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"Grève du pain" au Maroc sur fond de grogne sociale

"Grève du pain" au Maroc sur fond de grogne sociale

Une "grève du pain" de 48 heures a débuté mercredi au Maroc, les boulangers réclamant une hausse des prix, une revendication jugée sensible qui intervient sur fond de grogne sociale et d'appels de syndicats à manifester.

"Selon les informations dont je dispose, la grève est suivie à plus de 80%, notamment à Rabat et dans le nord", a déclaré en matinée à l'AFP Saïd Mougja, représentant de la Fédération nationale des boulangeries et pâtisseries (FNBPM), à l'origine du mouvement.

"Nous ne demandons pas la lune, juste une légère augmentation de l'unité du pain qui nous revient plus chère que son prix de vente", a-t-il expliqué.

Un épicier du quartier Mabella, à Rabat, a assuré n'avoir "rien reçu ce matin" de la part de son boulanger.

A Casablanca, la capitale économique, plusieurs boulangeries du quartier de Aïn Borja étaient fermées en matinée, selon un correspondant de l'AFP. "Le mouvement touche surtout ceux qui achètent la farine de blé subventionnée par l'Etat", a affirmé un boulanger d'une grande enseigne.

Interrogée par l'AFP, une source gouvernementale a au contraire jugé le mouvement "peu suivi". En l'absence de chiffres officiels, des médias électroniques ont également évoqué l'absence de "front uni", alors que la FNBPM compte à elle seule quelque 13.000 adhérents.

Au Maroc, le prix du pain dit "de base" est étroitement réglementé. Il est actuellement fixé à 1,20 dirham (soit environ 10 centimes d'euros).

Selon le quotidien L'Economiste, en même temps que la conclusion d'un contrat-programme avec l'Etat, les professionnels réclament de pouvoir augmenter ce prix de 10 à 30 centimes, arguant d'un coût d'environ 1,50 dirham l'unité, malgré l'existence de subventions publiques.

C'est la première fois depuis des années que les boulangers décrètent une telle grève dans le but d'obtenir une augmentation, une revendication jugée "sensible" par les médias locaux: selon la FNBP, plus de 100 millions d'unités sont consommées chaque jour dans ce pays de 35 millions d'habitants.

Dans les années 1980, à la suite d'une hausse du prix de produits de base, des "émeutes du pain" avaient éclaté dans plusieurs grandes villes, faisant de nombreuses victimes.

Pressé d'engager des réformes sociales pour réduire son déficit public, le gouvernement emmené par les islamistes du Parti justice et développement (PJD) a décidé de limiter le coût de la caisse subventionnant des produits de grande consommation.

Le prix de l'essence a été totalement libéralisé en début d'année, et celui du diesel partiellement. Mais il s'est gardé jusque-là de toucher aux produits comme la farine ou le sucre.

Trois des principaux syndicats du pays ont, pour leur part, confirmé mardi la tenue le 6 avril à Casablanca d'une manifestation nationale pour "défendre le pouvoir d'achat et la dignité des salariés", fustigeant dans un communiqué "l'indifférence voire le mépris" du gouvernement à leur égard.

ob-gk/feb

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