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Mexique : vague de violence autour de la capitale

Mexique : vague de violence autour de la capitale

Alors que le nombre d'homicides a chuté ces derniers mois au Mexique, une vague de violence touche la banlieue de la capitale, avec son lot de corps jetés sur les bas-côtés des routes, d'enlèvements en plein jour et de victimes de racket.

Cette poussée de la criminalité dans l'Etat de Mexico, sorte de fer à cheval autour de la capitale, est un défi pour le président Enrique Peña Nieto, alors qu'il a fait de la diminution de la violence un des ses objectifs principaux et que le phénomène touche un Etat dont il a été le gouverneur.

L'actuel gouverneur de l'Etat, Eruviel Avila, a estimé qu'il s'agissait d'un phénomène "atypique et temporaire", due à la réaction de groupes criminels aux abois face à l'action des forces de sécurité.

L'une des explications donnée par les officiels est "l'effet cucaracha" (cafard), quand des offensives contre les criminels dans une région provoque leur éparpillement vers d'autres zones.

La crainte est maintenant que ces violences se propagent vers la ville de Mexico, jusqu'à présent relativement épargnée.

"Une partie du problème c'est que l'Etat de Mexico a des frontières avec huit autres Etats", explique à l'AFP sa responsable de la sécurité, Rocio Alonso Rios.

"C'est ce qui a compliqué la situation", dit-elle en soulignant que parmi ces voisins figurent les Etats du Michoacan, de Guerrero et de Morelos, connus pour leur violence endémique, liée à l'activité des narcotrafiquants.

Mais des experts en sécurité soulignent que l'Etat de Mexico, le plus peuplé du pays, est depuis longtemps aux prises avec la violence, y compris durant la période où Peña Nieto en fut le gouverneur, entre 2005 et 2011.

"C'est la norme et c'est permanent", selon Alejandro Hope, un ancien agent du renseignement, actuellement expert en sécurité.

Après les quelque 70.000 morts liées à la drogue recensées durant le sexennat de son prédécesseur, Peña Nieto souligne que le nombre des homicides a chuté depuis son arrivée à la présidence en décembre 2012.

Mais l'Etat de Mexico va apparemment à contre-courant. Il a enregistré 374 homicides lors des deux premiers mois de 2014, contre 303 durant la même période de l'année précédente. Enlèvements et racket ont également augmenté.

Les autorités locales font valoir qu'elles ont démantelé 14 gangs spécialisés dans les enlèvements et renforcé le déploiement des forces de police sur les voies publiques.

A Cuautitlan Izcalli, une municipalité de 600.000 habitants dans la banlieue nord de Mexico, on a enregistré 38 meurtres depuis janvier, pour la plupart des exécutions par balle.

"De janvier à la mi-mars, nous avons eu un problème constant d'exécutions. Pas une semaine sans exécuté", explique Hector Karim Carvallo Delfin, le maire.

"Les gens ont eu très peur. Cela ne nous était jamais arrivé", dit-il, mettant en cause le fameux "effet cucaracha".

Des corps ont été abandonnés sur la voie publique, certains accompagnés de messages provenant du cartel du Golfe, implanté au nord-est du Mexique.

Un après-midi récent, 20 policiers opèrent des contrôles de véhicules dans une partie chaude de la zone.

"C'est très bien ainsi. Nous avons plein de criminels", dit José Rosas, 61 ans, contremaître dans une usine de sacs, qui a été déjà été victime trois fois depuis janvier de vols à main armée.

Dans une petite épicerie, le patron Ismael Hernandez raconte que le mois dernier un homme est venu le menacer de mettre fin à sa "protection" s'il ne le payait pas.

"La criminalité continue malgré les opérations" de police, estime cet homme de 50 ans.

D'autres banlieues de Mexico, métropole de 20 millions de personnes, ont été le théâtre récent de violences criminelles.

La chaîne de télévision Milenio a diffusé l'enregistrement vidéo de l'attaque le mois dernier d'un bar à karaoké à Netzahualcoyotl, lors de laquelle cinq hommes ouvrent le feu et tuent deux personnes.

Francisco Rivas, directeur de l'Observatoire national citoyen, une organisation civile dédiée aux questions de sécurité, estime que le problème pourrait être encore plus grave qu'officiellement reconnu, car l'Etat de Mexico a souvent publié des statistiques inférieures à la réalité, quitte à les réviser ultérieurement.

"Ce qui nous préoccupe c'est que c'est une entité avec un haut niveau de corruption et que nous ne voyons pas un plan pour régler le problème de l'impunité", selon Rivas.

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