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La directrice fait le ménage, le client paye la télé: les astuces de l'hôtel le moins cher de France

La directrice fait le ménage, le client paye la télé: les astuces de l'hôtel le moins cher de France

"Ça ne me dérange pas d'aller faire des chambres pendant qu'une collaboratrice tient la réception", assure Catherine Marmion, la directrice de l'hôtel le moins cher de France, où les serviettes et la télévision sont payantes, et qui vient d'ouvrir dans une ville portuaire.

Avec une dizaine d'années d'expérience dans l'hôtellerie, cette femme va assurer la direction de cet établissement de 98 chambres, facturées 24 euros la nuit, et situé au Havre, ville populaire qui cherche à offrir une image dynamique.

Elle dirige cinq employés et son employeur est la toute nouvelle chaîne low-cost Eklo qui veut essaimer dans les grandes villes françaises des établissements d'un type nouveau.

L'hôtel Eklo est le seul dans ce quartier de "la Mare rouge", à une dizaine de minutes par le tramway du centre-ville du Havre, qui a longtemps souffert d'une mauvaise réputation.

Les premiers clients sont des ouvriers de chantier dans cette zone en pleine rénovation urbaine, ou encore des chômeurs en formation dans les locaux tout proches de Pôle Emploi.

"On est bien accueilli, le lit est confortable, on a la salle de bains et les toilettes dans la chambre, c'est nickel", témoigne, satisfait, Vincent, ancien tailleur de pierre en reconversion pour devenir soudeur, qui apprécie de payer moins cher que dans un hôtel de la chaîne Formule 1.

Pour 24 euros, il ne faut pas cependant trop en demander. La chambre fait 9 m2, pas un de plus. Juste de quoi loger un lit double ou deux lits individuels. Dans la petite salle de bain, un micro lavabo, des WC et une douche. Impossible de ne pas éclabousser la cuvette en faisant sa toilette.

Pour des services supplémentaires le client doit payer un petit peu plus: 1 euro pour une serviette, pour la télévision ou le wifi, 2 euros pour le parking sécurisé. Le petit-déjeuner est à 3,50 euros.

Pour pouvoir tirer à ce point les prix, le créateur du concept, Emmanuel Petit, 42 ans, a innové dans la construction et dans la gestion du personnel.

Il a fait le choix du très économique avec une sensibilité écologique. "D'où la marque Eklo qui est une contraction de ces deux aspects et qui suggère l'éclosion, la naissance d'un concept nouveau", explique M. Petit.

L'hôtel a été construit en moins de cinq mois. A l'intérieur de murs de façade en bois, ont été incorporés, comme des cubes dans une boîte, des modules de chambres en béton allégé, préfabriquées en Italie. Les arrivées d'eau, les connections électriques n'avaient plus qu'à être raccordées.

Le bâtiment est à basse consommation d'énergie, avec centrale de traitement d'air à double flux qui purifie l'air mais récupère aussi la chaleur pour chauffer l'ensemble des bâtiments et faire ainsi baisser la facture d'électricité.

Autre aspect innovant, la gestion du personnel, dont les tâches sont "décloisonnées".

A la réception, Norah, 28 ans, est très concentrée sur le logiciel de réservation. Comme ses collègues, elle accueille les clients mais elle fera aussi les chambres et s'occupera des petits-déjeuners.

"La polyvalence c'est très positif. Par exemple pour des personnes qui ont un profil pour nettoyer les chambres, leur apprendre la réception c'est valorisant et cela leur servira plus tard", explique la directrice qui affirme faire sa part de ménage.

Le personnel a été recruté en contrat à durée indéterminée et recevra un salaire minimum hôtelier d'environ 1.600 euros bruts, plus un intéressement.

Après Le Havre, un autre hôtel de ce type va ouvrir au Mans (nord-ouest) puis un troisième à Strasbourg (est). Toujours proche du tramway, pour un accès rapide au centre-ville.

"Nous privilégions les transports en commun", explique M. Petit, précisant que ses hôtels ne seront pas implantés dans des zones commerciales comme les autres chaînes économiques, essentiellement accessibles en voiture.

Ancien cadre chez le groupe hôtelier Accor, le PDG se réjouit de "bénéficier du soutien et de l'expertise" de Paul Dubrule et Gérard Pélisson, les anciens dirigeants du groupe. Selon lui, en 2015, le nombre d'ouvertures va s'accélérer. "A terme notre objectif de 50 hôtels est ambitieux mais réalisable", affirme-t-il.

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