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Les femmes dans les musées : une présence égalitaire ou non?

Les femmes dans les musées : une présence égalitaire ou non?

En France, dans un rapport, le Sénat dénonce l'ampleur des inégalités subies par les femmes dans l'art et la culture. Qu'en est-il au Québec?

Si un comité de l'Union des artistes se penche régulièrement sur la situation des femmes artistes, surtout en cinéma, elles semblent avoir gagné leur place en art visuel.

Au Québec, plusieurs femmes sont à la tête d'institutions muséales. Nathalie Bondil a été la première femme à la direction du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Originaire de la France, elle peut constater la différence entre les deux pays. « Le Québec est beaucoup plus sensible à la situation des femmes. Ici, elles dirigent de nombreux musées. En France, on n'aime pas parler de ça, mais la ministre de la Culture française, Aurélie Filippetti, a souligné sa volonté d'imposer la parité. Elle a souhaité une femme à tête du Louvre. »

Si Thérèse St-Gelais, professeure au Département d'histoire de l'art à l'UQAM, concède que les femmes sont très présentes à la tête des musées québécois et que la situation s'améliore, elle souligne que l'exposition sur les artistes importants de l'histoire du Québec au Musée national des beaux-arts du Québec n'inclut aucune femme. « On a quatre hommes. On n'aurait pas pu inclure une femme? Marcelle Ferron avait autant sa place que Pellan », lance-t-elle.

La situation au Québec n'a pas toujours été aussi rose. En 2003, le Musée d'art de Joliette présentait l'exposition L'école des femmes, 50 artistes canadiennes au musée. À cette occasion, France Gascon, directrice du musée, expliquait que le domaine des arts visuels est demeuré plus longtemps un bastion masculin que d'autres formes d'art. L'histoire des femmes en arts visuels est relativement récente, soulignait France Gascon dans un reportage de ICI Radio-Canada.

Un cours sur l'apport des femmes à l'UQAM

Pour contrer cette inégalité, plusieurs moyens ont été mis en place au Québec. Thérèse St-Gelais est l'une des créatrices du cours L'apport des femmes aux arts visuels et à l'histoire de l'art à l'UQAM. « On l'a créé, car l'apport des femmes était oublié dans les autres cours. Je rappelle souvent à mes collègues d'inclure les femmes artistes dans leur cours. Il en existe, l'histoire les oublie trop souvent. »

En 1973, il y a aussi eu la création du centre autogéré La Centrale pour les femmes artistes qui n'étaient pas exposées dans les galeries traditionnelles. Cette galerie aura officiellement 40 ans le 24 mai 2014.

La présence historique des femmes artistes

Directrice et conservatrice en chef du MBAM, Nathalie Bondil reconnaît qu'en France les femmes artistes sont plus effacées, mais qu'il y a une raison historique. « Quand on lit Renoir, on sent des réflexions hyper phallocrates. Les femmes n'avaient pas accès aux écoles des beaux-arts, elles étaient considérées comme des mineures. Mais on ne peut pas changer et refaire l'histoire. On ne peut pas inventer des femmes artistes. »

Thérèse St-Gelais n'est pas d'accord. « C'est nous qui écrivons l'histoire et souvent on considère les hommes plus importants. Il y a de grandes femmes artistes, je le sais, j'enseigne l'art depuis la Renaissance et je les inclus dans mon cours. » Nathalie Bondil précise sa pensée : « Il y a des femmes artistes importantes depuis la Renaissance mais très peu nombreuses pour des raisons sociales évidentes ».

L'avenir est aux femmes?

Du côté des centres autogérés comme la Fonderie Darling, on note de nombreuses jeunes femmes artistes au Québec. Beaucoup moins en France.

D'ailleurs, ce centre a une politique de parité hommes-femmes pour les artistes en résidence et exposés. C'est la directrice Caroline Andrieux qui l'a instaurée il y a quelques années. « Elle s'est fait beaucoup critiquer par les Français avec cette approche », reconnaît Esther Bourdages, coordonnatrice des studios et résidences.

Cependant, cette dernière avoue qu'il est beaucoup plus difficile d'avoir des femmes artistes françaises que des québécoises. « On a un programme croisé d'échange d'artistes en résidence avec la France, et la parité est beaucoup plus difficile à atteindre avec la France, qui propose beaucoup plus d'artistes masculins. Les murs sont différentes, leur Mai 68 et notre Révolution tranquille n'ont pas eu les mêmes échos », ajoute Esther Bourdages.

Un texte de Cécile Gladel

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