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Pape François: cinq minutes ont suffi pour que le charme opère

Pape François: cinq minutes ont suffi pour que le charme opère

Moins de cinq minutes ont suffi: le 13 mars 2013 la foule massée place Saint Pierre est d'emblée conquise par François lorsqu'il lui demande de prier pour lui. Jamais un pape n'avait suscité une telle ferveur en un laps de temps aussi court.

Un an après, de Manille à Mexico, d'Abidjan à Bogota ou Paris, chacun se souvient de la "divine surprise" ressentie à l'apparition au balcon de l'homme en blanc dont le premier mot avait été "bonsoir".

Maria Angelica Largo, une Colombienne de 50 ans, l'a "immédiatement senti plus proche du peuple, plus simple, plus humain" et Juliana Giraldo, 25 ans, l'a vu: "François ne recherche pas la pompe, mais quelque chose de plus spirituel".

A Rennes, Christine H., 65 ans, "catho tradi", regrette presque ce "manque d'apparat: pourquoi a-t-il troqué les belles mules rouges pour des grosses chaussures de marche. Pour signifier qu'il est un homme de terrain?"

Mules ou pas, pour Roger Kouassi, enseignant à Abidjan, l'essentiel est que "François soit plus proche de la population" et à Manille, Nora Taabic, 58 ans, "émue par ses messages d'amour pour les pauvres", est revenue à la paroisse.

Une popularité instantanée, "urbi et orbi"?

Pour Odon Vallet, historien français des religions, "on n'a jamais vu un pape aussi populaire en quelques minutes. Cette popularité est immense en Europe, bien au-delà de l'Eglise catholique, même si en France une minorité de traditionnalistes ne sont pas enthousiastes".

"Dans l'ensemble, on observe une large adhésion des catholiques français à ce pape, beaucoup plus populaire que le pape Benoît, au point qu'on note un début de reprise de pratique religieuse dans les églises depuis l'automne".

Large adhésion également en Amérique Latine. Comme en Afrique, même si Jean-Paul II, le pape voyageur, reste le plus populaire.

Aux Philippines, qui occupent le 4ème rang parmi les 1,2 milliard de catholiques de la planète, Nona Andaya-Castillo, 52 ans, conseillère familiale à Manille et longtemps écoeurée par les violations des droits de l'Homme sous l'ère Marcos, est revenue vers l'Eglise, pour aider à lutter contre la pauvreté.

Dans un pays où l'avortement est illégal, Andaya ne le cache pas: elle s'opposera à toute évolution en faveur d'une libéralisation. En revanche, elle apprécierait un meilleur accueil des homosexuels dans l'Eglise.

Une opinion que ne partage pas la Mexicaine Aurora Gomez, à l'autre bout de la planète. "Si les gays veulent se marier, qu'ils se marient civilement, mais on ne peut changer l'Eglise du Christ en fonction de ses goûts".

Autant de pays, autant de traditions, de manières de vivre le catholicisme. Avec, pourtant, une question qui revient souvent: les divorcés et remariés seront-ils enfin autoriser à communier. José Merchan y croit dur comme fer, à Mexico.

Pour l'étudiante ivoirienne Raïssa, "c'est pareil pour l'avortement et la fin de vie qui, Dieu merci, n'existent pas dans nos sociétés: Le Pape François ne va pas les condamner parce que, en tant qu'hommes nous sommes tous pêcheurs, mais il ne peut pas les promouvoir".

Autant dire que Jorge Mario Bergoglio, 77 ans, après un an de grâce, devra se livrer à de délicats exercices d'équilibriste: ne pas fâcher les cardinaux italiens, moins bien servis depuis son accession au trône de Saint-Pierre. Ne pas rudoyer les "évêques d'aéroports" de certains pays africains, jaloux de leurs prérogatives.

Mais aussi, se méfier d'ennemis proches qui n'apprécient guère son opération mains propres dans les circuits financiers du Vatican, dont certains ont servi de lessiveuses à la mafia. Plusieurs prélats seraient même menacés dans le sud de l'Italie.

C'est également sur la pointe des pieds qu'il devra aborder la question du mariage des prêtres, dont un certain nombre ont des compagnes, voire des enfants.

Mais François dispose d'un atout de poids: c'est un jésuite. Autrement dit un pape capable d'adapter le dogme à la réalité et, en ce sens, apparaître moins doctrinal que ne l'était Benoît XVI, malgré les actions, insuffisamment reconnues, de celui-ci dans la lutte contre la pédophilie et l'argent sale.

Comme le rappelle le père Paul Valadier, brillant intellectuel, lui aussi jésuite, "la vérité assénée est vaine et mortifère, si elle est invivable, et il convient d'aider à avancer sur un chemin de vie, non de contrainte, de sévérité, ou de renoncement systématique".

A Toulouse, "la belle humanité de François a séduit, note Gilda Rey, cathéchiste. Il n'hésite pas à se mêler à la foule ou même à célébrer la Saint-Valentin. C'est un pape très fraternel".

En France, fille aînée - mais peu assidue - de l'Eglise, où 3 % seulement des catholiques sont pratiquants -, les curés de maintes églises, à leur grande surprise, ont dû rajouter des chaises lors des messes de Noël.

Ce qui fait dire à l'historien Odon Vallet : "Avant, c'était +ringard+ d'être catho, maintenant, c'est +in+"!

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