie et 99% de réalité", explique Ntsika. "La musique que nous faisons est inspirée par tout ce qui se passe dans notre vie, elle a une saveur très quotidienne. Pour les chansons d'amour, on part de nos expériences, on en rit, on en joue et les gens s'attachent à cette sorte de musique".

"Par exemple on chante sur la pauvreté qui frappe autour de nous, et on met de l'espoir dans ces histoires tristes", enchaîne Buhle.

Pour "The Soil", l'aventure a commencé sur les bancs de l'école en 2004.

"On avait des cours de musique qui ressemblaient plus à des séances de poésie, ou de rap parfois. Puis c'est devenu plus musical, on était 25 environ. A partir de 2005, on a pris ça au sérieux et on a commencé à répéter, à avoir une dizaine de chansons", se souvient Ntsika.

Dix ans plus tard, le groupe a déjà un double disque de platine (plus de 100.000 CD) avec son premier album, plus de 300.000 fans, et l'affiche du festival de jazz du Cap, qui lui apporte la consécration.

Qu'importe qu'il soit de plus en plus "poppy", sous-entendu plus éloigné du jazz pur et tourné vers la variété, "dans le top five des cinq endroits où l'on rêvait un jour de se produire quand on a commencé à chanter et formé le groupe, il y a toujours eu Le Cap", dit Ntsika.

"On est super impatients, on est prêts, c'est un événement grand et glorieux", ajoute-t-il.

"Ca veut dire qu'on y est arrivés, qu'on est élus", exulte Buhle, qui soupire désormais après d'autres chimères qu'une forte dose de talent pourrait bien faire devenir réalité: enregistrer avec Joseph Shabalala, le fondateur des Ladysmith Black Mambazo qui vient juste d'annoncer sa retraite à 73 ans, égaler son succès international.

"La base de la musique, on le sait tous, c'est le son a capella. On a choisi de s'y tenir et ce qu'on aime avec Mambazo, c'est qu'il s'y est tenu lui-aussi, il n'a jamais eu honte de chanter en zoulou à l'étranger tout en étant capable de toucher l'âme du public de différentes manières", dit-elle. "Et nous espérons faire pareil avec notre musique".

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