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France: une chemise de Napoléon sème la discorde dans une famille

France: une chemise de Napoléon sème la discorde dans une famille

L'une des dernières chemises de Napoléon doit-elle être cédée au plus offrant ou faut-il confier cette relique impériale à un musée ? Les membres d'une famille d'héritiers se déchirent au point que la justice française a suspendu la vente aux enchères qui était prévue dimanche.

La maison de ventes Osenat a dû suspendre soudainement la vente aux enchères de 18 lots d'effets personnels de Napoléon Ier à Sainte-Hélène, prévue dimanche dernier à Fontainebleau, dans la région parisienne, à la suite d'une action en justice.

Le juge d'un tribunal de Fontainebleau a considéré que certains des lots pourraient être indivis, c'est-à-dire possédés par plusieurs personnes, et a décidé leur dépôt auprès d'un tiers de confiance, le président du château de Fontainebleau, Jean-François Hébert.

La suspension de la vente a été effectuée à la demande d'une partie des descendants d'Achille Archambault, le valet de l'empereur déchu.

Les effets portés par Napoléon la veille et le jour de sa mort, dans l'île britannique de Sainte-Hélène, avaient été rassemblés pieusement par ce fidèle valet. Il les avait légués à sa petite-fille Marie Marandet, qui a eu elle-même trois filles et plusieurs petits-enfants.

C'est l'ensemble des héritiers "co-indivisaires" de deux des trois branches de la descendance de Marie Marandet qui ont saisi la justice, précise l'une des avocates, Agnès Fichot.

Le nom de Catherine Colonna, ancienne ministre déléguée aux Affaires européennes de Dominique de Villepin (2005-2007), avait été évoqué par la maison d'enchères comme faisant partie des demandeurs. Mais Mme Colonna a fait savoir, via une avocate, qu'elle n'était "ni partie ni témoin à cette instance".

En revanche, l'un des demandeurs s'appelle comme elle, Catherine Colonna, et est une "petite cousine", selon l'avocate Agnès Fichot.

La démarche a provoqué la colère du commissaire-priseur Jean-Pierre Osenat. "Ce que je trouve scandaleux, c'est la méthode. Pourquoi Catherine Colonna n'a-t-elle pas appelé sa cousine qui mettait en vente ces biens", a-t-il déclaré lundi à l'AFP.

Vivant dans un village corse, cette dame de 84 ans détient depuis 45 ans ces objets, qui étaient rassemblés dans une vieille caisse.

Me Osenat dit avoir été prévenu du problème d'indivision le vendredi soir par l'avocate des demandeurs.

L'étude a reçu une assignation samedi en fin de journée pour une audience le lendemain matin. "Je n'ai pas eu le temps de me présenter avec un avocat et l'avocat de ma cliente n'a pas eu le temps de venir de Corse", déplore Me Osenat.

Cette vente a été "envisagée sans l'accord et à l'insu" des deux tiers de la descendance alors que l'unanimité est requise par la loi pour vendre, répliquent les avocats des demandeurs.

Ils "s'interrogent sur les circonstances dans lesquelles la personne âgée habitant dans son petit village de Corse et ayant en dépôt chez elle les objets litigieux, avec la confiance de tous les héritiers, aurait pu librement décider et consentir à les vendre et solliciter pour ce faire la Maison Osenat".

Ils dénoncent la "négligence de la Maison Osenat à vérifier le titre et la capacité de son mandant à vendre des objets - au surplus d'une valeur historique -, dont elle écrit elle-même dans son catalogue qu'ils proviennent de la descendance de Marie Marandet, admettant ainsi que ces biens proviennent de son héritage".

Les demandeurs ne veulent pas que ces objets soient vendus aux enchères et aimeraient qu'ils restent en France. "Ils souhaiteraient que cela soit remis à un musée, par exemple le château de Fontainebleau", explique à l'AFP Me Horia Dazi Masmi, l'autre avocat des demandeurs.

Le lot phare de la vente était une chemise en batiste (toile de lin très fine) portée par Napoléon le 4 mai 1821 à la veille de sa mort, estimée à entre 30.000 et 40.000 euros.

Devaient également être proposées aux enchères les manches de la dernière chemise que portait Napoléon au moment de sa mort le 5 mai.

Une mèche de cheveux de Napoléon, coupée le jour de sa mort, devait aussi être proposée à la vente, estimée à entre 3.000 et 5.000 euros.

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