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Des militaires dans un immense complexe de favelas de Rio avant son occupation

Des militaires dans un immense complexe de favelas de Rio avant son occupation

A 73 jours du Mondial, des militaires brésiliens sont entrés mercredi avec la police d'élite dans l'immense complexe de favelas de la Maré, à Rio, en vue de l'occupation prochaine de cette zone, tandis qu'une opération de police a entraîné des violences dans un autre quartier.

Selon les forces de sécurité, l'opération vise à mieux connaître les lieux et sera suivie d'un échange d'informations avec la police de Rio en vue de l'occupation définitive de cet ensemble de 16 favelas situé près de l'aéroport international de Rio et contrôlé par des factions rivales de trafiquants et des miliciens.

D'autres opérations de police ont été menées mercredi dans le quartier de Praça Seca, dans l'ouest de la ville. Des armes et de la drogue ont été confisquées, sans échange de tirs. Deux hommes ont été arrêtés, mais l'un d'eux "s'est senti mal" et est décédé, selon la police.

La mort de cet homme a entraîné un mouvement de colère d'une centaine de personnes, qui ont mis en pièce huit véhicules, dont trois bus incendiés.

Le gouvernement de Rio a également annoncé mercredi soir l'arrestation dans un quartier de l'ouest de la ville de "Menor P", un des chefs du narcotrafic de la Maré, recherché pour trafic de drogue, homicide et torture.

Le capitaine Rafael Medeiros, du 1er Bataillon du génie et de combat, a indiqué à la presse que le but de leur entrée dans la Maré était également de rechercher des armes dissimulées par les trafiquants. Selon les services de renseignement, ces derniers, ayant quitté la zone après l'annonce lundi de la prochaine occupation, pourraient revenir pour les récupérer.

Les militaires, accompagnés d'une centaine d'éléments de la police d'élite (Bope), devaient patrouiller sur un total de 141.000 m2 au cours de la journée, dans les zones sensibles où se trouvent 3.500 domiciles. Les policiers qui travaillent dans ces favelas où vivent 130.000 personnes ont établi une carte montrant les zones de conflit entre factions rivales de trafiquants de drogue.

L'armée n'ayant pas le droit d'entrer dans les maisons, ce sont les policiers du Bope qui ont négocié leur entrée avec les habitants.

Les soldats étaient "désarmés" pour qu'il n'y ait pas d'interférences avec les détecteurs de métaux MD8 qu'ils utilisent pour localiser les armes des trafiquants, a précisé le capitaine Medeiros.

Les six écoles municipales de la zone, qui abritent 3.000 élèves, sont restées fermées par mesure de sécurité.

Les autorités ont officiellement annoncé que l'occupation définitive du Complexo da Maré, zone considérée comme stratégique, aurait lieu "début avril". Mais le quotidien O Dia affirmait mercredi qu'elle avait été programmée pour "dimanche à l'aube".

L'armée brésilienne a été appelée à renforcer le dispositif sécuritaire dans la ville à moins de trois mois du Mondial de football et après une vague d'attaques du crime organisé contre la police.

De nombreuses favelas auparavant sous le joug de trafiquants de drogue ou de milices ont été occupées par la police, qui, à partir de 2008, a installé 38 Unités de police pacificatrice (UPP) dans 174 favelas.

Mais depuis janvier, huit policiers ont été tués dans des attaques attribuées au crime organisé, dont quatre membres d'UPP.

L'occupation à venir du Complexo da Maré "est un pas décisif dans notre politique de sécurité", a récemment commenté Sergio Cabral, le gouverneur de Rio, une des 12 villes hôtes du Mondial (12 juin-13 juillet) et qui accueillera notamment la finale.

Par ailleurs, l'annonce de l'occupation "fragilise les trafiquants et permet à la police de les arrêter à l'intérieur et à l'extérieur de ces territoires", a souligné le secrétariat à la sécurité du gouvernement de Rio après l'annonce de l'arrestation de "Menor P", de son vrai nom Marcelo Santos das Dores, qui contrôlait pas moins de 11 favelas, et est soupçonné, selon les médias, de dépecer ses victimes.

Les militaires occuperont le Complexo da Maré pour une durée indéterminée. Ensuite, la police de Rio doit y installer une 39e UPP avec 1.500 policiers de proximité.

Cette occupation devrait être similaire à celle du Complexo do Alemao fin 2010, qui avait mobilisé 2.600 parachutistes, fusiliers marins, membres des forces d'élite de la police et policiers militaires, appuyés par des blindés et des hélicoptères, une envergure jamais vue.

"On ne pense pas au Mondial, on pense (...) aux policiers lâchement assassinés (...) Nous allons montrer que l'Etat de Rio est plus fort et que l'Etat brésilien est plus fort", s'est il y a peu exclamé le secrétaire à la sécurité de Rio, José Mariano Beltrame.

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