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Décès d'Adolfo Suarez, premier chef de gouvernement de la démocratie espagnole

Décès d'Adolfo Suarez, premier chef de gouvernement de la démocratie espagnole

L'Espagne en deuil se préparait à rendre un hommage national à Adolfo Suarez, premier chef de gouvernement de la démocratie et grande figure de la transition après la dictature franquiste, mort dimanche à 81 ans.

Le roi Juan Carlos a salué "un collaborateur exceptionnel et un ami fidèle", exprimant sa "grande douleur" et sa "gratitude profonde" pour celui qui a mené, à ses côtés, l'Espagne vers la démocratie après la mort de Francisco Franco en 1975.

Adolfo Suarez était "guidé à chaque instant par sa loyauté à la Couronne et à tout ce qu'elle représente, la défense de la démocratie, de l'État de droit, de l'unité et de la diversité de l'Espagne", a déclaré le roi dans un message télévisé, dès l'annonce du décès.

Tandis que trois jours de deuil national étaient décrétés, les hommages arrivaient de tous bords, saluant cet homme charismatique, au sourire charmeur, respecté pour son sens de la conciliation, du dialogue et sa finesse d'homme d'État.

Les Madrilènes pourront se recueillir lundi dans une chapelle ardente installée à la Chambre des députés, avant l'enterrement mardi à Avila, région d'origine d'Adolfo Suarez dans le centre de l'Espagne. Des funérailles nationales sont prévues dans la semaine dans la cathédrale de La Almudena à Madrid.

Héritier du franquisme, Adolfo Suarez fut aussi l'une des personnalités emblématiques de la délicate période de transition. Atteint depuis une dizaine d'années de la maladie d'Alzheimer, celui qui dirigea le gouvernement espagnol de 1976 à 1981 aura passé ses dernières années à l'écart du monde.

"Mon père ne se souvient plus qu'il a été chef du gouvernement", avait confié, en 2005, son fils Adolfo Suarez Illana, en révélant publiquement sa maladie.

Après son hospitalisation à Madrid, le 17 mars, pour une infection pulmonaire, Adolfo Suarez Illana avait annoncé vendredi que l'état de son père s'était aggravé et que le décès était "imminent".

Il avait expliqué que le roi Juan Carlos avait été, conformément aux voeux de son père, le premier informé de l'aggravation de son état.

"Le roi a été présent tous les jours de ces 11 dernières années", depuis que s'est déclarée la maladie, avait dit Adolfo Suarez Illana. "Ensemble, ils ont changé le cours de l'Histoire de l'Espagne. Grâce au roi, il fut président du gouvernement, grâce au roi, il a pu faire ce qu'il voulait à un moment unique de l'Histoire de l'Espagne".

Fils d'un républicain, diplômé en droit, Adolfo Suarez était devenu l'un des cadres du franquisme avant d'être nommé, en juillet 1976, à la tête du gouvernement par le roi Juan Carlos, monté sur le trône d'Espagne à la mort de Francisco Franco, le 20 novembre 1975.

C'est sous son gouvernement que seront adoptées les principales réformes ayant permis à l'Espagne de tourner la page de la dictature: la légalisation de tous les partis, y compris celle, controversée, du Parti communiste, l'amnistie des prisonniers politiques et la rédaction, puis l'approbation par référendum, le 6 décembre 1978, de la Constitution.

"C'est le moment de témoigner notre reconnaissance envers cet homme qui a rendu possible la démocratie en Espagne et nous a ouvert les portes de l'Europe", a déclaré dimanche l'actuel chef du gouvernement, Mariano Rajoy, appelant le pays "à suivre le chemin qu'il a tracé".

Avec les autres signataires de la Constitution, il a contribué à ce que "plusieurs générations d'Espagnols" vivent "dans la liberté, la paix et la démocratie", a souligné son prédécesseur socialiste, José Luis Rodriguez Zapatero.

Les deux autres ex-chefs de gouvernement de la démocratie, le socialiste Felipe Gonzalez, qui l'avait battu aux élections de 1982, et le conservateur José Maria Aznar, lui ont aussi rendu hommage.

Le mandat d'Adolfo Suarez fut ratifié dans les urnes aux premières élections démocratiques organisées après la dictature, le 15 juin 1977, auxquelles il se présentait en tant que chef de file du parti Union du Centre Démocratique (UDC).

Après une seconde victoire en 1979, acculé par les tensions internes à son parti, privé du soutien du roi, il avait démissionné par surprise en janvier 1981, peu avant la tentative de coup d'État du 23 février, finalement déjouée par Juan Carlos.

sg/ai

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