Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Accusations de corruption, racisme, dissimulation: la police britannique dans la tourmente

Accusations de corruption, racisme, dissimulation: la police britannique dans la tourmente

Accusée ces dernières années de racisme, de corruption, de dissimulation: la police britannique, qui se targue d'être l'une des meilleures au monde, se débat face à plusieurs scandales tenaces et dévastateurs pour sa réputation.

"C'est l'un des pires jours" de ma carrière, a reconnu vendredi le chef de Scotland Yard, Bernard Hogan-Howe, au lendemain de nouvelles révélations accablantes dans l'affaire du meurtre raciste de Stephen Lawrence en 1993.

Les défaillances de la police dans l'enquête sur ce crime -pour lequel deux hommes ont fini par être condamnés en 2012-, avaient déjà donné lieu à un rapport en 1999 qui avait sonné comme un coup de tonnerre en qualifiant Scotland Yard d'"institutionnellement raciste".

Le meurtre de ce jeune Noir tué par des Blancs à un arrêt de bus londonien avait profondément marqué le pays, et entraîné un examen de conscience sur les problèmes de racisme et de discrimination dans la société. La police avait notamment pris des mesures pour promouvoir des officiers noirs et asiatiques.

Mais quinze ans plus tard un nouveau rapport massue a révélé jeudi que la police avait espionné les parents de Stephen Lawrence alors qu'ils se battaient pour obtenir justice.

Une première sanction de taille est tombée vendredi quand Scotland Yard a annoncé la suspension temporaire du chef de la police antiterroriste, Richard Walton, critiqué pour avoir été en contact -dans le cadre de ses précédentes fonctions- avec un agent qui s'était infiltré dans l'entourage des parents Lawrence.

Pour le militant antiraciste Richard Stone, les problèmes dénoncés en 1999 restent d'actualité.

"Malheureusement le message que nous avons essayé de faire passer a échoué", dit-il à l'AFP. La police est toujours "institutionnellement raciste", dénonce-t-il. Il souligne que les contrôles d'identité continuent à viser de façon disproportionnée les Noirs et les Asiatiques par rapport aux Blancs, et fustige le "plafond de verre" existant dans la police à l'égard des officiers issus de minorités.

De leur côté, les autorités se disent déterminées à redorer l'image de la police: le chef de Scotland Yard veut restaurer la "confiance" du public. La ministre de l'Intérieur Theresa May, désireuse de "réparer les dégâts", a ordonné dès jeudi une enquête sous l'égide d'un juge afin de se pencher sur les opérations d'infiltration menées par la police.

Une ancienne unité secrète est particulièrement en ligne de mire: le Special Demonstration Squad (SDS) qui pendant quarante ans a espionné les groupes considérés comme subversifs, notamment d'extrême gauche.

Démantelée en 2008 elle avait fait couler de l'encre l'année dernière, en raison de ses méthodes, des membres étant accusés d'avoir emprunté l'identité d'enfants décédés ou encore d'avoir eu des relations sexuelles avec les militants qu'ils espionnaient.

Une autre enquête extrêmement dommageable va s'ouvrir prochainement, sur le drame du stade de Hillsborough à Sheffield en 1989, qui hante la police depuis. Quatre-vingt seize fans de Liverpool étaient morts écrasés par un mouvement de foule.

Les policiers sont accusés d'avoir provoqué cette catastrophe par leurs décisions, puis d'avoir tenté d'en faire porter la responsabilité aux supporteurs en donnant de fausses informations à la presse.

Confrontée à l'avalanche de critiques, la ministre de l'Intérieur a exprimé sa volonté de "changer la culture" de la police.

Et janvier déjà, l'institution mondiale qu'est Scotland Yard avait annoncé que les membres de son unité armée à Londres allaient porter, à titre d'expérimentation, des caméras pour enregistrer ses faits et gestes. Une façon de répondre aux tensions liées à la mort de Mark Duggan, un homme tué par des officiers à Londres en août 2011, qui avait déclenché plusieurs nuits d'émeutes dans le pays.

A la liste à charge, il faut ajouter l'affaire du "Plebgate", un autre coup dur d'un genre différent survenu en 2012, avec des policiers reconnus coupables de faux témoignage qui ont provoqué la démission d'un membre du gouvernement.

Enfin, Scotland Yard a aussi été éclaboussé par le retentissant scandale des écoutes téléphoniques impliquant l'ex-tabloïd News of the World. Son patron avait été contraint à la démission en 2011, soupçonné d'avoir bâclé l'enquête, tandis que des policiers sont accusés d'avoir vendu des informations à des journalistes.

alm/dh/abk

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.