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Quinze ans après les bombardements de l'Otan, la Serbie et le Kosovo en route vers l'UE

Quinze ans après les bombardements de l'Otan, la Serbie et le Kosovo en route vers l'UE

Lorsque les avions de l'Otan ont largué en mars 1999 leurs premières bombes sur la Serbie pour la contraindre de cesser la répression menée contre les indépendantistes albanais du Kosovo, une adhésion à l'UE était impensable pour Belgrade de même que pour Pristina.

Quinze ans plus tard, ces anciens ennemis marchent côte à côte sur la voie européenne, après avoir conclu en avril 2013 un accord historique sur la normalisation de leurs relations, sous les auspices de Bruxelles.

Même si la Serbie refuse farouchement de reconnaître l'indépendance que son ancienne province méridionale a unilatéralement proclamée en 2008, sa volonté d'améliorer les relations avec ce territoire peuplé majoritairement d'Albanais lui a permis d'ouvrir en janvier les négociations d'adhésion au bloc des 28.

Le Kosovo a pour sa part lancé les négociations sur la conclusion d'un accord d'association et de stabilisation, la toute première étape dans le rapprochement avec l'UE.

Malgré l'opposition de Belgrade à l'indépendance kosovare, reconnue à ce jour notamment par les États-Unis et 23 des 28 membres de l'UE, "on peut y voir une certaine souplesse (des autorités serbes, ndlr) à l'égard de la sécession du Kosovo", affirme analyste Miodrag Radojevic de l'Institut des études politiques de Belgrade.

La participation de la Serbie au dialogue avec le Kosovo "montre qu'elle a de facto admis la réalité de la situation sur le terrain", ajoute-t-il.

Une poursuite de l'amélioration des relations sera possible "uniquement si l'UE ouvre sa porte aux deux parties, en leur offrant une perspective européenne claire", estime Adrian Qollaku, un analyste politique de Pristina.

La campagne aérienne de l'Otan qui a duré 78 jours reste ancrée dans la mémoire aussi bien des Serbes que des Albanais kosovars. Mais malgré la même vision d'un avenir européen, leurs souvenirs seront pourtant toujours différents.

Le référendum du 16 mars dans la péninsule ukrainienne de Crimée, à l'issue duquel 97% de ses habitants se sont prononcés en faveur d'un rattachement à la Russie, a également éveillé des souvenirs.

Surtout que, après avoir condamné pendant des années la sécession du Kosovo, Moscou, principal allié des Serbes, a cité cet exemple comme un précédent pour ses actions en Crimée.

L'Otan avait déclenché les bombardements le 24 mars 1999 - sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU -, après le refus du président serbe Slobodan Milosevic de mettre un terme à la répression menée contre la guérilla indépendantiste et les civils kosovars.

L'intervention de l'Otan s'était terminée en juin par le retrait des forces serbes du Kosovo.

A Belgrade, dans le centre ville, les immeubles des ministères de la Défense et de l'Intérieur du temps de Milosevic, éventrés par les missiles de l'Otan sont toujours en ruine.

Au Kosovo, où les sites des forces et des autorités serbes ont également été ciblés par l'Otan, il ne reste aucune trace des bombardements.

A l'endroit où se trouvait à Pristina le quartier général de la police serbe, un immeuble tout neuf abrite le ministère kosovar de l'Intérieur.

"C'était comme un tremblement de terre et un tonnerre à la fois", se souvient Qerim Ahmeti, 32 ans, témoin du bombardement du commandement de la police serbe à Pristina.

"Mais nous n'avions pas peur. On avait seulement prié Dieu pour notre survie et pour voir les forces serbes quitter le Kosovo", se souvient-il.

De son côté, à Belgrade, Vlatka Reljic évite toujours d'emprunter un itinéraire plus court pour rentrer chez elle en banlieue, pour ne pas voir les ravages d'une frappe de l'Otan décrite plus tard comme des "malheureux dégâts collatéraux".

"Je pense que je ne passerai plus jamais par là. Ce n'était pas ma guerre et j'ai toujours des cauchemars", dit-elle.

Selon les chiffres officiels de Belgrade, quelque 2.500 civils Serbes ont été tués et 12.500 blessés durant les onze semaines de bombardements. L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch estime le nombre de civils tués à quelque 500.

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