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Chine: la production industrielle enregistre sa plus faible progression en 5 ans

Chine: la production industrielle enregistre sa plus faible progression en 5 ans

La production industrielle chinoise en janvier et février a progressé de 8,6% par rapport à la même période de 2013, à son rythme le plus faible depuis 5 ans, selon des chiffres officiels confirmant un ralentissement persistant de l'économie.

Le chiffre est le plus bas depuis avril 2009, selon le Bureau national des Statistiques (BNS), et très inférieur aux attentes des analystes interrogés par l'agence Dow Jones --qui tablaient en moyenne sur une quasi stabilisation à +9,5%.

Après une hausse de 9,7% sur un an en décembre, la production industrielle a connu un brusque coup de frein début 2014, à l'unisson des autres indicateurs clefs dévoilés jeudi.

Les ventes de détail ont ainsi grimpé de 11,8% en janvier-février par rapport à la même période de l'an dernier --chiffre lui aussi très inférieur aux prévisions des analystes (+13,5%), et le plus faible depuis trois ans.

De leur côté, les investissements en capital fixe sur janvier-février ont gonflé de 17,9% sur un an, décevant les attentes du marché. Ils avaient bondi de 19,6% sur l'ensemble de 2013.

Ces statistiques couvraient, de façon exceptionnelle, une période de deux mois pour tenir compte des distorsions dues aux congés du Nouvel an lunaire débutés fin janvier --durant lesquels de nombreuses usines ferment leurs portes.

Pour expliquer le ralentissement des ventes de détail, des experts notaient le possible impact de la campagne promouvant l'austérité parmi les cadres du Parti communiste et bannissant les habituels banquets et cadeaux du Nouvel an.

Mais dans leur ensemble, "ces chiffres offrent un tableau clair et largement morose de la conjoncture économique", a insisté Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

Selon lui, le resserrement des conditions de crédit, orchestré par la banque centrale pour endiguer l'envolée des dettes des gouvernements locaux et des entreprises, "continue de peser sur l'activité".

Les indicateurs décevants s'accumulent pour la Chine: la production manufacturière vient d'y enregistrer sa plus forte contraction depuis sept mois selon HSBC, et le pays a affiché en février un déficit commercial totalement inattendu.

Pékin a annoncé la semaine dernière avoir reconduit pour 2014 un objectif de croissance économique de 7,5% --ce qui serait, s'il se concrétise, le plus bas taux de croissance du pays depuis près d'un quart de siècle.

"On ne fait pas que pourchasser le PIB. (...) Nous attachons d'abord de l'importance aux gens et aux emplois derrière les chiffres du PIB", a averti jeudi le Premier ministre Li Keqiang, rappelant sa volonté de créer cette année 10 millions d'emplois urbains supplémentaires.

Mais dans le même temps, Pékin affiche toujours son intention de "rééquilibrer" le modèle économique chinois, en dopant la consommation intérieure, en réduisant les sévères surcapacités industrielles et en endiguant l'endettement public.

Ce qui suppose des réformes structurelles susceptibles de pénaliser la croissance dans l'immédiat. Comme l'a rappelé Li lui-même, "l'objectif des 7,5% de croissance économique est flexible --tant que le marché de l'emploi tient le coup", a observé M. Evans-Pritchard.

Dans ce contexte, "le lancement d'un véritable plan de relance économique semble assez improbable", mais le gouvernement "va très certainement réduire des impôts et accroître ses dépenses budgétaires" pour soutenir l'activité, a indiqué à l'AFP Zhou Hao, analyste de la banque ANZ.

Selon lui, "un assouplissement de la politique monétaire est en perspective" et il faut s'attendre à une baisse du taux de réserves obligatoires imposé aux établissements bancaires, de manière à leur offrir une marge de manoeuvre accrue pour accorder des crédits.

"Le violent ralentissement que traduisent les indicateurs de jeudi renforce l'idée qu'il faudra assouplir très sérieusement la politique monétaire" pour maintenir la croissance, ont renchéri les experts de la banque Nomura.

Mais toujours soucieuse de contrer la "finance de l'ombre" (sociétés de crédit informelles) et d'encourager une répartition plus efficace des capitaux, la banque centrale continue pour le moment de raréfier ses injections de liquidités dans le système bancaire: "Elle prendra son temps avant d'agir", assure M. Zhou.

jug/ple/pb

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