Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Angleterre - Arsenal: Wenger a mis dans le mille

Angleterre - Arsenal: Wenger a mis dans le mille

Débarqué à Arsenal en 1996 dans l'anonymat le plus complet, Arsène Wenger va disputer 18 ans plus tard son 1000e match à la tête des Gunners, samedi avec un derby londonien épicé contre Chelsea.

"Arsène qui ?", n'avait pourtant pas pu s'empêcher de titrer à l'époque l'Evening Standard, plein de défiance à l'égard de l'ex-entraîneur de Monaco, tout droit arrivé de Nagoya au Japon et inconnu dans le Royaume au moment de remplacer Bruce Rioch le 30 septembre.

"On s'est demandé ce que ce Français qui portait des lunettes et ressemblait à un professeur pouvait bien connaître au football", a ensuite reconnu son ex-capitaine Tony Adams.

Quasiment deux décennies plus tard, l'ex-empire s'accorde unanimement à reconnaître certains mérites à l'Alsacien de 64 ans. Et, même s'il n'a pas que des émules, l'Angleterre reconnaît que les méthodes et le savoir-faire de ce dandy austère ont grandement aidé à transformer un football puissant mais poussiéreux.

"C'est un faiseur de miracle qui a révolutionné le club", assure l'ex-vice président David Dein.

"Il a changé la face du foot anglais", surenchérit même l'ancien joueur de Liverpool Jamie Carragher, devenu consultant.

Sceptique au début, la vieille garde des Gunners, formée par l'inoxydable quatuor Dixon-Bould-Adams-Winterburn --devant le rempart Seaman sur lequel il s'est appuyé lors des premières années pour construire ses succès-- s'est rapidement laissée convaincre par son approche individualisée, son goût pour la diététique et son amour pour les soins et la récupération.

La première moitié de son séjour londonien, jusqu'à son dernier titre en 2005, restera comme son chef-d'oeuvre, avec notamment trois titres de champion et quatre Coupes d'Angleterre.

Dont un mémorable premier doublé coupe-championnat dès sa 2e saison en 1998 et surtout un 3e titre de champion en 2004 avec une invincibilité préservée toute la saison et étendue ensuite à 49 matches d'affilée.

Un exploit que personne n'avait réalisé depuis Preston North End en 1889, pas même le Mancunien Sir Alex Ferguson, son premier grand rival avant que Jose Mourinho n'entre en scène à Chelsea en 2004. Et peut-être sa plus grande fierté.

La réalité comptable l'a ensuite rattrapé et le diplômé d'économie attend un trophée depuis maintenant neuf ans.

Car, à la différence de ses rivaux, Wenger n'a jamais cédé à la course à l'armement et a toujours préféré construire un club sain financièrement, privilégiant la qualité de jeu et le recrutement malin.

Obligé de vendre régulièrement ses pépites (van Persie, Fabregas, Nasri) ces dernières années pour équilibrer les comptes et financer la construction de l'Emirates Stadium, Arsenal s'est fait peu à peu distancer avant de revenir dans la course cette saison.

L'exploit de cet ex-joueur de devoir, sans relief particulier, est alors d'avoir su ne jamais descendre en mai en dessous de la 4e place et d'avoir ainsi toujours assuré sa place dans la très lucrative Ligue des champions.

Néanmoins, la finale de C1 perdue en 2006 contre le Barça à la suite de l'exclusion rapide de Lehmann (2-1) est une douleur vive chez le discret technicien, déjà battu en 2000 en finale de C3 par Galatasaray aux tirs au but (0-0).

Son autre grande qualité est d'avoir su manoeuvrer en douceur pour régénérer l'ancien "Boring Arsenal" ("l'ennuyeux Arsenal") et en faire une marque.

Il a ainsi misé au début sur de jeunes Français prometteurs comme Vieira ou Henry avant de s'internationaliser un peu sans perdre sa fibre pour façonner des talents précoces en vedettes mondiales.

"Je suis sûr qu'un jour, quand je me retournerai, je serai fier, a-t-il reconnu du bout des lèvres cette semaine. Surtout de mes premières années car la 2e période a été plus compliquée, sans trophée. J'ai initié un changement compliqué. J'ai accepté de rester en sachant qu'on avait seulement une petite chance d'être champion".

"C'est un grand honneur d'être là depuis aussi longtemps et personne ne pouvait imaginer cela. Dans ce métier, on ne voit pas plus loin que le prochain match mais parfois, petit à petit, on parvient au 1000e", poursuivait-il. Son buste trône déjà dans le stade aux côtés de celui de la légende Herbert Chapman.

"Arsène est intrinsèquement lié au club. C'est difficile d'imaginer Arsenal sans lui, il a redéfini la façon de penser d'Arsenal", témoigne le DG actuel Ivan Gazidis.

"C'est un entraîneur incroyable fait pour ce club. Ses équipes jouent bien et son stade est plein chaque semaine", synthétise le vieux rival écossais Ferguson, avare de mots mais pour une fois pas de compliments.

Depuis sa première victoire contre Blackburn (2-0) pour son premier match, Wenger en a enregistré 578 autres, dont 386 en championnat. Aujourd'hui, il est autant identifié dans le monde à son club que l'inverse.

cd/pgr/chc

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.