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Des musées de Crimée craignent de perdre leurs trésors

Des musées de Crimée craignent de perdre leurs trésors

Quatre musées de Crimée craignent de perdre des centaines de précieux objets d'art prêtés à un musée néerlandais avant que la péninsule ukrainienne ne passe dans le giron russe.

La riche collection d'objets venant d'une période entre 200 avant JC jusqu'à la fin du Moyen-Age, avait été prêtée au musée Allard Pierson d'Amsterdam où se tient l'exposition "Crimée: Or et secrets de la mer Noire".

Les conservateurs à Amsterdam et en Crimée sont maintenant confrontés à un dilemme politique difficile: quand l'exposition fermera ses portes, faut-il renvoyer son précieux contenu à Kiev ou à Moscou ?

"Notre accord stipule que ces objets font partie du fonds national du patrimoine ukrainien", a indiqué Andreï Malguine, directeur du grand musée Tavrida de Simféropol.

Cinq musées ont participé à ce prêt, dont quatre sont situés en Crimée, désormais intégrée à la Russie.

L'absorption de la région - considérée comme illégale par les pays occidentaux - pose un problème légal très complexe" au musée néerlandais, a dit Yasha Lange, porte-parole de l'Université d'Amsterdam, propriétaire de ce dernier.

"Qui est propriétaire de ces objets?", se demande M. Lange. "Ils resteront aux Pays-Bas jusqu'à la fin de l'exposition, mais avec les changements politiques (en Crimée) nous cherchons dès maintenant à savoir à qui on devra les rendre".

Le musée Allard Pierson cherche conseil auprès du ministère néerlandais des Affaires étrangères, a ajouté le porte-parole, et reste "en contact permanent" avec Kiev et Moscou.

Il a l'intention de "rester prudent".

Parmi les objets exposés on trouve un fourreau d'épée et un casque d'apparat scythe en or, ainsi qu'une boîte en laque, venant de Chine et qui a été apportée à l'époque romaine par les commerçants de la Route de la Soie.

La question donne du souci aussi aux directeurs de musée en Crimée, a déclaré M. Malguine à l'AFP.

"Je ne vois pas pourquoi des événements politiques devraient menacer ces objets d'art", a-t-il dit dans son bureau au centre ville de Simféropol.

"Il est probable que certaines personnes à Kiev voudraient qu'ils ne retournent pas en Crimée", mais les musées feront de leur mieux pour les récupérer, a-t-il poursuivi, se prévalant du soutien du ministère russe de la Culture.

Le représentant du président Vladimir Poutine pour la coopération culturelle internationale Mikhaïl Chvydkoï a estimé que les objets en question faisaient partie du patrimoine culturel de la Crimée et donc devaient "y retourner".

Le ministère ukrainien de la Culture, pour sa part, veut que les objets d'art soient restitués à Kiev, "conformément aux documents signés", mais n'exclut pas d'avance leur retour en Crimée.

Les objets scythes en laiton et en céramique sont les symboles du musée Tavrida, a dit son directeur. "Ce sont de très beaux objets et ce serait une grande perte" que de ne plus les avoir, a-t-il souligné.

La Crimée, au carrefour d'anciennes routes commerciales et de la navigation sur la mer Noire est fouillée depuis longtemps par les archéologues qui y trouvent beaucoup de trésors.

"Jamais auparavant l'Ukraine n'avait eu tant d'objets archéologiques à prêter", indique un communiqué de l'exposition d'Amsterdam qui doit fermer ses portes en août.

Elle éclaire d'un jour nouveau l'héritage des Scythes, Goths, Huns, considérés des siècles durant comme des "barbares", ajoute-t-il.

jhe-ma/via/lpt/ia

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