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La Crimée plébiscite le rattachement à la Russie, divorce entre la Russie et les Occidentaux

La Crimée plébiscite le rattachement à la Russie, divorce entre la Russie et les Occidentaux

La Crimée a plébiscité dimanche à plus de 95% son rattachement à la Russie au terme d'un scrutin qui a mis en lumière le divorce profond entre Russes et Occidentaux, et réveillé les appétits des séparatistes de l'Est de l'Ukraine.

Le très large assentiment de la population de Crimée à une intégration à la Russie va entraîner dès lundi à Bruxelles et rapidement à Washington des sanctions qui vont durablement saper les relations entre Russes et Occidentaux.

La crise née en novembre d'un mouvement de contestation du pouvoir du président Viktor Ianoukotch aura accouché au bout de quatre mois de la pire crise diplomatique entre grandes puissances depuis la fin de l'Union soviétique en 1991. Et elle pourrait permettre à la Russie, une fois la Crimée absorbée, d'étendre son territoire pour la première fois depuis 1945.

A Simféropol, la capitale de la république séparatiste qui chantait dimanche soir l'hymne national russe, le parlement local se réunit lundi en session extraordinaire pour adopter officiellement une demande de rattachement qu'il adressera à la Russie.

Des députés de Crimée s'envolent le même jour pour Moscou où la Douma, la chambre basse du Parlement russe, achève la préparation du projet de loi sur l'intégration de la Crimée à la Russie.

Les partisans de Moscou ont passé une belle soirée. Il faut dire que la victoire a été facile. "95,5% ont voté pour le rattachement de la Crimée à la Russie", a annoncé le président de la commission électorale locale, Mikhaïlo Malychev, faisant état des premiers résultats après le dépouillement de plus de la moitié des bulletins.

Le taux de participation était de 81% pour cette consultation organisée en catastrophe dans une péninsule occupée depuis deux semaines par les troupes russes.

"Nous rentrons à la maison !", a lancé le Premier ministre de Crimée, Serguiï Axionov, place Lénine à Simféropol, avant d'entonner l'hymne national russe avec la foule et une chorale de chanteurs en tenues de marins de la Flotte de la mer Noire.

A Vladimir Poutine qui, selon le Kremlin, maintenait que le référendum était "pleinement conforme" au droit international, Barack Obama a répondu, selon la Maison Blanche, que les Etats-Unis et leurs alliés ne reconnaîtraient "jamais" le référendum de dimanche.

Le président américain a également prévenu qu'il était prêt, avec les Européens, "à imposer des sanctions supplémentaires contre la Russie pour ses actions".

Le dialogue de sourds continue entre les deux hommes puisque quand Barack Obama a demandé d'accepter des observateurs internationaux pour surveiller les incursions de troupes russes en Ukraine, le maître du Kremlin a estimé lui que la mission de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) devrait "s'étendre à toutes les régions ukrainiennes", en référence aux bastions russophones de l'est.

Pour sa part, Londres a qualifié le scrutin de "farce", suivi par Paris qui a raillé un scrutin "sous la menace des forces d'occupation russes".

Dès l'annonce des résultats du scrutin, des milliers de personnes sont descendues dans la rue de Simféropol, la capitale de la Crimée, et Sébastopol qui abrite la flotte russe de la mer Noire, pour fêter la victoire du rattachement de la péninsule à la Russie.

A Simféropol, les partisans de Moscou ont repris en choeur l'hymne russe en agitant des drapeaux tricolores de la Russie. A Sébastopol, des milliers de personnes fêtaient la victoire de Moscou avec force alcool et en scandant "Sé-bas-to-pol" et "Ru-ssie" devant des artistes exécutant des danses traditionnelles russes.

Le référendum, présenté comme un exercice de démocratie populaire par les autorités séparatistes et par Moscou, se déroulait en présence de milliers de soldats russes qui contrôlent la région depuis deux semaines aux côtés de milices séparatistes.

L'Union européenne a averti qu'elle mettrait ses menaces à exécution dès lundi en établissant une liste noire de responsables russes et ukrainiens pro-russes visés par des sanctions.

Bien loin de la crise diplomatique qui se joue entre Russes et Occidentaux, à Sébastopol les électeurs se sont rendus massivement aux urnes.

Aleftina Klimova, née en Russie, a eu du mal à trouver le sommeil avant le vote. "Je m'attendais à ce que les Etats-Unis, la France, eux tous, soient contre. Je craignais pour (le président russe Vladimir) Poutine. Mais il a su résister", a-t-elle dit.

La question posée donnait aux électeurs le choix entre "la réunification avec la Russie en tant que membre de la Fédération de Russie" ou le retour à un statut, datant de 1992 et jamais appliqué, d'autonomie élargie à l'égard de Kiev.

Les autorités sécessionnistes sont arrivées au pouvoir à Simféropol après la destitution à Kiev, le 22 février, du président pro-russe Viktor Ianoukovitch et à la faveur d'un coup de force organisé par des civils pro-russes en armes et des milliers de soldats russes.

Venus de la base maritime de Sébastopol, à la pointe sud de la péninsule puis entrés en Crimée en colonnes de blindés depuis le territoire russe, ils assiégeaient dans les bases militaires et les lieux stratégiques de la péninsule les soldats ukrainiens restés fidèles aux autorités de Kiev.

A Kiev, l'homme de la rue - ou plutôt du Maïdan (place de l'Indépendance) - n'en craint pas moins la guerre.

"C'est une possibilité", dit un membre des groupes d'autodéfense du Maïdan, Vassyl Petrachthouk. "Poutine verra que nous ne sommes pas prêts à nous écarter de son chemin. Aujourd'hui il prend la Crimée, demain il voudra prendre Donetsk, Kharkiv, pas à pas. Il veut rétablir l'Union soviétique".

Dans l'est du pays, des manifestants pro-russes, encouragés par le référendum séparatiste, ont procédé à une démonstration de force dans les grandes villes industrielles en passe de devenir de nouveaux "points chauds". A Donetsk, ancien fief du président Ianoukovitch destitué fin février, des manifestants pro-russes ont ainsi pénétré dans les sièges du parquet et des services spéciaux (SBU).

A Kharkiv, l'ancienne capitale de l'Ukraine, 6.000 partisans de Moscou ont organisé malgré l'interdiction de la justice un meeting-référendum pour plus d'autonomie et pour la "souveraineté" de la langue russe.

Les organisateurs ont distribué des "bulletins" en faveur de la "fédéralisation économique" et "la souveraineté linguistique" qu'il fallait remplir et glisser dans un sac en plastique.

bur-kat/jr

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