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La Crimée plébiscite le rattachement à la Russie, sanctions attendues des Occidentaux

La Crimée plébiscite le rattachement à la Russie, sanctions attendues des Occidentaux

La Crimée doit demander officiellement lundi son rattachement à la Russie au lendemain d'un référendum qui l'a approuvé à 96,6% des votants, mais a été dénoncé par les Occidentaux, en train de préparer de nouvelles sanctions contre Moscou.

"Résultats définitifs du référendum : 96,6% pour !", a tweeté lundi matin le Premier ministre pro-russe Serguiï Axionov.

Ce résultat peut s'expliquer en partie par le boycottage du référendum par les minorités tatare et ukrainienne de la Crimée, habitée par une majorité d'Ukrainiens d'origine russe et russophones.

Les médias russes saluaient presque tous lundi le résultat du référendum.

"Gloire à la Crimée", titrait le quotidien Kommersant. "La Crimée retourne en Russie!", s'enthousiasmait le journal populaire pro-Kremlin Komsomolskaïa Pravda.

A Simféropol, la capitale de la république séparatiste qui chantait dimanche soir l'hymne national russe, le parlement local se réunit lundi en session extraordinaire pour adopter officiellement une demande de rattachement qu'il adressera à la Russie.

Des députés de Crimée s'envolent le même jour pour Moscou où la Douma, la chambre basse du Parlement russe, achève la préparation du projet de loi sur l'intégration de la Crimée à la Russie.

A Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères se réunissent à 07H30 GMT pour décider de sanctions. L'UE a l'intention d'établir une liste noire de responsables russes et ukrainiens pro-russes jugés impliqués dans l'intervention russe en Crimée.

Le président américain Barack Obama a fait écho aux Européens en évoquant d'éventuelles sanctions supplémentaires contre Moscou, et en avertissant son homologue russe Vladimir Poutine que les Etats-Unis et leur alliés ne reconnaîtraient "jamais" le référendum sur la Crimée de dimanche.

Londres a de son côté qualifié le référendum de "farce", suivi par Paris qui a raillé un scrutin "sous la menace des forces d'occupation russes".

De même, le Japon a appelé lundi la Russie à ne pas annexer la Crimée, et le Canada a évoqué l'"illégitimité" du "soi-disant référendum".

La crise, née en novembre d'un mouvement de contestation du pouvoir du président Viktor Ianoukovitch, aura accouché au bout de quatre mois de la pire crise diplomatique entre grandes puissances depuis la fin de l'Union soviétique en 1991. Et elle pourrait permettre à la Russie, une fois la Crimée absorbée, d'étendre son territoire pour la première fois depuis 1945.

Les partisans de Moscou ont passé une belle soirée. Il faut dire que la victoire, très prévisible, a été facile.

Selon les autorités séparatistes, le taux de participation a été de 81% pour cette consultation organisée en catastrophe dans une péninsule occupée depuis deux semaines par les troupes russes.

"Nous rentrons à la maison !" a lancé le Premier ministre de Crimée, Serguiï Axionov, place Lénine à Simféropol, avant d'entonner l'hymne national russe avec la foule et une chorale de chanteurs en tenue de marin de la Flotte de la mer Noire.

Dès l'annonce des résultats préliminaires, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Simféropol et Sébastopol, qui abrite la flotte russe de la mer Noire, pour fêter la victoire du rattachement de la péninsule à la Russie.

Les autorités sécessionnistes sont arrivées au pouvoir à Simféropol après la destitution à Kiev, le 22 février, du président pro-russe Ianoukovitch et à la faveur d'un coup de force organisé par des civils pro-russes en armes et des milliers de soldats russes.

Venus de Sébastopol, la base maritime russe à la pointe sud de la péninsule puis entrés en Crimée en colonnes de blindés depuis le territoire russe, ils assiégeaient dans les bases militaires et les lieux stratégiques les soldats ukrainiens restés fidèles aux autorités de Kiev.

A Kiev, l'homme de la rue - ou plutôt du Maïdan (place de l'Indépendance) - n'en craint pas moins la guerre.

"C'est une possibilité", dit un membre des groupes d'autodéfense du Maïdan, Vassyl Petrachthouk. "Poutine verra que nous ne sommes pas prêts à nous écarter de son chemin. Aujourd'hui il prend la Crimée, demain il voudra prendre Donetsk, Kharkiv, pas à pas. Il veut rétablir l'Union soviétique".

Dans l'est, des manifestants pro-russes, encouragés par le référendum, ont procédé à une démonstration de force dans les grandes villes industrielles en passe de devenir de nouveaux "points chauds". A Donetsk, ancien fief du président Ianoukovitch destitué fin février, des manifestants pro-russes ont pénétré dans les sièges du parquet et des services spéciaux (SBU), et à Kharkiv, l'ancienne capitale de l'Ukraine, 6.000 pro-russes ont organisé un meeting-référendum pour plus d'autonomie et pour la "souveraineté" de la langue russe.

Petite note insolite, l'équipe de Simféropol (Crimée) et le Dynamo de Kiev ont disputé dimanche un match de football symbolique. Le Dynamo, un habitué de la Ligue des Champions, l'a emporté 2 à 1.

La Bourse de Moscou a rebondi lundi matin après avoir chuté ces derniers jours en raison des risques de sanctions économiques contre la Russie.

Vers 06H30 GMT, l'indice Micex (libellé en roubles) prenait 1,05% au début des échanges et l'indice RTS (en dollars) 1,15%.

bur-kat-dt-via/ros

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