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Venezuela : à coups de casseroles, l'opposition mobilise samedi contre les pénuries

Venezuela : à coups de casseroles, l'opposition mobilise samedi contre les pénuries

L'opposition vénézuélienne va de nouveau tenter de montrer ses muscles samedi, à l'appel de sa principale figure, le gouverneur Henrique Capriles, lors de manifestations contre les pénuries qui devraient mobiliser en masse pour un vaste concert de casseroles.

Le gouverneur de Miranda (nord), battu d'à peine 1,5 point par l'actuel président Nicolas Maduro à la présidentielle d'avril 2013, a appelé ces derniers jours sur son compte Twitter à "une grand mobilisation nationale contre les pénuries (...) qui affectent tous les Vénézuéliens".

Cet appel à manifester intervient dans un climat de tension constant depuis que des étudiants ont commencé à protester contre le gouvernement Maduro début février, sur le thème de l'insécurité, puis de l'inflation et des pénuries. Les mobilisations quotidiennes ont souvent dégénéré en violences dont le bilan s'établit à 20 morts, au moins 300 blessés et la dénonciation de nombreux abus policiers.

Les appels à manifester à Caracas et en province sont relayés par la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD) à l'occasion de la Journée de la femme, sous le mot d'ordre "La protestation des gamelles vides".

En face, le président Maduro - héritier politique et spirituel du charismatique Hugo Chavez, décédé il y a un an - a annoncé sur Twitter "une grande journée nationale avec les femmes", mais sans préciser si cette mobilisation serait concomitante avec celle de l'opposition, comme cela a été le cas jusqu'à présent.

Si une partie de la rue vénézuélienne reste mobilisée depuis plus d'un mois, le principal rassemblement de masse s'est déroulé à l'appel de M. Capriles, qui a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes à Caracas le 22 février.

Au Venezuela, pays disposant des plus importantes réserves de pétrole au monde où l'inflation dépasse les 56%, on fait le plein de sa voiture pour quelques centimes d'euros mais mettre la main sur du papier-toilette, de la farine, du lait ou des pièces détachées automobile est une gageure en raison de pénuries récurrentes de produits d'importation, particulièrement en province.

"Désormais, je me consacre à ça. Acheter. Je sors à 07H00 du matin et je parcours les magasins, je fais la queue deux ou trois heures et je rentre chez moi l'après-midi. Je fais les courses pour mes soeurs et j'en envoie à ma mère, à Tachira (nord), où il n'y a rien", raconte ainsi à l'AFP Rosa Maria, dans une file d'attente pour acheter du lait en poudre à Caracas.

L'Etat de Tachira, à la frontière avec la Colombie, est le berceau de la contestation, née le 4 février à la suite de la tentative de viol d'une étudiante sur le campus, dans un pays où l'on dénombre en moyenne 65 meurtres par jour (pour 29 millions d'habitants), selon l'ONG locale Observatoire de la violence.

Sans rejeter les mobilisations de rue, qu'il appelle à "canaliser", Henrique Capriles s'est démarqué de la stratégie de la tension prônée par certains opposants radicaux, estimant que "les conditions n'étaient pas réunies" pour faire tomber le gouvernement.

"Capriles était très réticent face à la mobilisation, parce qu'on sait comment cela commence mais pas comment cela se termine, mais c'est la seule voie qu'il ait, cela s'est propagé à tout le pays et il l'a compris", a commenté pour l'AFP Mercedes Pulido de Briceño, analyste politique à l'Université catholique.

Selon elle, l'appel samedi à des "cacerolazos" (tradition sud-américaine consistant à signifier son mécontentement en frappant sur des casseroles) pourrait constituer une opportunité pour que des secteurs populaires, qui jusqu'à présent "protestent silencieusement", se joignent au mouvement et sortent manifester dans les quartiers pauvres sans craintes de représailles des "collectifs" chavistes, ces groupes de civils pro-gouvernement accusés d'avoir attaqué des cortèges d'opposants à l'arme à feu.

"Les pénuries et l'inflation sont parmi les problèmes sociaux les plus critiques, avec de faibles chances de pouvoir y apporter une solution à court terme", a ajouté Mme Pulido de Briceño.

Or, les premières victimes en sont les populations les plus défavorisées, mais dans leur immense majorité favorable au gouvernement et sans leur appui, il sera impossible à l'opposition de faire trembler le pouvoir.

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