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Rattachement de la Crimée à la Russie: pourquoi Moscou avance ses pions ?

Rattachement de la Crimée à la Russie: pourquoi Moscou avance ses pions ?

Moscou a avancé ses pions dans la crise ukrainienne, avec l'annonce surprise jeudi du Parlement pro-russe local de Crimée demandant à Moscou le rattachement de la péninsule à la Russie.

Un référendum portant sur un élargissement de l'autonomie de la Crimée était prévu le 25 mai puis a été avancé au 30 mars. Jeudi, le référendum a été fixé au 16 mars, cette fois pour approuver le rattachement à la Russie.

Cette annonce, jugée "illégale" par les autorités de Kiev, relance la tension alors que les Européens réunis à Bruxelles cherchaient une sortie de crise en Ukraine.

"Poutine veut mettre l'Occident devant le fait accompli et faire comprendre que la Crimée est le minimum du minimum", estime Alexeï Makarkine, du centre des technologies politiques à Moscou.

"Cela fait partie du plan de Poutine. Il a voulu prendre tout le monde au dépourvu. Le Parlement russe n'est pas obligé de se prononcer tout de suite sur le rattachement de la Crimée. Poutine veut avoir cette possibilité et être ainsi le seul à avoir les cartes en main, face aux Occidentaux et à Kiev" selon Nikolaï Petrov, de la Haute Ecole d'Economie à Moscou.

"Poutine a décidé de montrer qu'il n'avait peur ni de l'Occident, ni des sanctions. Il a voulu montrer sa détermination", poursuit le politologue Pavel Felgenhauer.

"Il est possible de boucler la Crimée et de la défendre, les Ukrainiens ne vont pas attaquer. Mais aller plus loin (dans l'est de l'Ukraine) sans avoir réglé la question de la Crimée serait difficile", estime M. Felgenhauer.

Moins pessimiste, Alexeï Makarkine, estime que le Kremlin veut faire passer le message suivant aux Occidentaux: "Rendez-nous la Crimée, et on ne touchera pas au reste. L'est de la l'Ukraine, c'est trop compliqué".

Un nouveau coup pour l'économie: peu après l'annonce de la demande de rattachement de la Crimée, le rouble a chuté et la nouvelle n'est pas faite pour calmer l'inquiétude des marchés.

Une menace d'une toute autre nature pourrait aussi apparaître: "Une guerre de partisans peut éclater en Crimée: les Tatars, qui ne reconnaissent pas les nouvelles autorités leur tireront dans le dos", estime Pavel Felgenhauer.

Les Tatars de Crimée, déportés sous Staline et revenus sur leurs terres seulement après la chute de l'URSS, qui représentent 12% des deux millions d'habitants de la Crimée ont affiché leur loyauté à Kiev depuis le début de la crise et leur hostilité à tout rapprochement avec Moscou.

"La Russie a été trop loin. L'émotion est à son paroxysme, on parle d'atrocités commises en Ukraine, les gens rassemblent des affaires pour des réfugiés qui fuient la terreur... Si on annonçait maintenant que la Crimée ne peut pas être incorporée à la Russie, les gens ne comprendraient pas", relève Alexeï Makarkine.

"La propagande a pris de telles dimensions dans le pays que Poutine ne peut pas faire marche arrière", renchérit Pavel Felgenhauer

nm/bfi/bir

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