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Manifestations au Venezuela : l'Amérique latine derrière Maduro, le Brésil silencieux

Manifestations au Venezuela : l'Amérique latine derrière Maduro, le Brésil silencieux

Face aux manifestations qui secouent le Venezuela depuis plus d'un mois, la plupart des pays d'Amérique soutiennent le gouvernement de Nicolas Maduro, mises à part quelques voix discordantes et le silence remarqué du Brésil.

Globalement, "la région a trouvé refuge dans +l'habit démocratique+ du président Maduro, qui a été élu démocratiquement. C'est la position de la Communauté des Etats latino-américains (Celac), de l'Organisation des Etats américains (OEA), de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) et du Mercosur", rappelle Alberto Pfeifer, spécialiste du continent de l'Université de Sao Paulo.

Toutefois, relève-t-il, "on a pu constater que le Mercosur (Venezuela, Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) a été beaucoup plus loin dans son appui à Maduro que l'Unasur (pays sud-américains), dont certains membres ont davantage contesté la réponse du gouvernement aux manifestations".

Les plus prompts à manifester leur soutien à Caracas ont été l'Equateur, la Bolivie, Cuba, le Nicaragua et l'Argentine, pays gouvernés par la gauche dont les chefs d'Etat étaient très proches de Hugo Chavez (1999-2013).

Le bolivien Evo Morales et le Cubain Raul Castro ont même fait le déplacement mercredi au Venezuela pour les cérémonies d'hommage commémorant son décès il y a un an.

Alors que ces manifestations émaillées de violences ont donné lieu à plusieurs arrestations de journalistes, à une interdiction de diffuser des images des troubles et à un bilan de 18 morts et plus de 260 blessés, les Etats-Unis et l'Union européenne ont fait part de leur préoccupation.

En février, Barack Obama a qualifié les violences au Venezuela d'"inadmissibles".

En Amérique latine en revanche, "très peu de voix se sont élevées - timidement - pour la défense des droits de l'homme et la liberté d'opinion. Parmi celles-ci figurent les conservateurs Juan Manuel Santos (Colombie), Sebastian Piñera (Chili) et Ricardo Martinelli (Panama)", souligne Carlos Malamud, chercheur pour l'institut espagnol Elcano.

A noter également, la réaction de l'Uruguay, qui, bien que solidaire de Caracas, a défendu "avec ferveur" le droit à la liberté d'expression.

En réaction à une proposition panaméenne d'une réunion de l'OEA pour débattre de la question des manifestations, M. Maduro a décidé mercredi de rompre les "relations politiques et diplomatiques" et gelé les relations commerciales avec ce petit pays d'Amérique centrale.

Visiblement courroucé, il a affirmé que si une délégation de l'organe régional - qui compte "l'ennemi" américain dans ses rangs - tente d'envoyer une mission sur place, cette mission "devra entrer clandestinement au Venezuela parce qu'aucune délégation de l'OEA ne peut pénétrer" dans le pays.

"Personne ne doit conspirer impunément pour demander une intervention contre notre patrie, c'en est assez ! J'appelle le peuple à s'unir!", a ajouté le président dans un discours incendiaire.

Jeudi, le gouvernement vénézuélien a ordonné à quatre diplomates panaméens, dont l'ambassadeur, en poste à Caracas de quitter le pays dans les quarante-huit heures. Selon la vice-ministre panaméenne des Affaires étrangères Mayra Arosemena, ils devraient rentrer vendredi.

Le président chilien Sebastian Piñera, qui doit prochainement céder la place à la présidente élue Michelle Bachelet, a de son côté exigé le respect des droits de l'homme dans ce pays.

Son homologue colombien Juan Manuel Santos a lui exhorté au calme et au dialogue dans une déclaration qualifiée d'ingérence par Caracas, qui accuse par ailleurs l'ex-président colombien Alvaro Uribe d'encourager les violences.

Le Brésil, géant du continent qui entretient d'étroites relations économiques avec le Venezuela, s'est pour l'instant limité à s'en remettre aux positions du Mercosur.

Le pays demeure fidèle à sa tradition de neutralité et "se retiendra de commenter la situation à moins d'une escalade de la violence", assure M. Pfeifer.

Le gouvernement mexicain s'est pour sa part contenté de condamner les violences, sans se risquer à en désigner les responsables.

La semaine dernière, Caracas a dépêché son ministre des Affaires étrangères Elias Jaua dans plusieurs pays sud-américains pour s'assurer de leur appui et avec pour objectif de convoquer une réunion extraordinaire de l'Unasur afin de débattre de la question sans devoir s'expliquer avec les Etats-Unis ou le Canada, membres de l'OEA.

De son côté, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a indiqué qu'il étudiait "avec la Colombie et d'autres pays" l'éventualité de lancer une médiation au Venezuela.

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