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Côte d'Ivoire : Charles Blé Goudé, un "général des rues" controversé devant la CPI

Côte d'Ivoire : Charles Blé Goudé, un "général des rues" controversé devant la CPI

Il est l'un des membres les plus controversés du clan Gbagbo : Charles Blé Goudé, surnommé le "général des rues" pour sa capacité à mobiliser les partisans de l'ex-président ivoirien, se retrouve comme lui devant la Cour pénale internationale.

Ses détracteurs et les ONG internationales le considèrent comme l'un de ceux qui ont le plus contribué aux violences durant la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011.

Aujourd'hui âgé de 42 ans, l'ex-chef des "jeunes patriotes", un mouvement pro-Gbagbo extrêmement violent, a gravité une décennie durant autour de son président, multipliant les coups d'éclat. Ses bêtes noires : Alassane Ouattara (l'actuel président ivoirien), la France et l'ONU.

Cet ancien étudiant en anglais, d'éthnie bété, comme Laurent Gbagbo, né en janvier 1972 dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, crève l'écran en 2002, à la faveur du coup d'Etat manqué contre son maître.

La Côte d'Ivoire se retrouve alors coupée en deux, entre un Nord tenu selon lui par "les traîtres" d'une rébellion favorable à M. Ouattara, contre qui il faut résister, et un Sud contrôlé par le régime.

"Blé Goudé rentre d'Angleterre, où il étudie, pour mobiliser, pour défendre la nation ivoirienne attaquée", se souvient un bon connaisseur du dossier. "Très vite, il a un tel charisme qu'il devient un porte-parole de la rue. Laurent Gbagbo le remarque".

En compagnie d'une bande d'amis, il crée "la galaxie patriotique", résolue à défendre le président contre les rebelles et le "néo-colonialisme" français. L'ambassadeur de France alors en fonction le traite ouvertement de "petit fasciste".

En 2003 et 2004, Charles Blé Goudé est le fer de lance de violentes manifestations antifrançaises.

Il réussit à mobiliser en novembre 2004 des dizaines de milliers de personnes dans les rues de la capitale économique, après que l'armée française, victime d'un bombardement ayant tué neuf de ses hommes, eut en représailles détruit l'aviation ivoirienne.

"Si tu es en train de manger, laisse tout tomber, lance-t-il. La Côte d'Ivoire n'est pas un département français".

Les affrontements consécutifs entre soldats français et manifestants ivoiriens feront une cinquantaine de morts ivoiriens.

En 2006, l'ONU, qu'il qualifie de "forces d'occupation", lui interdit de voyager à l'étranger et gèle ses avoirs financiers.

2007 le voit devenir apôtre de la paix, lui qui appelle à "tendre la main à l'ennemi d'hier". Trois ans plus tard, Laurent Gbagbo, qui refuse de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010, le nomme ministre de la Jeunesse.

Ce tribun, connu pour ses éternelles casquettes, ses habits décontractés et le drapeau ivoirien qu'il porte toujours autour du cou, se fait voir en costumes aux cravates flamboyantes.

Lui qui invoque les exemples de Gandhi, Martin Luther King ou Nelson Mandela n'hésite pas une fois en fonction à accuser "Nicolas Sarkozy, le président de la République de France et l'ONU" de "préparer un génocide" dans son pays.

A la chute de son mentor, et après cinq mois de violences qui ont fait plus de 3.000 morts, il s'enfuit au Ghana, d'où il dénonce les dérives "dictatoriales" d'Alassane Ouattara.

En novembre 2011, alors que Laurent Gbagbo est livré à la Cour pénale internationale, il se réjouit de la "fin du complot" contre l'ex-président, ce "grand leader, victime que l'on tente de présenter comme le bourreau".

Avant de se déclarer mi-2012 "prêt à aller à la CPI" parce qu'il "ne (se) reproche rien". Il sera arrêté un semestre plus tard au Ghana.

La juridiction internationale le soupçonne de quatre chefs d'accusation de crimes contre l'humanité --meurtre, viol, persécution et autres actes inhumains--, commis entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.

"Je connais l'homme. Je sais qu'il n'a commis aucun crime contre l'humanité. Il n'a jamais pris d'armes. Il a juste donné un certain nombre de consignes en tant que communicateur. Il était suivi", le défend Laurent Akoun, secrétaire général du FPI, le parti pro-Gbagbo.

"Il n'a fait que prôner la haine", lui répond Joël N'Guessan, le porte-parole du RDR, le parti du président Ouattara, pour qui Charles Blé Goudé à "franchi le Rubicon" en "incitant à la révolte, à la haine, à l'assassinat".

jf/sd

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