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Afghanistan: l'optimisme prudent de Chris Alexander

Afghanistan: l'optimisme prudent de Chris Alexander

Des jeunes filles toutes vêtues de noir, drapées d'une couverture blanche en route vers l'école au petit matin sur une rue de Kaboul.

Un texte de Emmanuelle Latraverse

L'image à elle seule incarne l'idéalisme romantique de la mission de l'OTAN en Afghanistan, une image indélébile dans l'esprit du ministre conservateur Chris Alexander. Cette image le suit. Elle incarne d'une certaine façon le succès et les écueils des douze dernières années de sacrifice que le Canada a consenti à la cause afghane.

« Elles allaient à l'école tôt le matin pour permettre aux autres d'y aller l'après-midi, marchant disciplinées parce que pour elles, l'école, c'était la grande possibilité à laquelle elles ne s'attendaient pas », raconte Chris Alexander.

Car, avant d'être député, puis ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration du gouvernement Harper, Chris Alexander était diplomate. À l'âge de 35 ans, il est devenu le premier ambassadeur résident du Canada en Afghanistan. C'était en 2003, l'époque où l'espoir de fonder une société de droits, libre de la violence et de la menace terroriste planait toujours sur la mission canadienne en Afghanistan. Il a voué six années de sa vie à cet idéal, comme ambassadeur du Canada puis, comme représentant spécial adjoint de la Mission d'assistance des Nations unies là-bas.

Alors que le drapeau canadien est mis en berne à Kaboul, le bilan qu'il dresse de cette mission se veut lucide, porté entre les échecs criants de cet effort international et ses succès qui, croit-il, avec le temps, ont été pris pour acquis.

Avec 7,5 millions d'Afghans qui vont à l'école, 4 fois plus de cliniques et d'hôpitaux, une économie nationale qui a quadruplé en une décennie,« le pays s'est pris en main, est sur la voie du développement », dit-il.

La communauté internationale a brisé le mur d'isolation qui étouffait l'Afghanistan, dit-il, le problème c'est que celle-ci n'a jamais réussi à « régler le problème du Pakistan ». Problème qui s'est ainsi transformé, avec le temps, en un foyer pour tous les groupuscules terroristes qui ont déstabilisé l'Afghanistan et déconstruit, petit à petit, tant de projets et de progrès que les militaires et diplomates canadiens croyaient accomplir sur le terrain. « Il faut que les liens entre l'armée pakistanaise, les services de renseignements pakistanais et certains groupes terroristes soient brisés pour toujours », conclut le ministre conservateur.

Néanmoins, à quelques semaines des élections présidentielles, il se réjouit de la qualité des candidats à la succession d'Hamid Karzai, des candidats plus crédibles que Karzai lui-même, dit-il. « Si un président crédible est élu le mois prochain ça va être quelque chose de surprenant pour la plupart du monde, mais ça va être le fruit de nos efforts », conclut-il.

Selon lui, ces efforts, ces vies fauchées et ces plus de 11 milliards de dollars qu'aura coûté cette mission ont aussi changé le Canada.

L'ère des Casques bleus a laissé sa place à celle des guerriers canadiens aux premières lignes des conflits armés de l'Afghanistan à la Libye. Pour Chris Alexander, plutôt que d'avoir scellé une cassure dans le rôle du Canada dans le monde, la guerre en Afghanistan a permis de renouer avec le passé et l'héritage des sacrifices des militaires canadiens lors des guerres mondiales et de la Guerre de Corée.

Après tant d'années là-bas, après avoir perdu des amis aux mains de la violence de cette guerre, et porté par le sacrifice des 158 militaires canadiens qui y ont laissé leur vie, Chris Alexander préfère l'optimisme à la résignation.

« Les Afghans ne vont pas lâcher », conclut-il, sa voix aussi déterminée que fébrile.

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