Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Liban: des milliers de manifestants contre les violences conjugales

Liban: des milliers de manifestants contre les violences conjugales

Près de 4.000 manifestants ont réclamé samedi à Beyrouth la ratification d'un projet de loi contre les violences conjugales, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes.

Ce projet de loi prévoit une peine de prison de 20 à 25 ans assortie de travaux forcés pour le meurtre d'une femme de la famille, ainsi que la possibilité pour une femme victime de violences d'engager des poursuite et la création d'une unité de police spécialisée.

Des femmes, mais aussi beaucoup d'hommes accompagnés de leurs enfants, ont défilé pour demander au Parlement de ratifier ce projet de loi, approuvé en commission en 2013 mais resté dans les tiroirs depuis.

"Le peuple veut la ratification de la loi", ont scandé les manifestants, brandissant des pancartes proclamant "Législateur, député, ton silence me tue tous les jours", "Brisez le silence" ou encore "Le temps du machisme est révolu... bye".

Le cortège était mené par les mères et les proches de victimes de violences conjugales, certaines les larmes aux yeux.

"Assez de sang, utilisez de l'encre et signez la loi aujourd'hui", "Brisons le silence" ou encore "Abolissons le patriarcat" faisaient partie des mots d'ordres.

Considéré comme le plus pays le plus libéral du monde arabe, le Liban n'est pas en avance dans la législation sur les droits des femmes: un homme qui viole une femme est exonéré s'il l'épouse, une Libanaise ne peut pas transmettre sa nationalité à ses enfants, un époux peut confisquer le passeport de sa femme et aucune loi ne protège une femme de l'éventuelle violence de son mari, de son père ou de son frère.

Depuis 2011 cependant, les meurtriers ne bénéficient plus de circonstances atténuantes pour les crimes dits d'honneur. Mais plusieurs cas ont récemment attiré l'attention sur la situation des femmes.

Les familles de Christelle Abu Shakra, décédée après avoir avalé un insecticide, de Manal Assi, dont le mari est accusé de l'avoir tuée à coups de cocotte-minute sur la tête, et de Roula Yaacoub, battue à mort selon ses proches, ont porté plainte contre les maris.

"Le fait que les parents des victimes commencent à parler, cela veut qu'il y a de plus en plus conscience qu'il ne faut pas se taire" a affirmé à l'AFP Zoya Rouhanam, directrice de l'ONG Kafa ("assez", en arabe).

"Les médias jouent un rôle de plus en plus important, et de manière générale, il y a une prise de conscience plus importante au Liban en ce qui concerne les droits de la femme et la lutte contre la violence conjugale" a-t-elle ajouté.

Dans le cortège, des slogans hostiles à certains juges et médecins-légistes accusés d'avoir été soudoyés et d'avoir falsifié des rapports, ont également fusé.

Les militants accusent aussi les hommes politiques de complicité avec les influentes autorités religieuses du pays, opposées à des clauses du projet de loi comme celle portant sur le viol conjugal.

Ainsi, le Dar el-Fatwa, la plus haute autorité religieuse sunnite du pays, a estimé qu'il s'agissait d'une "hérésie occidentale" et le Hezbollah chiite a reproché à la loi d'"interférer dans les relations entre le mari et sa femme".

ram-ser/cbo/fcc

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.