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En Moldavie, la pauvreté préoccupe encore davantage qu'un scénario ukrainien

En Moldavie, la pauvreté préoccupe encore davantage qu'un scénario ukrainien

La Moldavie, ex-république soviétique confrontée au séparatisme d'une région russophone, s'inquiète d'une éventuelle répétition du scénario ukrainien chez elle, mais ses habitants craignent surtout l'aggravation d'une situation économique déjà désastreuse.

Un contingent militaire russe est installé depuis le début des années 1990 dans la région séparatiste de Transdniestrie, à majorité russophone tout comme la péninsule ukrainienne de Crimée qui vient d'être rattachée à la Russie. Le commandement russe a indiqué vendredi avoir mené des manoeuvres en Transdniestrie.

Sur le marché central de Chisinau, la capitale, on s'inquiète surtout pour l'instant des risques d'aggravation de la pauvreté en cas de déstabilisation.

"Les retraites sont déjà minuscules et pas suffisantes. Une telle agitation fait encore plus de dégâts", confie à l'AFP Zenovia, 58 ans, que sa retraite de 60 euros mensuels contraint à continuer de vendre du pain au marché tous les jours pour survivre.

Elle craint aussi la reprise du conflit armé du début des années 1990.

"On ne voudrait pas que ça se répète. Il y avait eu des morts, des veuves", dit Zenovia.

Le président moldave, Nicolae Timofti, a évoqué ouvertement cette semaine les risques pour son pays.

"Il y a beaucoup de choses en commun entre les événements en Crimée et la situation en Transdniestrie", la région séparatiste pro-russe de l'est du pays, à la frontière avec l'Ukraine, a-t-il souligné.

Les autorités de Transdniestrie souhaiteraient un rattachement à la Russie.

Ce territoire aux 550.000 habitants a fait sécession en 1990, alors que l'URSS chancelait, pour échapper à ce qui était perçu comme un risque de "roumanisation" dans ce pays en grande partie roumanophone et voisin de la Roumanie.

La Moldavie était un territoire roumain jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.

Après l'indépendance en 1991, Chisinau avait essayé de récupérer la Transdniestrie mais sans succès. Une courte guerre achevée en 1992 et qui avait vu l'intervention de forces russes avait fait des centaines de morts.

La Russie maintient depuis des soldats en Transdniestrie, contre la volonté du gouvernement moldave, et malgré l'engagement pris en 1999 de les retirer.

Mais beaucoup estiment que Moscou a moins d'intérêts en Transdniestrie qu'en Crimée.

"Je crois que les Russes n'ont pas besoin de rattacher un territoire si petit, qui est déjà occupé par leur armée", pour ce territoire, affirme Victor Grama, économiste.

"Je ne crois pas qu'il se passera la même chose qu'en Crimée. Notre Transdniestrie ne présente pas du tout le même intérêt pour la Russie", estime également Nicolae Spanu, un vendeur de sécateurs qui a travaillé en Europe et en Russie dans le passé pour joindre les deux bouts.

Nombreux sont d'ailleurs ceux, au marché central, qui considèrent que le rattachement de la Crimée à la Russie répare une "erreur historique".

"Le rattachement de la Crimée à l'Ukraine en 1954 avait été une erreur. Vladimir Poutine (le président russe, ndlr) n'a fait que la réparer", estime M. Spanu.

Mais c'est le rapprochement avec l'Union européenne qui suscite aujourd'hui des espoirs.

La Moldavie est l'un des deux pays de l'ex-bloc soviétique, avec la Géorgie, à avoir paraphé un accord d'association lors du sommet du Partenariat oriental de l'UE à Vilnius en novembre, alors que l'Ukraine avait soudainement renoncé.

Le président moldave a pressé l'UE de hâter sa signature et donc son entrée en vigueur face aux événements en Ukraine.

"J'espère que la Moldavie entrera dans l'Union européenne. Nous espérons que cela nous permettra d'avoir une meilleure retraite, des gens plus respectueux", dit Zenovia.

Mais pour M. Spanu, "on ne doit pas forcer notre pays à choisir entre l'UE et la Russie", qui reste un partenaire commercial important.

Coincée entre la Roumanie, membre de l'Union européenne à l'ouest, et l'Ukraine, la Moldavie, 3,5 millions d'habitants, est le pays le plus pauvre d'Europe avec un PIB par tête de 2.037 dollars en 2012, selon la Banque Mondiale (40.000 dollars en France).

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