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De timides drapeaux ukrainiens dans le ciel de Simferopol

De timides drapeaux ukrainiens dans le ciel de Simferopol

Quatre petits drapeaux ukrainiens ont timidement flotté dimanche dans le ciel de Simféropol au moment où des dizaines de bannières russes, au son d'un orchestre militaire, étaient déployées sur la place centrale de la capitale de Crimée.

Dans cette ville russophone, qui comme le reste de la péninsule va certainement voter dans une semaine en faveur d'un rattachement à la Russie, ils n'étaient qu'un millier à avoir osé braver les rumeurs faisant état de possibles violences pour se rassembler, dans un parc, sous le buste du fameux poète ukrainien Taras Chevtchenko à l'occasion du 200e anniversaire de sa naissance.

Dans le square, au bord de la grande route menant à Sébastopol, pas de scène, pas d'estrade. Un simple micro relié à une petite sono dans laquelle on lit des vers du poète national ukrainien, on chante l'hymne national et on crie "Honte ! Honte !" à l'évocation du président russe Vladimir Poutine.

Olexiï Boudkovski, un designer de sites web de 36 ans, n'ira pas voter le 16 mars. "Ce referendum est injuste et illégal" dit-il. "Tout est joué d'avance, on sait tous qu'ils vont voter pour Moscou, je ne veux pas participer à cette mascarade".

Après ce vote, dont l'issue ne fait mystère pour personne, "nous verrons. Je suis né ici. Pour moi c'est difficile d'envisager l'avenir ailleurs qu'en Crimée. Mais l'Ukraine est mon pays".

A côté de lui une jeune femme brandit une pancarte sur laquelle elle a écrit: "Les Russes veulent-ils la guerre ?" tandis que sa voisine s'époumone en criant "Vive l'Ukraine ! Vive la paix".

Dans la grande ville portuaire de Sébastopol, à la pointe Sud de la Crimée, quelque 200 partisans de Kiev se sont aussi rassemblés dimanche mais les choses ont mal tourné.

Les membres du service d'ordre qui protégeait un rassemblement pour le 200e anniversaire de Chevtchenko ont été attaqués par une centaine de civils pro-russes à la fin du rassemblement.

Les agresseurs, armés de matraques et de fouets, certains cagoulés et portant des gilets pare-balles, ont détruit une voiture et bloqué celles appartenant au service d'ordre du rassemblement qu'ils ont dit appartenir à Pravy Sector, mouvement nationaliste paramilitaire qui s'est illustré en première ligne de la contestation à Kiev.

Dimanche matin à Simféropol, à deux kilomètres du rassemblement pro-ukrainien, les partisans de Moscou ont fait étalage de leur puissance en montant une scène monumentale sur laquelle chanteurs, danseurs et musiciens en tenue militaire russe ont joué devant une dizaine de milliers de partisans d'un rattachement à la Russie, avant que ne prenne la parole le Premier ministre de la république autonome de Crimée (non reconnu par Kiev) Serguiï Axionov.

"Aujourd'hui, tous ensemble, nous pouvons devenir une place-forte russe en Crimée" a-t-il lancé à une foule ravie. "Nous pouvons être sûrs que le référendum que nous allons organiser va définir la place historique de la Crimée, et cette place est au sein de la Russie !"

Près de là une centaine de cosaques en treillis et toques d'astrakan, sans armes, montent la garde devant un bâtiment du gouvernement local de Crimée, sur lequel flotte les trois couleurs du drapeau russe.

Des dizaines de bannières, toutes identiques, sont brandies par la foule qui ponctue toutes les interventions des orateurs par "Russie ! Russie !".

Pour Olga, professeur d'anglais de 60 ans qui ne veut donner que son prénom, il est primordial de "ne jamais être gouvernée par ces fascistes et ces nazis de Kiev. Il paraît que leurs chars approchent des frontières de Crimée. Je suis inquiète", dit-elle.

mm/neo/ia

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