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Indonésie : début du marathon électoral, changement en vue

Indonésie : début du marathon électoral, changement en vue

Une année électorale chargée en Indonésie, troisième plus grande démocratie du monde, a débuté dimanche avec le lancement de la campagne en vue des législatives, bouleversée il y a deux jours par l'entrée en lice du très populaire gouverneur de Djakarta.

Joko Widodo a été désigné vendredi par le PDI-P (Parti démocratique indonésien de lutte) candidat à l'élection présidentielle du 9 juillet, augmentant du même coup les chances de la principale formation d'opposition de l'emporter aux élections parlementaires du 9 avril.

Un vent d'euphorie a soufflé sur la Bourse de Djakarta, dont l'indice a grimpé de 3,2 %, à la nouvelle de la nomination du charismatique gouverneur, surnommé Jokowi.

« C'est guidé par le sentiment que l'Indonésie aura un bon président capable de prendre des décisions difficiles, avec un bilan bon et propre (...) et par-dessus tout, la perspective d'une passation de pouvoir en douceur », explique Wilianto Le, analyste à la Maybank Kim Eng à Djakarta.

Ces élections seront les troisièmes élections directes depuis la démocratisation du pays après la chute du dictateur Suharto il y a 16 ans.

Dans un premier temps, les près de 190 millions d'inscrits seront appelés à choisir en avril parmi les 6607 candidats de 12 partis briguant les 560 sièges de l'Assemblée délibérative du peuple, le parlement du pays, et donc à choisir quelles formations franchiront le seuil nécessaire pour présenter un candidat à la présidentielle trois mois plus tard.

Pour pouvoir nommer un candidat, un parti ou une alliance de partis doit en effet obtenir au moins 25 % du vote au niveau national ou 20 % des sièges de l'Assemblée.

Indécision

Même si 90 % de la population se considère comme musulmane, aucun parti islamiste ne devrait obtenir une large portion des voix, pas même le PKS (Parti de la justice et de la prospérité), l'actuel parti islamiste dominant, dont la réputation a été fortement ternie par un scandale de corruption.

Le Parti démocrate au pouvoir du président sortant Susilo Bambang Yudhoyono, que la Constitution interdit de briguer un troisième mandat, a vu sa popularité fondre à moins de 10 % après une série d' « affaires » impliquant plusieurs de ses hauts responsables, dont son ancien président.

Les adversaires de Yudhoyono, même s'ils reconnaissent qu'il a apporté au pays une certaine stabilité en 10 ans à la tête de l'État, lui reprochent son indécision, une politique parfois confuse, et son incapacité à lutter contre les inégalités sociales - 40 % de la population vit dans l'extrême pauvreté - et une intolérance religieuse croissante.

Sous sa présidence, l'Indonésie, première économie de l'Asie du Sud-Est, a affiché un taux de croissance moyen de près de 6 %, un chiffre enviable pour beaucoup de pays, mais jugé faible par de nombreux analystes eu égard au potentiel de l'archipel, qui reste fortement dépendant des fluctuations du prix des matières premières.

Nouveau visage

Le prochain président devra prendre en compte les aspirations de la jeunesse indonésienne, ambitieuse, mais faiblement éduquée, et l'émergence d'un marché commun régional à l'horizon 2015.

Près de 30 % des électeurs potentiels, soit 54 millions de personnes, ont moins de 30 ans et environ la moitié d'entre eux voteront pour la première fois. Ils semblent captivés par la personnalité de Jokowi, tout comme la classe moyenne émergente et les plus modestes.

Ce frêle fabricant de meubles incarne, depuis son élection au poste de gouverneur de Djakarta à l'automne 2012, le nouveau visage de la politique indonésienne, longtemps dominée par des figures autoritaires.

Ces personnalités planent toutefois toujours sur la politique nationale.

Les deux partis que les enquêtes d'opinion placent en tête des intentions de vote des législatives du mois prochain - le PDI-P et le Golkar, favorable aux milieux d'affaires - restent cramponnés à l'héritage de leurs fondateurs qui ont dirigé d'une main de fer l'ancienne colonie néerlandaise dans les cinquante premières années qui ont suivi son indépendance en 1945.

Et le Golkar hésite de moins en moins à se référer aux premiers succès économiques de Suharto, l'homme qui a écarté Sukarno avant de diriger l'Indonésie pendant 32 ans, jusqu'à sa chute lors des grandes manifestations de 1998 provoquées par le quasi-effondrement de l'économie.

Le dépouillement des législatives débutera le 26 avril et les résultats seront proclamés le 7 mai. Le vainqueur de la présidentielle, s'il est élu au premier tour le 7 juillet, sera annoncé le 26 juillet. Sinon, un second tour aura lieu le 9 septembre et le résultat annoncé le 26 septembre, pour une entrée en fonctions le 20 octobre.

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