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Jean-Michel Bouvier, le combat pour la vérité d'un père "désenfanté"

Jean-Michel Bouvier, le combat pour la vérité d'un père "désenfanté"

La vérité, rien que la vérité. Depuis la mort de sa fille Cassandre, sauvagement tuée en Argentine, Jean-Michel Bouvier, père éploré, est surprenant de détermination et de combativité pour faire la lumière sur le crime qui l'a brisé.

A 66 ans, ce comptable à la retraite, divorcé, ne ménage pas ses efforts, de Paris à Salta, en passant par Buenos Aires.

Il maîtrise sur le bout des doigts le dossier d'instruction dans lequel il relève approximations, omissions, incohérences.

Le procès qui a débuté mardi devant le tribunal de Salta est une nouvelle épreuve, mais il espère, perplexe, que la vérité en jaillira.

Il dit faire confiance à cette juridiction réputée pour sa sévérité et dont les juges sont nommés par le pouvoir politique.

"Je suis vraiment dans ce que j'ai dit : je fais confiance. En plus, je le sais, je suis un être rationnel, on ne fait que commencer. Et donc vous devez déjà manifester la confiance, car si vous faites autrement vous êtes contreproductif. Et puis il faut ménager les susceptibilités", dit-il en sortant d'une audience.

Il a prévu d'assister à toutes les audiences, jusqu'au verdict, programmé pour le 16 mai. "Maintenant, modère-t-il, je suis un homme, donc je ne sais pas d'une part si je tiendrai, et puis en même temps, si à un moment donné le déroulé du procès me déplait, c'est à dire qu'il y a quelque chose où je vois que vraiment les dés sont pipés - mais je ne fais pas de procès d'intention - peut-être que je ferai un départ théâtralisé".

Le pire moment de sa vie, c'est quand il a appris la mort de Cassandre. "Il y a un avant et un après, remarque-t-il. Avec ma relation avec Cassandre, j'ai l'impression d'être... Je ne suis pas mort, mais je suis... je suis un Martien" depuis juillet 2011.

Régulièrement, il arbore un T-shirt noir barré d'une inscription en lettres blanches : "Je suis désenfanté", comme mercredi, lors de la 2e journée d'audience.

L'élucidation du double meurtre de Cassandre et Houria, c'est son ultime combat. Il ne veut pas des condamnations à tout prix des trois accusés Gustavo Lasi, ancien fonctionnaire municipal de la ville de Salta, guide occasionnel du parc, Santos Vera, un jardinier travaillant près du parc, et Daniel Vilte, un maçon dont la grand-mère vit à 1km du parc.

Si le premier admet les viols, il dit avoir quitté le lieu présumé du crime après avoir laissé à Vilte et Vera sa carabine, l'arme qui a tué Cassandre.

"Je préfère un coupable en liberté qu'un innocent en prison. Cassandre, qui était une femme libre que l'injustice révoltait, ne l'aurait pas supporté", a martelé M. Bouvier peu avant le procès.

"Je veux simplement savoir ce qui s'est passé", dit-il en lissant sa barbe blanche.

"Je suis méthodique, factuel. Et il y a plein de choses qui me hérissent" dans l'enquête et l'instruction.

"J'ai des doutes forts, le dossier n'est pas allé à son terme. Un mois après, tout est ficelé alors que des policiers voulaient continuer. Des choses manifestement restent en suspens".

Il fait notamment référence à la célérité de l'enquête et au mystérieux suicide d'un commissaire de police.

Jean-Michel Bouvier mène un combat pour la vérité et pour la reconnaissance du concept de "féminicide" dans le code pénal français, car Houria et Cassandre ont été tuées parce qu'elles étaient des femmes.

La soeur cadette de Cassandre, Aliénor, actrice à Paris, regarde son père avec tendresse et respect. "Je suis admirative de la force qu'il a. Cela correspond à son caractère, de ne pas se contenter de ce qu'on lui dit. Il cherche toujours à se forger sa propre opinion", témoigne-t-elle.

ap/hdz/emb

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